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| | Rédaction épicène / inclusive: compatible avec la littérature? | |
| | | Invité / Invité Lun 28 Oct 2019 - 14:02 | |
| - pehache a écrit:
- Pasiphae a écrit:
- Bah tant mieux si ça vous casse les burnes, c’est fait pour. Nous ça nous réussit aux ovaires !
Intéressant cette réponse sexiste. Rentrer dans le jeu des "nous" et des "vous" sur la base d'une différenciation sexuelle, à mon avis, ça pue. Réduire l'humanité à cette vision binaire (en s'exemptant de la question de l'oppression de classe) ça en dit long sur sa propre appartenance. Ceci posé, ma remarque, ma citation plus exactement, visait à montrer le caractère illisible de la proposition. Masculin ou féminin, peu me chaut (peut-être parce que je n'ai pas une position sexiste ?), mais jouir d'une langue claire, ça, ça compte pour moi.
" "Si lela poétesse admet qu'iel doit inévitablement commettre des erreurs dans sa recherche poétique, alors iel n'est différente dula scientifique qu'en cela que son cheminement est inverse."" l'ancien français est illisible j'ai dit à mon prof d'ancien français (celui qui a des poils SUR le nez) que les textes qu'il nous proposait étaient illisibles il a levé les yeux au ciel après ça, j'ai au moins fait l'effort de me sentir idiote |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 14:03 | |
| - DC a écrit:
- Ce genre de sujets c'est forcément un appât à baston
Un appât : non Une occasion de : oui Et c'est pour cela qu'il faudrait y venir en respirant un grand coup pour lire lentement et répondre calmement. Je ne suis pas du tout amusée par la blague de Pasiphae répondant à Nekoblast. Nekoblast parlait de ce qu'il a des problèmes de lecture/écriture, quand il a employé l'expression "casser les burnes". Alors lui répondre "tant mieux c'est fait pour" dénote soit de la malveillance soit du manque d'attention. Ceci n'étant qu'un exemple, assez marqué, de l'ambiance globale qui règne sur ce genre de topic... où chacun accuse l'autre de ne pas écouter. - Mâra - 2 décembre 2018 a écrit:
- Sinon, et j’en ai un peu marre de le rappeler mais on dirait que certain.e.s ont du mal à imprimer, ce topic est dédié à l’étude esthétique de l’écriture inclusive et non à la question de son bien-fondé.
- Silence a écrit:
- Prenons un peu de recul avec un exemple : il s'agit ici d'exprimer le sens "Le poète ou la poétesse commet des erreurs".
Version 1 : "le poète commet des erreur", en français "normal" dirons-nous. C'est une phrase lisible et compréhensible, si on connaît la convention qui dit que le masculin peut désigner une personnes d'un genre non-spécifié. Il faut avoir cette référence, autrement on passe à côté d'une partie du sens.
Version 2 : "lela poéètesse commet des erreurs", en français "inclusif épicène". C'est une phrase lisible et compréhensible, si on connaît les conventions d'écriture épicène. Il faut avoir cette référence.
Aucune des deux versions n'est objectivement plus laide qu'une autre, ou moins lisible. (écartons la question de l'oral, à laquelle on a déjà répondu plus haut dans ce sujet : à l'oral on lira "le poète ou la poétesse", tout simplement, comme on dirait "mesdames et messieurs"). Il s'agit simplement d'une question d'habitude à prendre ou à avoir. Et, oui, les lecteurs et locuteurs contemporains n'y sont pas tous habitués. Eux ont (auront, auraient) des efforts à faire pour maîtriser cette graphie. A contrario, si une telle pratique se généralise et que les générations futures y sont habituées très jeunes, elles liront ceci aussi facilement et avec autant "d'évidence" que nous lisons aujourd'hui "l'espèce humaine tout entière" dans "les Hommes".
Est-ce qu'on est d'accord là-dessus ? - Séléné.C= a écrit:
- Silence écrit a écrit:
- Version 2 : "lela poéètesse commet des erreurs", en français "inclusif épicène". C'est une phrase lisible et compréhensible, si on connaît les conventions d'écriture épicène. Il faut avoir cette référence.
Je suis tout à fait d'accord sur le fait que les générations futures y seront plus accoutumées que nous... mais me demande tout de même comment il faut prononcer !!! Et qu'on ne me dise pas que c'est à adapter selon la personne à qui s'adresse la lettre ou la personne lisant le texte, parce qu'ici, sur un forum d'écriture, je pense qu'on devrait envisager la question avant tout du point de vue de son emploi en littérature. Or, en littérature, ce système de points me semble n'avoir pas plus vocation à passer le stade oral que n'en ont les calligrammes. Je n'ose imaginer comme se passerait l'enregistrement en livre audio d'un roman écrit selon cette orthographe - Spoiler:
Pour ceux qui se demanderaient si je suis en train de troller, avec mes copié-collé : probablement... mais j'aime à croire que c'est pour la bonne cause. Oui, je sais, c'est ce que pensent tous les trolls.
Dernière édition par Séléné.C le Lun 28 Oct 2019 - 14:10, édité 1 fois |
| | | Invité / Invité Lun 28 Oct 2019 - 14:09 | |
| oué enfin le ton du message de nekoblast était à un niveau stratosphérique d'égoïsme hein, un peu d'agacement après ça ne dénote pas non plus d'un manque cruel d'humanisme |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 14:13 | |
| Je ne dis pas non plus que Nekoblast a raison Mais que la réponse de Pasiphae est très représentative du fait que sur ce type de topic, on poste sans prendre le temps de dégainer... ce qui peut conduire le topic à devenir un nid à baston
Quant à de l'égoïsme... il faudrait demander aux associations d'aide aux dyslexiques ce qu'elles en pensent
Pour ce qui est de mon avis : je crois qu'il est voisin de celui de Mara A savoir que le topic devrait essayer de s'en tenir à la question d'esthétique de la langue (sous ses deux formes, c'est à dire écrite ET parlée) |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 28/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Lun 28 Oct 2019 - 14:20 | |
| Le problème c'est que tu pars du principe que les gens veulent bien changer d'avis sur l'écriture inclusive (et au delà sur l'antiracisme, le féminisme, les droits des personnes LGBTI) si on leur explique, poliment, posément, pédagogiquement, si on accepte de concéder nombre de leurs points; alors que non en fait; ils n'en démordront pas.
C'est pas des neuneux ou des idiots à qui il faut bien expliquer, non c'est des gens qui ont des positions de fond.
Est ce que c'est scandaleux de camper sur ses positions ? Non. Mais est ce que tu gagnes quelque chose à argumenter et contre argumenter pour essayer de convaincre quelqu'un qui refusera toujours tout ce que tu diras. Au final, tu passes ton temps à jouer sur son terrain, à suivre un débat selon ses termes à lui... Pour moi c'est une perte de temps, et c'est pour ça qu'à part aujourd'hui j'ai pas mis les pieds dans le débat... |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 14:42 | |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 28/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Lun 28 Oct 2019 - 14:50 | |
| Ben quoi ? Le dissensus n'est pas un drame.
Demain quelqu'un pourra être poli et m'expliquer en long en large et en travers pourquoi il faut privatiser tel service public, je ne changerai pas d'avis, on ne se convaincra pas le moins du monde. Et ce n'est pas un drame. Il y a un désaccord, il est identifié et délimité, et ben chacun fait sa vie et essaye de convaincre d'autres personnes... |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 15:11 | |
| Campez ou ne campez pas sur vos positions à propos du sexisme de la langue. Moi, je ne m'intéresse qu'à son esthétique et aux capacités de reporter à l'oral ce qui est écrit. En conséquence de quoi je >>>>>> |
| | Nombre de messages : 3379 Âge : 28 Localisation : www.stopennui.net Pensée du jour : "Et à l'intérieur j'ai tellement mal que je ne peux pas croire qu'il y aura un temps soulagé, un jour"' Date d'inscription : 13/02/2014 | Mâra / Mérou Lun 28 Oct 2019 - 17:03 | |
| La question de l'oralité m'interpelle et m'intéressse (oui, les deux à la fois)
Au début je préférais "ille" à "iel" justement parce qu'ainsi je n'avais pas à le prononcer. C'était plus discret et joli (pour un/e débutant/e en féminisme ou quelqu'un/e de timide, c'est assurément rassurant). Maintenant j'aime bien "iel" parce que ça me permet de faire entendre ma position, d'assumer que non, je ne neutralise pas au masculin et oui, j'accueille telle personne transgenre non-binaire.
(j'écrirai peut-être la suite de la réponse plus tard, j'ai le cerveau en bouillie là) (et oui vous êtes relous, virez de mon topic je ne souhaite convaincre personne juste parler de poésie) |
| | Nombre de messages : 10030 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 28 Oct 2019 - 18:05 | |
| Mâra, tu as raison. Désolée d'avoir contribué à faire dériver le topic. (Séléné, toutes les choses écrites n'ont pas nécessairement vocation à être oralisées, et la littérature a plus d'une fois joué avec ce double statut écrit / oral). Sinon ça peut être intéressant de voir que depuis l'ouverture de ce topic, l'écriture inclusive a essaimé sur le forum, notamment en section poésie. Petite analyse au débotté, non pas pour examiner théoriquement si la rédaction inclusive est compatible avec la littérature, mais comment elle l'a été de fait ces derniers mois en section poésie (et ce n'est pas exhaustif bien sûr !) : Aquae, le 21 juillet, poste un poème où elle écrit : - Citation :
- Lorsque les arbres
toutes leurs caresses lorsqu'ils partiront les arbres faute de tendresse amas de bois mort – lézardes lorsque nous ne nous aimerons plus – hagard‧es les arbres encore tous fissurés les arbres morts pleureront leur souche ancienne On peut se demander comment on prononce, et s'appuyer sur le reste de la strophe : on identifie des rimes, dont le schéma au début semble assez rigide (ABAB, rimes embrassées), mais commence à gagner en ambiguïté à partir de l'usage de l'inclusive. Si les rimes étaient restées rigoureuses, on aurait su qu'il faut prononcer "hagardes" pour rimer avec "lézardes", mais compte tenu du fait que "lorsque" ensuite est isolé et ne forme qu'une presque rime avec "encore" (qui pour le coup rime avec sa suivie "morts"), et isole "ancienne", l'équivoque demeure (c'est peut-être tout le charme de l'usage de l'inclusive en fin de vers dans un poème même partiellement rimé). Le 4 juin 2018, Aquae utilisait une inclusive plus discrète et moins ambiguë ici : - Citation :
- Si dans le jour à venir
se heurtent en silence les insectes de nos souvenirs et de nos espoirs vaniteux – ne desserrons pas encore les poings, et chuchotons aux oreilles oublieuses de nos aîné-es qu’avant nous iels ont rêvé Pour le coup, on sait comment prononcer, seul le "iel" s'entend à l'oral pour signaler l'inclusive (donc "aîné-es" est purement un marqueur graphique) ; la sonorité de "iel" rappelle, au vers précédent"oubl ieuses", ou comment faire un très joli rappel musical tout en naturalisant, aplanissant, l'usage d'un pronom nouveau pour l'oreille. Moïra, dans un poème du 30 mai, utilise elle aussi une tournure ambiguë : - Citation :
- ô vent — gisant entre les mort·e·s
et les sources endormies Le poème étant non rimé, sans reprises sonores, une lecture oralisée serait à l'avenant du / de la lecteur·ice. Mais après tout, n'est-ce pas déjà le cas avec toute la tradition de la poésie non ponctuée / non majusculée, qui laisse une semblable liberté ? on peut imager prononcer "morts", "mortes", ou bien mort - tes", en marquant une petite pause (comme c'est souvent fait lors des lectures oralisées de textes rédigés en écriture inclusive dans des contextes militants). Dans son journal d'août 2019, la même Moïra écrit ceci : - Citation :
- et alors tu — l'écoutes, dans cette même nuit qu'iel rencontre
derrière sa lointaine fenêtre éclairée, au dessus d'un lampadaire et d'une rue silencieuse Ici, dans le vague de l'adresse, le genre de la personne évoquée n'est pas spécifié (ou peut être un genre non-binaire). Cela renforce la stratégie de l'évocation lyrique, peu fixée, mystérieuse. C'est un procédé qu'on trouve souvent utilisé sous FINAMOR, puisqu'il sert à renforcer le brouillage de l'adresse dans une perspective mystérieuse et ludique (à qui s'adresse FINAMOR ? on anonymise d'autant plus quand iel s'adresse à un·e interlocuteur·ice au genre non spécifié), comme ici le 1/02 : - Citation :
- Je sais bien qu'ils ont mille ans d'âge, et qu'ils t'ont connu·e. Tu passais sous le vent, l'itinéraire fourchu des oiseaux, puis ils t'ont connu·e. Pendant longtemps, les oiseaux t'ont brisé·e, volé le brin de paille et la misère de ton chapeau.
mais qui sert aussi à faire de FINAMOR une source d'énonciation non genrée, donc ouverte (puisque FINAMOR est tantôt incarné par des hommes, tantôt par des femmes, tantôt par des non-binaires), voir dans ce poème du 30 octobre 2018 : - Citation :
- Je suis seul.e, et seul.e avec ces autres êtres qui peuplent ma tête, je ne peux non plus ne pas être touché.e, ni réconforté.e. Je ne peux pas ne pas être aimé.e.
Et parfois FINAMOR utilise des tournures inclusives beaucoup moins voyantes, mais épicènes, comme ici le 21/01 : - Citation :
- souvent tard dans la nuit je lis à haute voix
leurs poèmes — parce qu’il me semble que ce sont des prières d’enfant et qu’il faut au moins cette justesse-là pour t’espérer Scezelivo présente aussi un cas intéressant, car il fait un usage très joueur, mutin et très voyant de l'inclusive dans son écriture, à grand renfort de points médians et tournures non-épicènes. Malheureusement, il a supprimé la plupart des textes postés sous Shahzhou Lila et il faudra se contenter du souvenir de ceux-ci. De mon côté, j’aime un peu m’amuser avec elle. Par exemple, comme il est habituel pour mes lecteur·ices de me lire en inclusive, iels savent que je n’emploie jamais « hommes » pour parler de l’humanité, ou « ils » d’un groupe mixte (ici, effet de connivence). Exemple de ce poème d’août 2018 : - Citation :
- Il existe des choses sérieuses.
Le vin, par exemple, que boivent les hommes. Dans ce poème de septembre 2019 - Citation :
- Visqueux, ils dégoulinent sur les passant·es. Tant et si bien
Que les passant·es lèvent le nez vers les fenêtres, tant et si bien J’ai créé une rime non programmée : la syllabe de fin du premier vers se voit rappelée au vers suivant, mais sans que ce son ne soit déterminé à l’avance par autre chose que le choix du / de la lecteur·ice. Je pense aussi à ce poème d’octobre 2018, « Ils ou bien » : - Citation :
- Bien qu'ils/elles soient fulgurants
Et que la lune les touche Et qu'on en vienne aux mains Ça pourrait être un souffle.
Quoiqu'on dise de leur destin Ils ou bien elles vous touchent Et ce n'est pas ma bouche. Ou ça peut être une bouche.
Malgré la force du venin Je crois qu'en vous je viens Ça pourrait n'être que pire Et qu'on ne sache que dire. Il joue sur l’oscillation générique (de quel groupe parle-t-on ?), résolue dans la dernière strophe par le « vous » qui les inclut toutes ensemble sans être genré, sorte de chute par les choix grammaticaux. |
| | Nombre de messages : 97 Âge : 31 Date d'inscription : 21/08/2017 | Nekoblast / Pippin le Bref Lun 28 Oct 2019 - 18:12 | |
| Pour moi l’important c’est le côté pratique, surtout quand je vois le fait d’imposer ce style d’écriture dans la vie de tout les jours. Vous parlez des générations futures, mais ça vas être très compliqué si l’écriture inclusive devient la norme, on leur apprendra une manière d’écrire et de parler qui seront en désaccord avec énormément de livre (je pense pas que soit prévue de réécrire les Jules Verne en écriture inclusive) du coup ils vont passer à côté, c’est dommage, sauf quelque un qui auront prévue d’apprendre le nouveau vieux français. Et surtout je ne vois pas comment ce genre d’écritures fait pour être clair, certes je n’est pas les codes, mais les exemples montrait ne m’inspire pas du tout. J’aimerais bien lire un livre qui utilise ce genre de code et voir ce que cela peut donner sur un récit complet, voir si c’est clair, voir si on est encore apte à comprendre ce que chaque personnage apporte et fait dans le récit, s’attachait à eux. Et comme je l’ai dit à la fin de mon poste au pire utilisé une autre langue, il doit bien y avoir une langue neutre. |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 18:33 | |
| Jules Verne = je dois dire que... à l'idée qu'on puisse remanier en inclusif la bibliothèque verte comme on a ôté les subjonctifs et parfois le passé simple des bibliothèque rose >>> j'ai une giga-pétoche !
Concernant l'apprentissage par les enfants... j'ai envie d'y croire, mais dois bien avouer que ce n'est pas gagné d'avance. Quand je vois ma nièce (pourtant une môme intelligente) accumuler les fautes d'orthographe, accord, conjugaison, alors qu'elle est en CE1, je ne suis pas rassurée. Bon, d'accord, à son âge, je me sentais déshonorée si j'avais moins de 18 en dictée, et il y avait tout de même des élèves habitués à 12 ou 13... mais tout de même. L'an dernier, je lui ai compté 102 fautes sur un truc qui, une fois retapé sur traitement de texte, tenait en une page. Or, il semble qu'elle soit une des meilleures de sa classe ! (les critères de notation ont visiblement beaucoup changé). Bref... malgré tout mon envie de penser qu'ils arriveront à maîtriser ça, je ne peux pas être 100% optimiste sur l'ajout de nouvelles règles qui, en effet, vont compliquer l'apprentissage. Je croirais nettement plus à l'instauration d'une langue neutre (c'est à dire à la suppression du féminin). |
| | Nombre de messages : 2194 Âge : 38 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 18/04/2017 | Silence écrit / Péril 666 Lun 28 Oct 2019 - 18:42 | |
| - Citation :
- on leur apprendra une manière d’écrire et de parler qui seront en désaccord avec énormément de livre
Ci-dessous, en spoiler, le premier chapitre des Misérables en écriture inclusive. - Spoiler:
En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siège de Digne depuis 1806.
Quoique ce détail ne touche en aucune manière au fond même de ce que nous avons à raconter, il n’est peut-être pas inutile, ne fût-ce que pour être exact en tout, d’indiquer ici les bruits et les propos qui avaient couru sur son compte au moment où il était arrivé dans le diocèse. Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes et des femmes tient souvent autant de place dans leur vie et souvent dans leur destinée que ce qu’iels font. M. Myriel était fils d’un conseiller au parlement d’Aix ; noblesse de robe. On contait que son père, le réservant pour hériter de sa charge, l’avait marié de fort bonne heure, à dix-huit ou vingt ans, suivant un usage assez répandu dans les familles parlementaires. Charles Myriel, nonobstant ce mariage, avait, disait-on, beaucoup fait parler de lui. Il était bien fait de sa personne, quoique d’assez petite taille, élégant, gracieux, spirituel ; toute la première partie de sa vie avait été donnée au monde et aux galanteries.
La révolution survint, les événements se précipitèrent ; les familles parlementaires, décimées, chassées, traquées, se dispersèrent. M. Charles Myriel, dès les premiers jours de la révolution, émigra en Italie. Sa femme y mourut d’une maladie de poitrine dont elle était atteinte depuis longtemps. Ils n’avaient point d’enfants. Que se passa-t-il ensuite dans la destinée de M. Myriel ? L’écroulement de l’ancienne société française, la chute de sa propre famille, les tragiques spectacles de 93, plus effrayants encore peut-être pour les émigré·es qui les voyaient de loin avec le grossissement de l’épouvante, firent-iels germer en lui des idées de renoncement et de solitude ? Fut-il, au milieu d’une de ces distractions et de ces affections qui occupaient sa vie, subitement atteint d’un de ces coups mystérieux et terribles qui viennent quelquefois renverser, en le frappant au cœur, l’homme ou la femme que les catastrophes publiques n’ébranleraient pas en lea frappant dans son existence et dans sa fortune ? Nul·le n’aurait pu le dire ; tout ce qu’on savait, c’est que, lorsqu’il revint d’Italie, il était prêtre.
En 1804, M. Myriel était curé de B. (Brignolles). Il était déjà vieux, et vivait dans une retraite profonde.
Vers l’époque du couronnement, une petite affaire de sa cure, on ne sait plus trop quoi, l’amena à Paris. Entre autres personnes puissantes, il allait solliciter pour ses paroissien·nes M. le cardinal Fesch. Un jour que l’empereur était venu faire sa visite à son oncle, le digne curé, qui attendait dans l’antichambre, se trouva sur le passage de sa majesté. Napoléon, se voyant regarder avec une certaine curiosité par ce vieillard, se retourna, et dit brusquement :
— Quel est ce bonhomme qui me regarde ?
— Sire, dit M. Myriel, vous regardez un bonhomme, et moi je regarde un grand homme. Chacun de nous peut profiter.
L’empereur, le soir même, demanda au cardinal le nom de ce curé, et quelque temps après M. Myriel fut tout surpris d’apprendre qu’il était nommé évêque de Digne.
Qu’y avait-il de vrai, du reste, dans les récits qu’on faisait sur la première partie de la vie de M. Myriel ? Personne ne le savait. Peu de familles avaient connu la famille Myriel avant la révolution.
M. Myriel devait subir le sort de tout·e nouveau·elle venu·e dans une petite ville où il y a beaucoup de bouches qui parlent et fort peu de têtes qui pensent. Il devait le subir, quoiqu’il fût évêque et parce qu’il était évêque. Mais, après tout, les propos auxquels on mêlait son nom n’étaient peut-être que des propos ; du bruit, des mots, des paroles, moins que des paroles, des palabres, comme dit l’énergique langue du midi.
Quoi qu’il en fût, après neuf ans d’épiscopat et de résidence à Digne, tous ces racontages, sujets de conversation qui occupent dans le premier moment les petites villes et les petites gens, étaient tombés dans un oubli profond. Personne n’eût osé en parler, personne n’eût osé s’en souvenir.
M. Myriel était arrivé à Digne accompagné d’une vieille fille, mademoiselle Baptistine, qui était sa sœur et qui avait dix ans de moins que lui.
Ils avaient pour tout domestique une servante du même âge que mademoiselle Baptistine, et appelée madame Magloire, laquelle, après avoir été la servante de M. le curé, prenait maintenant le double titre de femme de chambre de mademoiselle et femme de charge de monseigneur.
Mademoiselle Baptistine était une personne longue, pâle, mince, douce ; elle réalisait l’idéal de ce qu’exprime le mot « respectable » ; car il semble qu’il soit nécessaire qu’une femme soit mère pour être vénérable. Elle n’avait jamais été jolie ; toute sa vie, qui n’avait été qu’une suite de saintes œuvres, avait fini par mettre sur elle une sorte de blancheur et de clarté, et, en vieillissant, elle avait gagné ce qu’on pourrait appeler la beauté de la bonté. Ce qui avait été de la maigreur dans sa jeunesse était devenu, dans sa maturité, de la transparence ; et cette diaphanéité laissait voir l’ange. C’était une âme plus encore que ce n’était une vierge. Sa personne semblait faite d’ombre ; à peine assez de corps pour qu’il y eût là un sexe ; un peu de matière contenant une lueur ; de grands yeux toujours baissés ; un prétexte pour qu’une âme reste sur la terre.
Madame Magloire était une petite vieille, blanche, grasse, replète, affairée, toujours haletante, à cause de son activité d’abord, ensuite à cause d’un asthme.
À son arrivée, on installa M. Myriel en son palais épiscopal avec les honneurs voulus par les décrets impériaux qui classent l’évêque immédiatement après le maréchal de camp. Le maire et le président lui firent la première visite, et lui de son côté fit la première visite au général et au préfet.
L’installation terminée, la ville attendit son évêque à l’œuvre.
Illisible, pas vrai ? |
| | Nombre de messages : 14292 Âge : 49 Localisation : Côte d'Or & d'Opale Pensée du jour : Confiance et longueur de Temps... Date d'inscription : 11/01/2013 | Séléné.C / La femme qui tomba amoureuse de la lune Lun 28 Oct 2019 - 19:24 | |
| On ne voit quasiment pas la différence, et même, il faut la chercher Mais - encore une fois : comment faut-il prononcer le lea ? "Léa" ou "Leha" ? Si tel est le cas, cela consiste à établir un neutre. "Le ou la" / "Le et la" ? - il n'y a pas d'adjectifs accordés, difficulté un peu plus complexe, du moins pour ceux qui au masculin se terminent par une consonne. - ce chapitre ne comporte pas beaucoup de phrases où une hésitation entre les deux genres se pose. Sur un roman pour enfants mettant en scène deux enfants, ce serait autre chose.
Je sais que j'insiste beaucoup sur le "comment ça se prononce", mais pour moi, c'est important. La poésie comporte des œuvres tendant vers le graphique et non seulement vers le phonique, mais c'est une situation particulière. Sur les romans et les essais, le jeu de visualisation est nettement plus rare et comme les audiobook sont très à la mode (pour ma part, j'y suis encore rebelle, mais j'en vois passer un peu partout), je doute que personne n'ait envie de se demander comment tel ou tel mot doit être prononcé.
Il faudrait aussi prendre en compte le goût, variable selon les époques mais très répandu de nos jours, pour le parler rapide et les mots compactés à l'oral, voire abrégés à l'écrit pour correspondre à la sonorité.
Dernière édition par Séléné.C le Lun 28 Oct 2019 - 19:37, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 2194 Âge : 38 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 18/04/2017 | Silence écrit / Péril 666 Lun 28 Oct 2019 - 19:37 | |
| Faudrait savoir.
On argumente sur "la beauté de la littérature française classique" ou sur "les mots rapides et compacts du français contemporain" ? Sur "l'apprentissage de la langue française se perd" ou sur "les audiobooks deviennent indispensables à toute prise de décision sociale"
J'ai un peu de mal avec cette argumentation, je l'avoue. |
| | | | | | Rédaction épicène / inclusive: compatible avec la littérature? | |
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