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 Scriptober 2021

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Leasaurus Rex
   
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Leasaurus Rex  /  Terrible terreur


Deux jolis textes, Le Rosier, tu peux être fier de toi, c'est vraiment tout doux à lire.
 
Liréo
   
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Liréo  /  Journal du posteur


J'aime bien! Tu aimes beaucoup les animaux on dirait et aussi dame nature. Tes phrases qui évoquent la brise sont très poétiques, j'adore. Tout est simple et vivant. Rien à redire sur la forme, c'est très bien écrit.
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Le rosier
   
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Le rosier  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Lea, Lireo, merci pour vos gentils mots, quasi simultanés !
Oui, je suis assez fier de cette histoire, du début tout particulièrement, avec la naissance de Habélard et sa rencontre avec Lola.

Lola reviendra en scène un peu plus tard, avec le mot Combat.
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Le rosier
   
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Le rosier  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Aujourd’hui, un autre début d’histoire, celle de Nono, une jeune artiste de la préhistoire, peintresse pariétale, qui cherche l’inspiration dans le vent sauvage. (J'ai un peu dépassé la limite fixée, ce sera la seule fois Wink

10 octobre : Vent

Citation :
Les hommes sont partis au petit jour.

Cachée dans ma peau de louve, tapie dans les herbes hautes, malgré Rio, mon enfant blotti contre mes seins, je les suis.

Ils ne m’entendent pas, ne me voient pas, tout occupés qu’ils sont à sentir le vent, étudier les traces sur la terre encore humide, à la lisière de la forêt.

Je veux voir les grands troupeaux, les bêtes sauvages et mugissantes, je veux les voir à l’œuvre, les chasseurs de ma tribu, courir derrière ces monstres vigoureux, crier, sauter dans la poussière levée par les sabots, frapper ces colosses à la chair lourde, éviter les cornes agiles, éloigner les mâles dominants et capturer les jeunes plus frêles.

Hack, le père de mon enfant, sans aucun doute, Hack, le géant, sa massue de chêne et de silex, si légère dans ses mains si rudes, ses mains qui hurlent aujourd’hui encore sur mon corps qu’elles ont meurtri, Hack, ouvre la longue colonne des chasseurs. Il domine tout le groupe, de la tête et des épaules. Son flair le porte sous la brise, là où sont passées les bêtes. Il sait reconnaître le frôlement d’un flanc de bison sur un feuillage, il sait lire la trace des taureaux dans une rivière, il comprend les mouvements de l’air derrière le vol des oies grises.

Il sait aussi éviter d’imprimer ses pas dans la glaise, il sait dissimuler son odeur pour ne pas éveiller les prédateurs, les lionnes et les loups qui rôdent, au-delà des larges prairies.

Le matin frais monte de la terre. Malgré la fourrure de la louve, le froid me pénètre, mord mes os, me crève le ventre.

Je sens Rio qui frissonne, collé contre ma peau. Il ne faut pas qu’il pleure, les hommes me tueraient peut-être, s’ils me savaient derrière eux, cachée dans leur sillage, au risque de faire rater l’expédition.
La tribu a faim.

Les chasseurs sont souvent rentrés les mains vides, ces derniers temps, par la faute du vent et de la malchance.

Hack a promis hier soir de ramener un festin.

Il nous a ordonné, à nous les femmes, de monter un grand feu, de chercher des pierres plates pour y déposer les quartiers fumants, de cueillir les fruits sucrés, de déterrer les racines savoureuses, d’arracher des herbes odorantes, de racler nos gorge, aussi, pour que nous chantions jusqu’au lever de la lune, haut et fort, de nous baigner dans l’étang, aussi, pour que nos corps luisent.

Ce sera fête, ce soir ! Hack nous l’a promis.

Je me contente de les suivre. Je me suis faufilée hors de la grotte, quand ils préparaient les armes. Les autres femmes ne s’en sont pas aperçues, certaines allaitaient, d’autres nettoyaient le fond de notre caverne, d’autres encore, ajoutaient des branches dans le feu de la nuit, qui claquaient d’un grand cri dans le baiser des flammes. Elles m’en voudront sans doute, mais qu’importe, je dois absolument voir les troupeaux sauvages, même si, un jour, je dois en mourir.

Avec autorité, Hack fait signe à sa troupe de s’arrêter. Les buffles paissent, un peu plus loin, sous le vent calme et les nuages tranquilles. Je retiens mon souffle devant ce spectacle d’une beauté fascinante ; les grands mâles, aux formes massives, postés aux lisières du groupe, restent aux aguets, les oreilles mobiles, en éveil. Leurs cornes immenses, noires, se découpent sur le ciel bleuissant. Les toisons printanières alternent les tons chauds, le roux, le rouge flamboyant, les bruns brûlés, et les ombres grises, de fines tâches noires parcourent leurs plastrons et leurs encolures.

Par instant, ils délaissent l’herbe grasse et lèvent leur museau épais. Un bruit, sans doute, qui a fait frétiller une oreille.

Ils ouvrent leurs naseaux avec force, hument l’air, à la recherche d’un parfum fauve qui sonnerait l’alarme. Il s’agit d’un héron, qui se pose d’un bruit feutré au pied de l’un des colosses. Alors, rassurés, ils reprennent leur activité.

Les femelles, à l’abri au cœur du troupeau, se massent les unes contre les autres, les flancs serrés, accompagnées parfois d’un jeune, presque blanc, au regard naïf et doux, prêt à courir derrière un vol de mouches ou la queue d’un autre.

Devant moi, les hommes, les corps tendus sur leur massue et leur coutelas de silex, attendent le signal de Hack. Leurs muscles sont bandés, prêts à s’ouvrir dans l’attaque. Les mâchoires, serrées et saillantes, immobiles dans le silence. Hack, la main levée, tient ce monde comme une pierre au bout de son bras, qu’un cri suffira à lancer avec force contre les proies.

Je note dans ma tête toutes ces sensations, si riches, enivrantes. L’odeur du vent, le mouvement du ciel, les couleurs du troupeau, l’attitude des mâles, la danse des femelles, l’insouciance des jeunes. Le mélange des formes et des couleurs.

Ils se sont jetés. Ils sont partis, comme la foudre. D’un seul mouvement, ils ont fondus sur les bêtes. D’un seul cri. Les mâles ont dressé la tête, levé les cornes, ils se sont arc-boutés sur leur cuisses puissantes, mais trop tard. Les hommes sont là, dans le cœur du troupeau, les silex au poing. Les femelles s’affolent, se cabrent, hurlent. Les jeunes tournent leur tête en tous sens, ils courent en cercle. La cacophonie noie mes oreilles. Les cris des hommes et des bêtes secouent les hautes herbes. De grands oiseaux blancs s’envolent, dans un chaos d’ailes froissées. Puis, enfin, le concert des sabots qui martèlent la terre. Le troupeau s’est mis en branle, après la panique, et les plus vifs détalent déjà, loin devant. Les hommes en poursuivent d’autres. Mais Hack n’a pas attendu la dispersion. Ses bras enserrent l’encolure d’un jeune taureau, aux cornes naissantes, blanches et lisses comme deux dents effleurant les gencives d’un enfant. La lutte est intense, les sabots et les pieds se mêlent, dans la poussière du combat. La bête ahane, l’homme souffle. Leurs muscles roulent sous les peaux tendues. Leurs yeux se défient, celui du prédateur et celui de la proie, unis dans la même étreinte, embrassés dans un même baiser de mort.

La troupe des hommes se rassemble en cercle, autour des combattants, battant des pieds et des mains, pour encourager leur chef. La bête porte un genou en terre. Hack brandit alors son arme de pierre et d’un cou sec, tranche la gorge de l’animal, qui, sans un cri, s’effondre, repliant sous son corps devenu trop lourd, ses pattes inutiles. L’homme approche ses lèvres du fleuve rouge et bouillonnant qui s’échappe de son adversaire vaincu, et, à grande goulée, se désaltère à cette source de vie.

Hack se relève, plus fort, plus grand que jamais, la poitrine fière de la victoire. Ce sera fête, ce soir, dans la grotte de notre tribu.

C’est alors que, baissant ses yeux vers moi, nos regards se croisent.
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Le rosier
   
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Le rosier  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Un nouvel extrait, d’une autre histoire. Cette histoire est importante, essentielle, même, pour mon parcours de création littéraire. Enfin, j’étais en paix avec ce que j’écrivais. Pendant longtemps, j’ai détesté tout ce que j’écrivais. Jusqu’à cette histoire, et sans doute ce passage précis de cette histoire.

Contexte : Marie, jeune mère, parle à Fleur, son bébé de quelques semaines, en la promenant le long d'une rivière.

12 octobre : Sorcier.ère

Citation :
Désespérée, je suis allée vers la rivière. J’ai marché longtemps. Sur cette petite route. On entend bien l’eau, mais j’avais peur, malgré tout, de m’en approcher davantage. J’avais peur et j’avais mal et j’avais froid. C’était l’été pourtant, comme aujourd’hui, mais la chaleur du jour avait laissé la place à une nuit terriblement glaciale et sombre. Après avoir longtemps marché, l’esprit empli de cette image de petite chose insignifiante que j’étais devenue, du dégoût de moi-même, de la nostalgie d’une enfance heureuse et lumineuse, perdue à tout jamais, j’étais allée sur la berge. Au plus près des eaux noires. Un passant qui m’aurait vue, aurait pu croire que mon intention était de me noyer, de disparaître à jamais dans le tumulte du courant, mais il n’y avait pas de passant. Il n’y avait personne. Personne pour oser regarder les terribles eaux noires.

Je me suis mise à genoux. Je me suis penchée vers les eaux sombres. Mon visage à la surface même du courant. Sans reflet, car l’eau était si noire qu’elle semblait elle-même avoir une âme. Ou bien c’était le reflet de ma pauvre petite âme, bien triste et bien noire, que je contemplais cette nuit-là. Non, je crois bien que c’était l’âme de la rivière, de cette sorcière noire et sévère, à la surface ridée par le souffle de la nuit. Il faut que tu t’en ailles, me disait-elle d’un air revêche. Mon désespoir ne semblait pas l’émouvoir, bien au contraire. Il faut que tu t’en ailles.

Tu n’as rien à faire ici. Pourtant, penchée sur l’eau profonde, je me sentais attirée par le dessous de cette onde que je ne voyais pas. Déjà mes cheveux me paraissaient lourds, emplis d’algues sans doute, de crapauds ventrus, boutonneux, flasques, endormis. Mes bras flottaient à la surface. Mes mains n’étaient plus que des ailes qui petit à petit s’enfuyaient au loin. Mes yeux grands ouverts, aveugles, regardaient vers le ciel comme un gouffre insensé, parfaitement obscur. Je dormais dans un lit glacé, ondoyant, un bateau ivre entre les pieds du pont de pierre. Tu vois, c’était là, juste là.

Il faut vraiment que tu t’en ailles, me disait la vieille. Mais elle paraissait moins sévère. Je devinais sur ses lèvres blanches un maigre sourire de compassion. Il faut que tu t’en ailles, mais avant, je vais te préparer une soupe chaude. Je frissonnais, car j’avais très froid, habillée d’eau dégoulinant sur tout mon corps. J’allais, je venais, comme une poupée de chiffon que j’aurais lancée dans la rivière. J’étais la petite fille qui se séparait avec colère de sa poupée inutile, en la projetant du pont de toutes ses forces. J’étais cette pauvre poupée morte, inerte, qui serpentait au hasard du clapotis des vagues. J’étais cette vieille femme fatiguée, cette vieille sorcière sans couleur, dont on avait cru qu’elle avait le cœur éteint, qui préparait cette bonne soupe chaude, avec une vieille recette de potion magique, aux herbes oubliées, aux saveurs inconnues, aux sorts incroyables.

Il faut que tu t’en ailles, mais bois ça, ma belle, avant. C’est la boisson des dieux, des morts et des vivants. Des enfants et des vieux.
Le nectar était bizarre, presque noir, violet, très sombre. Très odorant, aussi. Épais, sirupeux. Quelque chose d’inouï, insolent, qui m’envahissait entièrement. J’étais si bien. Comme une sorte de torpeur qui me prenait dans tout le corps. Je n’avais plus froid, je crois bien que je souriais. Que j’étais parfaitement heureuse.

La vieille m’expliqua le chemin du retour.
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Liréo
   
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Un texte bien mystérieux que celui d'aujourd'hui... Je comprends que ce soit un passage important pour toi et que tu l'aimes car il en émane vraiment quelque chose de fort. Une poésie, une musique mais aussi des allégories que j'ai beaucoup aimé.
On ne comprend pas tout mais c'est normal, c'est un extrait.
En fait ça me rappelle un peu un livre que j'ai lu il y a quelques années: La sève et le givre de Léa Silhol qui a un style d'écriture très particulier (on aime ou on n'aime pas), une lecture qui peut s'avérer complexe mais d'une poésie et d'une beauté rare. A lire comme un conte en oubliant le réel et le possible.
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Le rosier
   
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Merci de cette jolie comparaison avec La sève et le givre de Léa Silhol que je découvre à travers ton commentaire. Dans ce passage, Marie exprime sa fascination pour l'eau (j'étais dans une période très Virginia Woolf), son mal-être adolescent, son décalage avec sa famille et son entourage. J'ai employé un certain nombres de métaphores, en effet, et ce passage étroit entre ce monde-ci et celui des fées ou des sorcières.

Citation :
A lire comme un conte en oubliant le réel et le possible.

Cette phrase me parle beaucoup et elle reflète aussi une partie importante de mes écrits. Je n'écris pas de fantasy, je n'en serai pas capable, je suis plutôt proche du fantastique, mais ce que j'aime encore plus, c'est quand la part d'irréel affleure le réel de manière à peine visible, avec légèreté.

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Leasaurus Rex
   
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J'ai bien aimé la lecture de Vent, qui était agréable et bien dosée, elle m'a emportée avec elle.

Sorcier.ère était quant à elle plus énigmatique, plus sombre. Quelques répétitions qui alourdissent le texte (même si j'ai vu que certaines semblaient choisies), mais un joli passage, déconcertant, avec une atmosphère presque gothique.
 
Le rosier
   
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Merci Léa pour ton retour sur Vent. Je craignais que sa longueur soit un peu rebutante. Ravi que le vent sauvage t'ait emporté. Au total, c'est une belle histoire, celle de Nono.

Pour Sorcier.ère, je viens de le relire, oui, les répétitions sont voulues. C'est une sorte de monologue que raconte Marie à sa fille. Je suis preneur cependant de celles qui t'ont semblé alourdir le texte Scriptober 2021 - Page 4 3029968519 Scriptober 2021 - Page 4 3029968519
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Dans les deux premiers paragraphes, les répétitions de « noire/noires » et eaux, notamment. Il y en a vraiment beaucoup. Smile
 
Le rosier
   
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J’aime écrire sur les livres. Ils sont pour moi comme des personnages de roman. Chaque livre est une rencontre. Avec une histoire. Des espérances. Des symboliques.

13 octobre : Temple

Citation :
J’ai attendu longtemps avant de découvrir Marguerite Duras. Pourtant, il y avait dans la bibliothèque de ma mère un volume épais d’Hiroshima mon amour. L’assemblage de ces trois mots cognait mon adolescence têtue. En est-ce la raison ? Cette association m’obsédait, me terrorisait, je ne voulais pas la voir, ou la comprendre, et je préférais laisser ce ressenti dans la poussière de la bibliothèque de ma mère. Un jour, ma mère est morte. Mais c’est sans rapport, car ce n’est que très récemment, en flânant au Furet du Nord, pas celui de Lille, mais celui d’Arcueil, que je suis tombé sur un exemplaire du Ravissement de Lol V Stein. Le ravissement a eu lieu, dès les premières pages, voire les premières lignes du livre, quand je l’ai ouvert, debout, au Furet du Nord, et ce fut la même chose, le même ravissement, quelques semaines plus tard, quand j’ai trouvé L’Amour, non pas au Furet du Nord, mais chez Gibert, pas celui qui a fermé, mais celui qui existe toujours, le vrai, le bleu, celui qui est à gauche, quand on descend le Boulevard Saint-Michel vers la Seine. Le même ravissement, dans les deux sens que ce mot peut prendre, dans les deux sens même, d’ailleurs que celui de Lola Valérie Stein. Et l’autre jour, c’était peu de temps après, je crois, peu de temps après les événements des deux librairies ; avec C. on se promenait sur la plage de Trouville, disons que nous remontions la plage, au soleil, un soleil qui tapait fort, et nous éreintait car il nous fallait marcher longtemps pour rejoindre la ville à partir de la mer, juste en face du Casino. Et c’est à ce moment-là, en désignant le Casino, que j’ai dit à C. tu vois, ce Casino, cette plage, ce ciel, cette mer, je suis sûr, ou du moins, j’ai l’impression que Marguerite Duras a décrit cet endroit, que c’est l’endroit principal, du Ravissement et de L’Amour. Et plus tard, j’ai cherché partout le Vice-Consul. Il manquait au Furet et chez Gibert. Je l’ai trouvé, et c’est assez étrange, je l’ai trouvé à la Fnac de Châtelet les Halles. Je suis toujours aussi étonné, à chaque fois que j’y trouve un livre, à la Fnac de Châtelet les Halles, et pourtant, j’y ai souvent trouvé des livres. J’y ai trouvé le Vice, et derrière le Vice, j’y ai trouvé Écrire. Et dans Écrire, Marguerite Duras évoque tant le Vice que le Ravissement, elle y évoque ses lieux d’écriture, elle y évoque Trouville. Seule à Trouville, pour y écrire, le Vice, le Ravissement. Seule, au milieu des étendues de ciel, de sable, de mer. Des étendues. Trouville. T-Beach. Temple.
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14 octobre : Mois

Citation :
Je suis assez nouvelle sur ce Forum, vous ne me connaissez pas bien. Bien sûr, comme tout le monde, je suis passée par la case de présentation. Mais qui suis-je vraiment, derrière mon avatar Le rosier ?

Dans la vraie vie, je m'appelle Avril. Oui, comme Avril Lavigne, que ma mère écoutait en boucle quand ma sœur et moi dansions dans son ventre, en 2002. Surtout ma soeur, la connaissant. Même si nous sommes de vraies jumelles, physiquement identiques comme deux gouttes d’eau, nous sommes bien différentes. Autant Mai est extravertie, enjouée, rieuse, sociale et toujours partante pour les découvertes les plus extravagantes, je suis introvertie, un brin mélancolique voire dépressive par moment, le monde extérieur m’effraie, la vie réelle me terrorise et je m'évade dans la lecture, et surtout l'écriture.

Avec Mai, nous ne sommes pas les seules nées d’une grossesse multiple, dans notre famille extra large. Il y a aussi la triplette des petites dernières, Octobre, Novembre et Décembre. Nous, les aînées, avons toutes un peu participé à leur éducation, en dehors de Janvier, notre grande sœur à toutes, froide comme l'hiver et dure comme la pierre, qu’il est souvent difficile d'amadouer. Parfois, elle nous donne l'impression que sa famille l'ennuie, lui pèse, comme si le fait d’être la seule native du siècle précédent lui avait donné une autre stature, et qu’elle nous considère avec une certaine condescendance. À part notre petite Février. Février, elle est mon aînée mais elle reste notre petite sœur à toutes. On comprend très jeune, à quatre pattes encore, qu'elle a besoin de notre amour à toutes. Alors, oui, Janvier, je le sais, même sous ses airs revêches, n'abandonnera jamais Février.

Bon, je m'aperçois que j'écris dans le désordre, que les prénoms se mélangent, que vous n'allez rien comprendre à notre famille.

Entre Février et nous, ma jumelle et moi, c'est Mars, la plus forte d'entre nous toutes. Combative, vaillante, elle nous remonte souvent le moral, avec force et conviction. Quand cette étourdie de Septembre s'était perdue sur le chemin de l'école, c'est Mars qui l’a retrouvée. Quand Juin avait commencé son école buissonnière, l'année dernière, c'est Mars qui l'a sermonnée, bien avant que notre mère ne l'apprenne. Au printemps dernier, quand Juillet et Août sont tombées l'une et l'autre amoureuses de la même fille, au lycée, c'est encore Mars qui a su régler l'affaire, sans drame ni pleurs, avec tout le doigté et la diplomatie nécessaires. Et depuis la rentrée, avec ce hashtag de la honte, ce #Anti2010, la voilà encore à l'œuvre, notre Mars, devant le collège, à sermonner tous les harceleurs de notre petite triplette. Voilà, maintenant, vous nous connaissez toutes, mes sœurs et mois.



Dernière édition par Le rosier le Jeu 14 Oct 2021 - 17:12, édité 1 fois
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Bien sympa le texte d'aujourd'hui, quelle bonne idée! Les descriptions de chaque sœur avec leur caractère particulier m'a fait penser au Quatre filles du Dr March. J'aime particulièrement la description que tu as faite de Février, c'est tout en subtilité, à demi mots, mais très clair.
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Liréo a écrit:
Bien sympa le texte d'aujourd'hui, quelle bonne idée!

Merciiii ! Je n'avais pas pensé au Quatre filles ... en l'écrivant (et c'est une super comparaison) mais plutôt de Seven sisters. Je me suis bien amusé à l'écrire, à vrai dire.
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Quelle constance, Le Rosier, merci de faire vivre ce topic ! Et merci à toi aussi, Liréo, pour être toujours à la première heure pour commenter !

Temple m'a emportée, si je ne partage pas ton amour pour Duras, je me retrouve dans cette soudaine hyperfixation qu'on a quand un auteur ou une autrice nous plaît et qu'on veut tout lire de lui ou d'elle, et quand parfois le titre qu'on ne trouvait plus nous tombe dessus sans crier gare. C'est encore plus magique quand on plonge effectivement de l'écrit au réel, et qu'on révèle les petits secrets cachés derrière l'écriture.

J'ai beaucoup aimé le parti-pris de Mois, qui me fait beaucoup penser à un texte écrit lors d'une écriture collective sur JE, à laquelle j'ai participé il y a plusieurs mois. Nous avions personnifié les saisons, mais ça marche aussi avec les mois ! Je suis un peu cependant déçue par la chute, que je n'ai pas comprise, et qui n'est, de mon point de vue, pas au niveau de ce qui précède.
 
   
    
                         
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