Je trouve ta réaction très mature Jo Ann, et je te félicite d'être capable de prendre autant de recul. C'est vrai que personne ne réagit de la même façon face à de telles lettres, et que l'éditeur ne se soucie généralement pas de froisser les sentiments de l'auteur... Mais y a-t-il une solution miracle ?

Plusieurs personnes se sont plaintes ici (et avec raison) des lettres types envoyées par des stagiaires. D'autres se sont plaintes (toujours avec raison) de la "méchanceté" des lettres personnalisées du Dilettante. Alors quelle est la bonne méthode ? Les réponses types sont forcément mal perçues car elles prouvent que l'éditeur n'a pas pris le temps de lire le manuscrit (ou ne l'a pas assez apprécié pour estimer qu'il méritait un refus personnalisé), et les lettres personnalisées sont mal perçues car elles mettent le doigt là où ça fait mal en pointant les défauts précis du manuscrit. (Certes, certaines sont probablement plus maladroites quie d'autres et n'arrondissent pas les angles).

Mais sachant qu'une grande maison d'édition peut recevoir une dizaine de manuscrits par jour, on comprend mieux qu'elles ne puissent pas y assigner un éditeur à temps plein... et que cette tâche se retrouve donc souvent confiée à des stagiaires, qui ont pour mission d'écarter le plus de manuscrits possibles en ne se basant que sur quelques pages. J'ai été l'une de ces stagiaires, et je peux vous dire qu'on a bien conscience de tenir les espoirs de tous ces auteurs entre nos mains... Mais plus le temps passe, plus on s'insenbilise (et de toute façon, on n'y peut rien - à part écrire parfois des refus personnalisés, ce qui m'est déjà arrivé). Il nous reste heureusement la possibilité d'avoir un coup de coeur et de transmettre à notre responsable une fiche de lecture dithyrambique, mais même cela ne sert pas à grand-chose (le nombre de titres qu'un maison peut publier n'est pas extensible, et une fois enlevés les traductions anglo-saxonnes et les auteurs français déjà connus, il ne reste plus beaucoup de place pour les petits nouveaux).

Cela dit, les miracles existent, et e-bou en est la preuve vivante ! ^^ Même des auteurs comme Timothée de Fombelle ou Christophe Mauri (chez Gallimard Jeunesse) ont commencé par envoyer des manuscrits spontanés par la Poste. La "happy end" est donc possible ; simplement, il ne faut pas (trop) en vouloir aux éditeurs de se contenter d'une lettre type (qui leur permet au moins de refuser poliment) alors qu'ils croulent sous les manuscrits, et qu'ils sont d'autre part occupés à concocter de nouveaux livres pour nous émerveiller encore un peu !

Je vois ce que tu veux dire Brettshe, et c'est ce à quoi je pensais en parlant "d'arrondir les angles". Bien sûr qu'un éditeur n'est pas là pour pourrir un auteur, au contraire. Mais quand l'éditeur prend le temps de faire une réponse personnalisée (ce qui est déjà un compliment en soi), ce n'est généralement pas pour dire : "Votre manuscrit est génial, félicitations !" Si le manuscrit était génial, il ne serait pas refusé.

Donc, avec le recul (et comme nous le prouve la récation de Jo Ann), je pense qu'il est finalement plus constructif que vraiment méchant de pointer du doigt les faiblesses du texte, pour aider l'auteur à s'améliorer. Après, bien sûr, il y a la manière de le faire, et c'est là qu'un peu de diplomatie peut aider à faire passer la pillule...