|
| | | | Invité / Invité Mer 10 Oct 2018 - 18:20 | |
| LOUPS
"La queue entre les jambes comme des chiens Tourné vers le ciel votre museau étonné Est-ce le châtiment qui tombe des cieux ou bien la fin du monde ?
Tout se tord dans vos têtes Mais on vous a tirés debout depuis les libellules d'acier...
... Sourions à l'ennemi de notre sourire de loups pour couper court aux rumeurs
Mais sur la neige tatouée de sang notre signature — nous ne sommes plus des loups"
VLADIMIR VISSOTSKI |
| | Nombre de messages : 10023 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Jeu 11 Oct 2018 - 11:39 | |
| très beau cracotte. Je continue sur ma lancée Spicer. J'ai la tentation de tout poster d'un coup mais ça risque de passer inaperçu donc je préfère poster par petites touches. Le traducteur est Éric Suchère. - Jack Spicer a écrit:
- Ballade de la petite fille qui inventa l'univers
Une traduction pour George Stanley
Fleur de jasmin et taureau à la gorge coupée. Trottoir infini. Carte. Pièce. Harpe. Soleil levant. Une petite fille simule un taureau fait de jasmin Et le taureau est un crépuscule sanglant qui mugit.
Si le ciel pouvait être un petit garçon Les jasmins pourraient prendre la moitié de la nuit pour eux Et le taureau une tauromachie terne de son cru Avec son cœur au pied d'une petite colonne.
Mais le ciel est un éléphant Et les jasmins sont de l'eau exempte de sang Et la petite fille est un bouquet de fleurs de nuit Perdu sur un grand trottoir sombre.
Entre le jasmin et le taureau Ou les crochets des gens de marbres endormis ou Dans le jasmin, des nuages et un éléphant – Le squelette d'une petite fille se retournant. - Jack Spicer a écrit:
- Le petit faible d'esprit
Une traduction pour Robin Blaser
Je dis, "Après-midi" Mais il n'était pas là. L'après-midi était une autre chose Qui était parti quelque part.
(Et la lumière haussa les épaules Comme une petite fille.)
"Après-midi" Mais c'est inutile, C'est faux, il y a en ça Une demi-lune de plomb. L'autre N'arrivera jamais ici.
(Et la lumière que tout le monde voit Jouait à être une statue.)
L'autre était minuscule Et mangeait des grenades.
Celle-ci est grande et verte et je ne suis pas capable De la saisir dans mes bras ou de l'habiller. Ne va-t-elle jamais venir ? Qu'était-elle ?
(Et la lumière comme elle avançait, comme une blague Sépara le petit faible d'esprit de sa propre ombre.) - Jack Spicer a écrit:
- Forêt
Une traduction pour Joe Dunn
Tu veux que je te raconte Le secret du printemps –
Et je me rattache à ce secret Comme un sapin aux hautes branches
Dont les mille petits doigts Désignent mille petites routes.
Je te dirai jamais, mon amour, Parce que la rivière coule doucement
Mais je mettrais dans ma voix branchue Le ciel cendré de ta fixité.
Tourne-moi autour, enfant brun Fais attention à mes aiguilles.
Tourne-moi autour et autour, jouant À la pompe du puits de l'amour.
Le secret du printemps. Combien J'aimerais te le raconter ! |
| | | Invité / Invité Jeu 11 Oct 2018 - 15:06 | |
| - Patrik Ourdenik a écrit:
- les amants
la nuit s'effrite sur tes lèvres comme le souvenir déjà flou d'un cul le souffle se dessèche, le mégot se désagrège et le mot ne veut pas sortir :
la chasse d'eau ne fonctionne pas. lol soyons sérieux - Citation :
- pendant les vacances
C'est en rentrant à la maison que je remarquai ce buisson. Le matin même, il était encore blotti près du chemin, mais à présent, il s'élevait irrésistiblement, vaporeusement vers le ciel, s'effilochait dans les branches et ricanait bêtement. Grand-maman, grand-maman, m'écriai-je, ce buisson qui ce matin était blotti près du chemin est à présent comme la fumée d'une bougie, il s'élève vers le ciel, il s'effiloche et ricane. Petit galopin, dit grand-mère, et elle me fit un bisou. Puis le jour déclina et la nuit souffla la forêt, le chemin, le village, la maison et tout ce qui s'y trouvait. Et quand je me réveillai le lendemain, le toit avait disparu, le lit était en ruine, ma grand-mère en charpie et mon enfance achevée. |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Jeu 11 Oct 2018 - 15:54 | |
| oh le poème de Patrik Ourdenik traite de choses qui me sont chères et comme je suis un peu Narcisse et que j'ai un visage pour être aimé je me retrouve beaucoup dans sa nuit, dans son cul et dans sa chasse d'eau. ça manque un peu de divinité ou d'épiphanie cela dit. |
| | | Invité / Invité Jeu 11 Oct 2018 - 21:00 | |
| Pasi, c'est vrai qu'on pourrait presque voir ces poèmes sur ton topic ! |
| | Nombre de messages : 10023 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 12 Oct 2018 - 16:36 | |
| Moïra - Jack Spicer a écrit:
- Ballade des sept passages
Une traduction pour Ebbe Borregaard
Rimbaud s’épelle avec sept lettres de l’alphabet Ton cœur ne se brisera jamais à ce que tu entends Rimbaud était plus vieux que toi quand il était mort Ton cœur ne se brisera jamais à ce que tu entends. Je te dis, chéri, la beauté ne fut jamais aussi vieille qu’il l’était Et ton cœur ne se brisera jamais à ce que tu entends. Ferme ta gueule. Rimbaud s’épelle avec sept passages A E I O U Y Et cette voyelle de marbre appelée mort. Oh Foutu Rimbaud, La beauté s’épelle avec toutes les voyelles des sept passages. Ferme ta foutue gueule. Quand Rimbaud mourut il devint plus vieux que ton alphabet Et ton cœur ne se brisera jamais à ce que tu entends. |
| | Nombre de messages : 5394 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Sam 13 Oct 2018 - 22:19 | |
| LES AVANTAGES DE L'HABITUDE Tu m'as rêvetue - je t'ai revêtu, choix, vieille chemise. À l'endroit d'abord. Puis tu m'as retournée, vu l'usure des cols et des poignets, des boutonnières à la bouche tordue - comme les silences béants - ce qui arrive quand on boutonne et déboutonne la précaution, la circonspection la préservation qu'on boutonne et déboutonne les températures instables des jours sous le dur climat de la temporalité. Même les poches sont déchirées, c'est là que glissaient leurs lames de rasoir les pensées des mains. Puis tu m'as retournée encore - et je t'ai remis à l'endroit comme si l'usure d'avant s'était depuis reposée, guérie, puisque d'ailleurs l'ancien n'a plus d'endroit ni d'envers. (...)* Kiki Dimoula * j'ai fait l'économie de la dernière strophe mais le poème est disponible dans le livre Mon Dernier Corps |
| | | Invité / Invité Mer 24 Oct 2018 - 11:43 | |
|
Nous ne pouvons savoir ! - Nous sommes accablés D'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères ! Singes d'hommes tombés de la vulve des mères, Notre pâle raison nous cache l'infini ! Nous voulons regarder : - le Doute nous punit ! Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile ... Et l'horizon s'enfuit d'une fuite éternelle ! ...
Credo in unam ..., 29 avril 1870
On ne part pas. — Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison — qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne. La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons. Allons ! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère. À qui me louer ? Quelle bête faut-il adorer ? Quelle sainte image attaque-t-on ? Quels cœurs briserai-je ? Quel mensonge dois-je tenir ? — Dans quel sens marcher ? Plutôt, se garder de la justice. — La vie dure, l'abrutissement simple, — soulever, le poing desséché, le couvercle du cercueil, s'asseoir, s'étouffer. Ainsi point de vieillesse, ni de dangers : la terreur n'est pas française. — Ah ! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection. Ô mon abnégation, ô ma charité merveilleuse ! ici-bas, pourtant ! De profundis Domine, suis-je bête !
Mauvais sang, Une saison en enfer, avril-août 1873.
Rimbaud
|
| | | Invité / Invité Jeu 25 Oct 2018 - 13:07 | |
| un message reçu de mon amie Phéno qui mérite bien de se trouver ici sans changer une seule faute à ma question de savoir si elle est toujours là où je l'ai vue la dernière fois elle me répond : - Code:
-
pas la maintenant mais sinon j'ai prévu de passer l'hiver a où nous nous sommes quittés , ton voyage à l'air attrayant plein de promesse d'imprévu d'aventure , peut être rencontreras-tu des merveilles des mirages , ou le carnage d'une tornade mais le vent qui souffle te ressemble étrangement soufle soufle soufle et même loin je t'entendrais .... |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Jeu 25 Oct 2018 - 14:48 | |
| cracotte, expliquez-moi en quoi ce salmigondis ressortit de la poésie? Merci.
Reine nue. |
| | | Invité / Invité Jeu 25 Oct 2018 - 19:53 | |
| carnage d'une tornade c'est joli salmigondis aussi |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Jeu 25 Oct 2018 - 20:08 | |
| | Nombre de messages : 564 Âge : 46 Date d'inscription : 27/05/2017 | Hel / Gloire de son pair Jeu 8 Nov 2018 - 18:55 | |
| Extrait de bec de lièvre d'Annie Lafleur
"On a quitté la région soulevé la soute repéré des layons séparé les plus vieux des plus fins loin on a pris à droite et plus rien ouvert la forêt ajouté des essences accéléré en sens contraire regardé par tous les vitraux l’éther crasse on a freiné attendu puis trouvé le sentier les montagnes s’avançaient sur nous jusqu’aux neiges la route culminait on a blanchi on a campé marché dans les sentes coupé du bois en petites roches on a détruit nos photos nos cahiers nos visages on a tout jeté au feu déchiré nos ceintures mangé les baies escaladé une butte perdu un rein claqué des cuillères sur nos jeans miré Vénus assise dans le noir bouilli l’eau tamisé l’or ricoché caillou tout léché deux par deux eu soif joui fort pas vu l’ours pas vu l’elfe évité les entailles en déboulant sans vie de terreur on a vomi dans nos mains en coupe trottiné sur le pont suspendu chié ri hurlé crié sali les voûtes les fleuves replacé un torrent dans son lit balancé la monnaie dans l’étang récupéré sa magie peint un miroir lavé les ruches enfoui une étoile dans un cœur rocheux esquivé les vœux les séquelles les orties remâché de vieilles gommes fait dévier la sueur la fraîche émis le soupir du cow-boy troué la girouette volé la tarte fauché la dernière feuille de l’orme on a gravé nos noms le jour l’année zippé nos manteaux on a sauté"
"Ne jamais être morte ni tout à fait claire des abeilles de nuit sur les cabanes à chien à guetter les fruits déchirés n’en jamais finir avec soi les ailes reculées au sternum ton image s’agrandit une roche à la seconde tu naîtras ici criblée de finales paumes sorties des mains"
"Ton prénom est une bouche sans yeux ils bavent tu as ce qui empire petits clous de finition barrage retenu par l’épaule les anneaux s’affinent au fond du lac il manque ton corps"
(j'ai un pdf sublime aussi d'une nouvème écrite autour de correspondances à sa grand-mère, plein de fureur et de tendresse à la fois, et d’exagération de génie dans la langue, un galop quoi) |
| | Nombre de messages : 10023 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Dim 25 Nov 2018 - 22:29 | |
| Cher Lorca, Ces lettres seront aussi éphémères que notre poésie sera permanente. Elles établiront la masse, le gaspillage que mes contemporains avec leurs aigreurs d’estomacs exigent afin de les aider à avaler et à digérer la parole pure. Nous épuiserons ici notre rhétorique afin qu’elle n’apparaisse pas dans nos poèmes. Laissez-la se consumer paragraphe après paragraphe, jour après jour, jusqu’à ce que rien n’y subsiste dans notre poésie et que rien de notre poésie ne subsiste en elle. C’est précisément parce que ces lettres sont inutiles qu’elles doivent être écrites. Dans ma dernière lettre je parlais de la tradition. Les imbéciles qui lisent ces lettres penseront que par cela nous entendons ce que la tradition semble avoir signifié ces derniers temps – un patchwork historique (qu’il soit fait de citations élisabéthaines, de guides de la ville natale du poète ou d’allusions obscures à d’obscures bribes de magie publiées par le Panthéon) qui est utilisé pour recouvrir la nudité de simples mots. La tradition signifie bien plus que cela. Elle signifie des générations de poètes différents dans des pays différents racontant patiemment la même histoire, écrivant le même poème, gagnant et perdant quelque chose dans chaque transformation – mais, bien sûr, ne perdant jamais rien réellement. Cela n’a rien à voir avec le calme, le classicisme, le caractère ou n’importe quoi d’autre. L’invention est simplement ennemie de la poésie. Regardez combien la prose est faible. J’invente un mot comme invention. Ces paragraphes pourraient être traduits, transformés par une chaîne de cinquante poètes dans cinquante langues et ils seraient toujours éphémères, infidèles, incapables de produire la substance d’une seule image. La prose invente – la poésie révèle. Un homme fou se parle à lui-même dans une pièce attenante à la mienne. Il parle en prose. Bientôt, j’irai dans un bar et, là, un ou deux poètes me parleront et je leur parlerai et nous essayerons de nous détruire les uns les autres ou de nous attirer les uns les autres ou même de nous écouter les uns les autres et rien n’arrivera parce que nous parlerons en prose. Je rentrerai chez moi, saoul et mécontent, et dormirai – et mes rêves seront en prose. Même le subconscient n’est pas assez patient pour la poésie. Vous êtes mort et les morts sont très patients. Affectueusement, Jack
(Spicer, D'après Lorca) |
| | Nombre de messages : 153 Âge : 34 Date d'inscription : 28/05/2015 | Courvoisier / Tycho l'homoncule Lun 26 Nov 2018 - 2:19 | |
| Tristan Corbière (1867-1920) Les Amours jaunes (1873).
À la douce amie
Çà : badinons – J'ai ma cravache – Prends ce mors, bijou d'acier gris ; – Tiens : ta dent joueuse le mâche... En serrant un peu : tu souris...
– Han !... C'est pour te faire la bouche... – V'lan !... C'est pour chasser une mouche... Veux-tu sentir te chatouiller L'éperon, honneur de ma botte ?... – Et la Folle-du-logis trotte... – Jouons à l'Amour-cavalier !
Porte-beau ta tête altière, Laisse mes doigts dans ta crinière... J'aime voir ton beau col ployer !... Demain : je te donne un collier.
– Pourquoi regarder en arrière ?... Ce n'est rien : c'est une étrivière... Une étrivière... et – je te tiens ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et tu m'as aimé... – rosse, tiens !
|
| | | | | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
|
|
|