La ballade de l'impossible ou le roman qui me réconcilie enfin avec Murakami,  à croire que mon obstination à le lire en le laminant souvent, ne tenait qu'à la rencontre de cette lecture là. Dans le top de mes lectures chouettes, et si quelqu'un devait le lire bah je lui recommanderais de commencer par là et paradoxalement c'est difficile de dire en quoi ça fonctionne, il n'y a pas d'attente ni de de réflexion particulière à la lecture, pas de suite disons, ça s'insinue doucement, mais si c'est que j'attends souvent avec une certaine immédiateté peut-être, bah ici justement ce n'est pas gênant et même  chouette, une sorte de lenteur pesanteur,  on est transporté dans quelque chose de plus global, de subtile, il y a vraiment là quelque chose de particulier qui attrape, l'atmosphère, une certaine peinture, un certain regard qui filtre doucement. Et puis joie des joies je viens de voir qu'il a été porté à l'écran par un de mes réalisateurs chouchou depuis l'odeur de la papaye verte et je vais très certainement prolonger le plaisir en le regardant !

Les Hauts-Quartiers de Gadenne, suite aux mille recommandations de mon amoureux. C'est difficile à expliquer pour l'instant ; on sent que Gadenne n'est pas un grand romancier, au sens où tout ne se tient pas avec harmonie ; trop de morceaux de bravoure pour savourer une unité. Mais les personnages sont incroyablement denses, variés et beaux, sauf lorsqu'ils servent de prétexte (les vieilles filles ! qui ne sont rien de plus que des vieilles filles pour littérature du 19e), et notamment pour l'instant Mme Chotard-Lagréou, une femme d'emprise et pleine de frustrations, folle et complexe (et touchante, qui l'eût cru). Le rapport à l'espace me plaît également infiniment (la façon dont Didier, le héros, occupe sa petite chambre en regardant la journée qui passe par la fenêtre ; la façon dont ensuite il se sent en espace menacé chez Mme Chotard).
Du coup paradoxalement, et alors que je trouve le personnage principal inconsistant (j'ai du mal à me retrouver dans ses problèmes), je recommande vraiment ce livre. Il est tout génial et tarabiscoté.

DC a écrit:

Alors, j'ai lu Bill Bryson - Des cornflakes dans le porridge, c'est sympa mais pas aussi marrant que ses livres sur les USA...
Je me suis fait aussi Haut Domaine de Dan O'Brien, un recueil de nouvelles assez puissantes...

Sinon là j'alterne entre Ted Conover - Au fil du rail (de la non-fiction très littéraire américaine avec un jeune qui infiltre le monde des hobos...) et Meredith Russo - If I was your girl. Je l'ai qu'en Anglais, c'est un roman ciblé teens et young adults, l'histoire d'une lycéenne transgenre, c'est plutôt bien, pas débilitant, pas mièvre.

Du coup je me rends compte que comme j'arrive a peu pres a lire en Anglais, je me suis telecharge pour la tablette un des premiers bouquins de Gay Talese, (un des pères du nouveau journalisme), qui s'appelle "The kingdom and the power: Behind the scenes at The New York Times, The institution that influences the world."
Et je pense que je vais le lire en alternance avec Pete Fromm - Le nom des étoiles et John Kennedy Toole - La conjuration des imbéciles...

Au fil du rail c'etait bien comme If I Was Your Girl...
Sinon j'ai pas lu Toole, j'ai eu pour noel Impossible ici de Sinclair Lewis, qui est tres bien, je l'ai lu d'une traite en vrai...
Sinon je lis toujours le Talese en VO et le Fromm mais je reflechis auquel des autres bouquins je vais me mettre...

Après une pause très longue je reprends la Passe Miroir, T2. Le passage des Sables d'Opale m'avait un peu gavé il faut croire... Mais la je suis de nouveau dedans et ca me botte.

Une nuit à Reykjavik, je sais pas à quoi je m'attendais en fait...en fait si, à ce que la pose de départ mène à élargir le regard, que les personnages chuchotent se confrontent, une dimension supérieure dans la confidence, et des personnages un peu sublimes, mais pour l'instant c'est surtout cul-cul, cliché, caricaturale maniéré (et j'en avais un autre mais je l'ai paumé) en forme de téléfilm avec la buisness woman très planté autour de son nombril, caricature grossière d'un certain libéralisme mais plutôt que d'être séduite et embarquée, j'ai tantôt envie de lui crever les yeux tantôt envie de lui coller un bâillon, je continue de lire un peu pour les couleurs des toitures, la lumière islandaise, seuls passages bien rendus, et je crois que c'est pour cela que j'ai du le choisir au départ : le lieu ! Mais c'est très fugace face au sommet de maniérisme de la voix, sa façon d'induire grossièrement les traits. Snif, snif. Le pire je me découvre de nouveaux scrupules qui m'étaient étrangers à ne plus arriver à balancer très haut un bouquin bousesque. On va dire que je lui laisse la chance de 50 autres pages.

Pour la suite je vais jouer à plouf plouf entre Tendre est la nuit, Shutter Island, Into the wild, Charlotte et Nord-Michigan, suspens....

@USE : Bah je suis passé chez Gibert et j'ai pris le Murakami, je sens que j'ai besoin d'une petite pause après être arrivé au tiers d'Ulysse.

Ouh ! J'espère qu'il va te plaire comme il m'a plu et si c'est le cas, tu vas vite le lire. Curieuse de voir ce que tu vas en penser du coup.

Sur les conseils de Machin j'avais lu Tendre est la nuit et j'ai beaucoup aimé. Et en ouvrant Murakami j'apprends qu'il était son traducteur au Japon (et d'autres auteurs américains aussi).

Ah oui, moi aussi Machin m'a fait le corbeau "tendre est la nuit, tendre la nuit" ou la mouette même ça se rapproche plus, on va voir ça, j'espère que je vais aimer aussi. Je n'ai pas fait gaffe à cette note, mais ça m'étonne pas trop dans le sens où il me semble qu'il fait référence à Fitzgerald dans plusieurs ouvrages.

Liberté sur parole d'Octavio Paz que j'ai presque terminé et que je retiens un peu parce qu'il est merveilleux. Je n'ai que très rarement eu le sentiment de lire des mots aussi justes que ceux de Paz (il y a L'Eté de Camus surement). C'est puissant, lyrique et tranchant comme une lame aiguisée. Il y a une rengaine, une insistance dans sa poésie (la nuit, les mots, la voix, les aigles) qui est merveilleuse à lire, parce qu'on y plonge entier et qu'on a jamais le sentiment d'une redite, plutôt l'impression de voir quelqu'un tourner autour d'un objet très sombre, très noir, d'en faire le tour pour le délimiter.

J'ai lu Water Knife de Paolo Bacigalupi qui est un auteur américain avec un nom super compliqué à prononcer, parce qu'on ne sait pas trop finalement si c'est Batchigaloupi, Bassigaloupi, Bassidjalupi... Je le prononce Batchigaloupi parce que ça fait ぱおろばちがるぴ et c'est joli à l'oreille.

En gros le futur est sec, les climato-sceptiques ont ouvert les yeux un peu trop tard et nous voilà dans une Amérique pré-apocalyptique où l'eau devient une ressource plus précieuse que l'or dans les coins désertiques, c'est à dire le Nevada et l'Arizona. La situation géopolitique de la région est super compliquée : Phoenix et Las Vegas consomment un max mais n'ont pas d'eau à proximité alors elles se disputent le fleuve Colorado à coups de guerres juridiques. On comprend au début que Vegas a gagné la bataille grâce à Catherine Case, une avocate sans aucune pitié, et que l'un des pipelines de Phoenix a mal géré et a été attaquée par on ne sait pas trop qui il y a quelques années ce qui l'a transformée en ersatz de Ciudad Juarez rongé par la misère et la criminalité. Il y a une crise de migrants qui frappe, et les Texans sont parqués dans des bidonvilles et stigmatisés par le reste de la population. La Californie, de loin, étend son influence comme une araignée et fait un bras de fer avec Las Vegas pour savoir qui prendra l'eau de l'autre en premier. Les États ont fermé leurs frontières et des milices parcourent le désert pour pendre les clandestins.
Le personnage principal est un water knife, un mercenaire qui travaille pour Las Vegas et qui se bat autant sur le plan juridique que militaire : il distribue des injonctions, fait respecter les verdicts des juges quand ils sont en sa faveur, fait péter les réservoirs des villes qui n'ont pas droit à l'eau, et parfois commet quelques assassinats clandestins.
Ce qui est intéressants c'est que dans ce bouquin les droits de propriété et les autorisations de puiser l'eau dans les fleuves ne sont pas influencés par le nombre d'habitants ou ce genre de facteurs, c'est celui qui a les droits les plus anciens qui chope le tout. Si vous avez des papiers plus anciens que les autres, vous pouvez prendre leur eau en toute légalité. Et comme il fallait un MacGuffin à la Hitchcock, la rumeur court qu'à Phoenix un avocat cherche à vendre des droits plus anciens que tous les autres.

C'est pas mal du tout. Dans le genre anticipation j'ai trouvé l'univers assez crédible avec quelques idées intéressantes, comme le fait que les américains du futur parlent anglais, espagnol et chinois, ou le fait que le Mexique s'est transformé en États cartels.
Après ça reste un thriller un peu trop classique avec beaucoup de facilités d'écriture et de twists qu'on voit arriver à 10 000 km. Et aussi les passages genre "il avait vu dans ses yeux qu'elle était une femme qui connaissait la mort". Voilà le genre de phrases qui me fait lever les yeux au ciel. Ou le fait que le water knife s'appelle Angel Velasquez. ANGEL PUTAIN DE VELASQUEZ QUOI. kikoo d4rk
Ah, et la fin, très molle, alors que paradoxalement elle a le potentiel pour secouer le lecteur pour de bon. Dommage...

Tendre est la nuit j'approche lentement ( vu le temps qu'il m'a fallu pour en arriver là) de la 90 ème page et je n'accroche toujours pas, à presque rien, les personnages m'insupportent, je trouve els détails trainants et bavards, et l'écriture bavarde aussi, avec tout pleins de détails nourris, certes, mais pour lesquels je n'éprouve aucun intérêt. C'est pas du tout, du tout, ce que je me figurais. Je sais pas si je vais arriver à poursuivre...

J'ai commencé Into the Wild, que je voulais lire depuis super longtemps, du coup. Bon c'est pas du tout ce que je me figurais, c'est à dire que je croyais moi que c'était le récit live, le journal retrouvé et retranscrit et pas quelqu'un qui raconte l'histoire et je ne sais pas pourquoi mais ça m'a fait bizarre du coup et déçue un brin peut-être. Après si j'ai toujours du mal avec les gens qui racontent l'histoire de quelqu'un d'autre (je ne sais pas pourquoi c'est comme ça une gêne, sans doute parce que je n'aimerais surtout pas qu'on parle à ma place) c'est jusque-là assez bien fait (les choix dans la façon de narrer avec de la mesure je trouve) et assez sensible dans le ton pour qu'on y voit autre chose que de "l'opportunisme". C'est à la fois triste quelque part, et cela crée la curiosité (j'entends pas une curiosité mordbide, mais sur le jusqu'au boutisme d'une ligne de conduite et de la conviction), je pense que je vais vite le finir.
edit: aussi et du coup c'est presque plus une sorte de reportage qu'un roman comme je me le figurais, mais j'attends de voir et peut-être de changer d'avis si j'en crois les notes d'introduction.

Larry Brown - Fay
Puissant pour le moment, meme si les 10-15 premieres pages un peu chiantes

fini par-delà bien et mal. Comme Guais savoir, j'ai trouvé la deuxième partie du bouquin moins intéressante. Quelques fragments un peu ennuyeux, un peu bavard. Mais cela reste dans l'ensemble des lectures intéressantes. Surtout pour les quelques excellentes intuitions

Ce week-end Shutter Island, complètement ce que j'en attendais même si je ne m'attendais pas à la finalité de la chose, mais ce que j'avais envie de/voulais lire, un bon vieux thriller avec la précipitation des pages, et j'ai également beaucoup aimé l'atmosphère, le choix du lieu, la façon de faire vibrer les éléments du décor qui ajoute à l'atmosphère. Un bon moment de détente, je vais sûrement relire l'auteur quand j'aurai envie de lire dans ce registre et/ou pour voir ce qu'il a d'autre dans sa besace.