Nombre de messages : 10038 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010
Pasiphae/ Truquage geniphasien Mar 29 Mai 2012 - 19:37
Dans l'espace du cerveau, d'imaginaires roses livrent leur parfum, des vols d'oiseaux, des vols d'étoiles défient la tempête, la pensée dessine le retour de l'instant unique.
Soudain, la peau et la toile de chair hurlent, comme un nouveau-né, terrifié, goulûment. Les tissus enflent pour devenir l'humus de la mort, chair d'homme, une vague opaque balaie les châteaux de sable bâtis par les pensées.
Jamais le plus ardent des poèmes n'élucidera l'aigre et furtive jouissance des sens.
Pentti Holappa dans Les mots longs traduit du finnois par Gabriel Rebourcet
29
L'amour parle sous tant d'apparences. Un train illuminé traverse la chair de la nuit sans bruit, le ciel se voûte à l'invisible, la terre gorgée d'eau halète sans relâche, les étoiles frissonnent, une ville flamboie au centre névralgique de l'âme. Un cri solitaire est emprisonné derrière les dents, il descend la gorge en tourbillonnant puis il arrache les cellules dans sa bourrasque, jusqu'à l'explosion. Ensuite, il pleut comme dans l'espace planétaire, la poussière, le silence.
Pentti Hollapa dans Cinquante-deux traduit du finnois par Gabriel Rebourcet
Tamao est nu
Tamao est là, nu, debout il regarde les étoiles. Maintenant il sait ce qu'est la solitude. Ses doigts palpent sa verge, il fait glisser le prépuce sur le gland jusqu'à ce qu'il le sente dans ses doigts comme une prune mûre. Dans l'ombre une main rassurante apparaît qui caresse ses fesses et ses testicules. Tamao se livre sans question, sans un souffle. Il éjacule sa sève pâle dans la grande paume et un instant plus tard il pleure, car tout est fini. Si Dieu existait, il n'aurait pas disparu.
Pentti Holappa dans La bannière jaune traduit du finnois par Gabriel Rebourcet
Sinon, du même je recommande chaudement Poème de Noël 95 et La mère de l'amant, trop longs pour être recopiés ici
Invité/ Invité Mar 29 Mai 2012 - 19:59
(Pentti Holappa Et oh, je ne connaissais pas le deuxième. Il y a un extrait du Poème de Noël 95 ici.)
Pour continuer dans les poètes nordiques :
Comme une mer gris ardoise
Comme une mer gris ardoise plaine d'hiver mon cerveau dans l'espace
poursuite fugitive du phare mes yeux tombent course en rond
ce que nous appelons terre : les étoiles les plus proches
Inger Christensen
Sentiers de poésie (extrait)
I
Elle a dû vouloir en finir cette lueur de lune d'un gris latin qui astique le crâne chauve du glacier
Dés jetés qu'emporte le courant la rivière du glacier
Pureté de leur forme (sans parler de leur nombre) risiblement sûrs d'eux ballotés comme ils le sont avec la bourbe du fond
Chante donc les déserts oiseau candide ! le rêve de la rivière
(...)
Sigurdur Pálsson
Nombre de messages : 7093 Âge : 42 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
Youth is not a time of life - it is a state of mind, it is a temper of the will, a quality of the imagination, a vigor of the emotions, a predominance of courage over timidity, of the appetite for adventure over love of ease.
Nobody grows old by merely living a number of years. People grow old only by deserting their ideals. Years wrinkle the skin, but to give up enthusiasm wrinkles the soul. Worry, doubt, self-distrust, fear and despair - these are the long, long years that bow the head and turn the growing spirit back to dust.
Whether they are sixteen or seventy, there is in every being's heart the love of wonder, the sweet amazement at the stars and starlike things and thoughts, the undaunted challenge of events, the unfailing childlike appetite for what is to come next, and the joy and the game of life.
You are as young as your faith, as old as your doubt; as young as your self-confidence, as old as your fear, as young as your hope, as old as your despair. When the wires are all down and all the innermost core of your heart is covered with the snows of pessimism and the ice of cynicism, then you are grown old indeed.
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La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l'aventure sur l'amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années ; on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l'âme
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille. Il demande, comme l'enfant insatiable : Et après ? Il défie les événements, et trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute. Aussi jeune que votre confiance en vous-même. Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune, tant que vous resterez réceptif. Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini. Si, un jour, votre cœur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
Nombre de messages : 4283 Âge : 35 Localisation : en exil Pensée du jour : "La dépression nerveuse. Histoire de papillons." Yves Saint Laurent Date d'inscription : 14/01/2008
Ludwig Saint Laurent/ Photographe de particules Ven 22 Juin 2012 - 21:31
Mirage
Il ne pleut plus que sur les arbres et sur ma tête. La route est plus éclatante qu'un linge, plus aveuglante qu'un miroir et les soldats passent dans un mirage. Moi, je tremble ou de froid ou de peur, entre les lignes compliquées d'une consigne trop sévères. Le seul espoir qui reste est quelques pas pour moi, et la fraîcheur du soir qui me désaltère. Mais, par dessus les refrains et les champs, dans le trait délié de ce cercle infernal où tout est toujours à refaire, où mes meilleurs desseins finissent toujours mal, il ne pleut plus que sur ma tête et sur les arbres
Pierre Reverdy
Nombre de messages : 529 Âge : 30 Pensée du jour : "J'aurai dû écrire sur les rivières secrètes coulant sur Toronto." Date d'inscription : 05/10/2011
Andylan/ Gloire de son pair Mer 22 Aoû 2012 - 0:22
Zone, Apollinaire.
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes La religion seule est restée toute neuve la religion Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières Portraits des grands hommes et mille titres divers
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom Neuve et propre du soleil elle était le clairon Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent Le matin par trois fois la sirène y gémit Une cloche rageuse y aboie vers midi Les inscriptions des enseignes et des murailles Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent J’aime la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes
Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège Tandis qu’éternelle et adorable profondeur améthyste Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ C’est le beau lys que tous nous cultivons C’est la torche aux cheveux roux que n’éteint pas le vent C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité C’est l’étoile à six branches C’est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs Il détient le record du monde pour la hauteur
Pupille Christ de l’œil Vingtième pupille des siècles il sait y faire Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l’air Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder Ils disent qu’il imite Simon Mage en Judée Ils crient s’il sait voler qu’on l’appelle voleur Les anges voltigent autour du joli voltigeur Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane Flottent autour du premier aéroplane Ils s’écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie Ces prêtres qui montent éternellement élevant l’hostie L’avion se pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles À tire-d’aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux D’Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts L’oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes Plane tenant dans les serres le crâne d’Adam la première tête L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri Et d’Amérique vient le petit colibri De Chine sont venus les pihis longs et souples Qui n’ont qu’une seule aile et qui volent par couples Puis voici la colombe esprit immaculé Qu’escortent l’oiseau-lyre et le paon ocellé Le phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre Un instant voile tout de son ardente cendre Les sirènes laissant les périlleux détroits Arrivent en chantant bellement toutes trois Et tous aigle phénix et pihis de la Chine Fraternisent avec la volante machine
Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse de l’amour te serre le gosier Comme si tu ne devais jamais plus être aimé Si tu vivais dans l’ancien temps tu entrerais dans un monastère Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l’Enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C’est un tableau pendu dans un sombre musée Et quelquefois tu vas le regarder de près
Aujourd’hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté
Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartres Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre Je suis malade d’ouïr les paroles bienheureuses L’amour dont je souffre est une maladie honteuse Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie et dans l’angoisse C’est toujours près de toi cette image qui passe
Maintenant tu es au bord de la Méditerranée Sous les citronniers qui sont en fleur toute l’année Avec tes amis tu te promènes en barque L’un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs Et parmi les algues nagent les poissons images du Sauveur
Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout heureux une rose est sur la table Et tu observes au lieu d’écrire ton conte en prose La cétoine qui dort dans le cœur de la rose
Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit Tu étais triste à mourir le jour où tu t’y vis Tu ressembles au Lazare affolé par le jour Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours Et tu recules aussi dans ta vie lentement En montant au Hradchin et le soir en écoutant Dans les tavernes chanter des chansons tchèques
Te voici à Marseille au milieu des pastèques
Te voici à Coblence à l’hôtel du Géant
Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon
Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde On y loue des chambres en latin Cubicula locanda Je m’en souviens j’y ai passé trois jours et autant à Gouda
Tu es à Paris chez le juge d’instruction Comme un criminel on te met en état d’arrestation
Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t’apercevoir du mensonge et de l’âge Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans J’ai vécu comme un fou et j’ai perdu mon temps Tu n’oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter Sur toi sur celle que j’aime sur tout ce qui t’a épouvanté
Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre cœur Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels Quelques-uns de ces émigrants restent ici et se logent Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges Je les ai vus souvent le soir ils prennent l’air dans la rue Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque Elles restent assises exsangues au fond des boutiques
Tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux
Tu es la nuit dans un grand restaurant
Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant
Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey
Ses mains que je n’avais pas vues sont dures et gercées
J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre
J’humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche
Tu es seul le matin va venir Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues
La nuit s’éloigne ainsi qu’une belle Métive C’est Ferdine la fausse ou Léa l’attentive
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances
Adieu Adieu
Soleil cou coupé
Nombre de messages : 1509 Âge : 29 Localisation : entre deux fleuves Pensée du jour : “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.” Date d'inscription : 01/10/2010
Roman russe/ Roland curieux Lun 27 Aoû 2012 - 14:45
(Et celui-ci en français parce que je serai de toute manière incapable de le lire en espagnol) (je trouve Neruda très mignon et très fort dans sa simplicité) (parfois)
Ton rire (Pablo Neruda)
Tu peux m’ôter le pain, m’ôter l’air, si tu veux : ne m’ôte pas ton rire.
Ne m’ôte pas la rose, le fer que tu égrènes ni l’eau qui brusquement éclate dans ta joie ni la vague d’argent qui déferle de toi.
De ma lutte si dure je rentre les yeux las quelquefois d’avoir vu la terre qui ne change mais, dès le seuil, ton rire monte au ciel, me chercha et ouvrant pour moi toutes les portes de la vie.
A l’heure la plus sombre égrène, mon amour, ton rire, et si tu vois mon sang tacher soudain les pierres de la rue, ris : aussitôt ton rire se fera pour mes mains fraîche lame d’épée.
Dans l’automne marin fais que ton rire dresse sa cascade d’écume, et au printemps, amour, que ton rire soit comme la fleur que j’attendais, la fleur guède, la rose de mon pays sonore.
Moque-toi de la nuit, du jour et de la lune, moque-toi de ces rues divagantes de l’île, moque-toi de cet homme amoureux maladroit, mais lorsque j’ouvre, moi, les yeux ou les referme, lorsque mes pas s’en vont, lorsque mes pas s’en viennent, refuse-moi le pain, l’air, l’aube, le printemps, mais ton rire jamais car alors j’en mourrais.
(Bon quand même Keats il est très fort)
Bright Star (John Keats)
Bright star, would I were steadfast as thou art — Not in lone splendour hung aloft the night And watching, with eternal lids apart, Like Nature's patient, sleepless Eremite, The moving waters at their priestlike task Of pure ablution round earth's human shores, Or gazing on the new soft-fallen mask Of snow upon the mountains and the moors — No — yet still stedfast, still unchangeable, Pillow'd upon my fair love's ripening breast, To feel for ever its soft swell and fall, Awake for ever in a sweet unrest, Still, still to hear her tender-taken breath, And so live ever — or else swoon to death.
Invité/ Invité Lun 27 Aoû 2012 - 15:09
Parce qu'il nous manque à tous un peu de Tzara, je l'aurais bien écrit en lettres capitales.
le géant blanc lépreux du paysage
le sel se groupe en constellation d’oiseaux sur la tumeur de ouate
dans ses poumons les astéries et les punaises se balancent les microbes se cristallisent en palmiers de muscles balançoires bonjour sans cigarette tzantzantza ganga bouzdouc zdouc nfoùnfa mbaah mbaah nfoùnfa macrocystis perifera embrasser les bateaux chirurgien des bateaux cicatrice humide propre paresse des lumières éclatantes les bateaux nfoùnfa nfoùnfa nfoùnfa je lui enfonce les cierges dans les oreilles gangànfah hélicon et boxeur sur le balcon le violon de l’hôtel en baobabs de flammes les flammes se développent en formation d’éponges
les flammes sont des éponges ngànga et frappez les échelles montent comme le sang gangà les fougères vers les steppes de laine mon hazard vers les cascades
les flammes éponges de verre les paillasses blessures paillasses les paillasses tombent wancanca aha bzdouc les papillons les ciseaux les ciseaux les ciseaux et les ombres les ciseaux et les nuages les ciseaux les navires le thermomètre regarde l’ultra-rouge gmbabàba berthe mon éducation ma queue est froide et monochromatique mfoua loua la les champignons oranges et la famille des sons au delà du tribord à l’origine à l’origine le triangle et l’arbre des voyageurs à l’origine
mes cerveaux s’en vont vers l’hyperbole le caolin fourmille dans sa boîte crânienne dalibouli obok et tombo et tombo son ventre set une grosse caisse ici intervient le tambour major et la cliquette car il y a des zigzags sur son âme et beaucoup de rrrrrrrrrrrrrr ici le lecteur commence à crier il commence à crier commence à crier puis dans ce cri il y a des flûtes qui se multiplient — des corails le lecteur veut mourir peut-être ou danser et commence à crier il est mince idiot sale il ne comprend pas mes vers il crie il est borgne il y a des zigzags sur son âme et beaucoup de rrrrrrr nbaze baze baze regardez la tiare sousmarine qui se dénoue en algues d’or hozondrac trac nfoùnda nbabàba nfoùnda tata nbabàba
Invité/ Invité Dim 2 Sep 2012 - 19:03
Contre de Michaux
Je vous construirai une ville avec des loques, moi. Je vous construirai sans plan et sans ciment un édifice que vous ne détruirez pas Et qu'une espèce d'évidence écumante soutiendra et gonflera, Qui viendra vous braire au nez, et au nez gelé De tous vos Parthénons, vos Arts Arabes et de vos Mings. Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard et du son de peaux de tambours Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes, Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses, Contre lesquels votre ordre multimillénaire et votre géométrie Tomberont en fadaises et galimatias et poussières de sable sans raisons. Glas ! Glas ! Glas ! Sur vous tous! Néant sur les vivants! Oui! Je crois en Dieu ! Certes, il n'en sait rien. Foi, semelle inusable pour qui n'avance pas. Ô monde, monde étranglé, ventre froid ! Même pas symbole, mais néant , je contre, je contre, Je contre, et te gave de chiens crevés ! En tonnes, vous m'entendez, en tonnes je vous arracherai Ce que vous m'avez refusé en grammes!
Le venin du serpent est son fidèle compagnon. Fidèle et il l'estime à sa juste valeur. Frères, mes Frères damnés, suivez moi avec confiance; Les dents du loup ne lâchent pas le loup. C'est la chair du mouton qui lâche.
Dans le noir, nous verrons clair, mes frères! Dans le labyrinthe, nous trouverons la voie droite! Carcasse, où est ta place ici, gêneuse, pisseuse, pot cassé ? Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre mondes ! Comme je vais t'écarteler !
Nombre de messages : 52 Âge : 33 Localisation : californie Date d'inscription : 01/09/2012
caligula/ Clochard céleste Lun 3 Sep 2012 - 2:07
Samuel Beckett
Cascando
1
why not merely the despaired of occasion of wordshed
is it not better abort than be barren
the hours after you are gone are so leaden they will always start dragging too soon the grapples clawing blindly the bed of want bringing up the bones the old loves sockets filled once with eyes like yours all always is it better too soon than never the black want splashing their faces saying again nine days never floated the loved nor nine months nor nine lives
2
saying again if you do not teach me I shall not learn saying again there is a last even of last times last times of begging last times of loving of knowing not knowing pretending a last even of last times of saying if you do not love me I shall not be loved if I do not love you I shall not love
the churn of stale words in the heart again love love love thud of the old plunger pestling the unalterable whey of words
terrified again of not loving of loving and not you of being loved and not by you of knowing not knowing pretending pretending
I and all the others that will love you if they love you
3
unless they love you
Nombre de messages : 210 Âge : 32 Localisation : Grenoble Pensée du jour : Fuck the water, bring me wine. Date d'inscription : 09/10/2010
With usura hath no man a house of good stone each block cut smooth and well fitting that design might cover their face, with usura hath no man a painted paradise on his church wall harpes et luz or where virgin receiveth message and halo projects from incision, with usura seeth no man Gonzaga his heirs and his concubines no picture is made to endure nor to live with but it is made to sell and sell quickly with usura, sin against nature, is thy bread ever more of stale rags is thy bread dry as paper, with no mountain wheat, no strong flour with usura the line grows thick with usura is no clear demarcation and no man can find site for his dwelling. Stonecutter is kept from his tone weaver is kept from his loom WITH USURA wool comes not to market sheep bringeth no gain with usura Usura is a murrain, usura blunteth the needle in the maid’s hand and stoppeth the spinner’s cunning. Pietro Lombardo came not by usura Duccio came not by usura nor Pier della Francesca; Zuan Bellin’ not by usura nor was ‘La Calunnia’ painted. Came not by usura Angelico; came not Ambrogio Praedis, Came no church of cut stone signed: Adamo me fecit. Not by usura St. Trophime Not by usura Saint Hilaire, Usura rusteth the chisel It rusteth the craft and the craftsman It gnaweth the thread in the loom None learneth to weave gold in her pattern; Azure hath a canker by usura; cramoisi is unbroidered Emerald findeth no Memling Usura slayeth the child in the womb It stayeth the young man’s courting It hath brought palsey to bed, lyeth between the young bride and her bridegroom CONTRA NATURAM They have brought whores for Eleusis Corpses are set to banquet at behest of usura.
Nombre de messages : 1791 Âge : 60 Localisation : un jour ici l'autre là Pensée du jour : Mon âme est à l'océan ce que mon coeur est à l'amour Date d'inscription : 31/07/2012
fleurdepat/ Fiancée roide Mar 4 Sep 2012 - 10:07
II. Le vieillard de Vérone. Heureux celui qui a passé sa vie dans le champ de ses pères ! l’asile de son enfance est encore celui de sa vieillesse. Appuyé sur un bâton, il parcourt les plaines ou se traînèrent ses premiers pas, et date de la même demeure toutes les années de sa longue carrière. La fortune ne l’a pas entraîné dans son tourbillon incertain; voyageur inconstant, il ne s’est pas désaltéré à des fleuves inconnus: marchand, il n’a pas craint le courroux des flots; soldat, les accents de la trompette; plaideur, les bruyants débats du forum. Insouciant des affaires publiques, étranger à la ville voisine, un horizon plus vaste se déroule devant ses yeux. Ce n’est point par le nom d’un consul, mais par ses récoltes périodiques, qu’il compte ses années. Les fruits lui annoncent l’automne; les fleurs, le retour du printemps. C’est dans le même champ, qu’il voit se lever et se coucher l’astre du jour; l’horizon qu’embrassent ses regards est pour lui, simple villageois, le cercle du soleil. Ce vaste chêne, il se souvient de l’avoir vu faible arbrisseau; ces bois qui l’ombragent, il les a vus croître et vieillir avec lui. Il est aux portes de Vérone, et cette ville lui semble plus éloignée que l’Inde brûlante; le Bénac est pour lui la mer Rouge. Ses forces ont triomphé du temps, et sa troisième génération le trouve encore ferme et robuste. Allez maintenant, courez jusqu’aux extrémités de l’Ibérie; vous aurez parcouru plus de chemin, ce vieillard aura plus vécu.
Claudien (épigrammes)
Nombre de messages : 94 Âge : 35 Date d'inscription : 15/06/2012
Jokerman/ Pippin le Bref Mer 5 Sep 2012 - 7:28
Conseil amical à un tas de jeunes gens
Allez au Tibet. Faites du chameau. Lisez la Bible. Teintez vos chaussures en bleu. Laissez-vous pousser la barbe. Faites le tour du monde en canoë de papier. Abonnez-vous au Saturday Evening Post. Ne mâchez que du côté gauche de la bouche. Epousez une unijambiste et rasez-vous avec un coupe-chou. Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez-vous les dents à l'essence. Dormez toute la journée et grimpez aux arbres la nuit. Faites-vous moine et buvez des chevrotines et de la bière. Mettez la tête sous l'eau et jouez du violon. Faites la danse du ventre devant des bougies roses. Tuez votre chien. Présentez-vous comme maire. Vivez dans un tonneau. Fendez-vous la tête avec une hachette. Plantez des tulipes sous la pluie.
Mais n'écrivez pas de poésie.
- Charles Bukowski
Version originale en anglais :
Spoiler:
Friendly advice to a lot of young men
Go to Tibet Ride a camel. Dye your shoes blue. Grow a beard. Circle the world in a paper canoe. Subscribe to The Saturday Evening Post. Chew on the left side of your mouth only. Marry a woman with one leg and shave with a straight razor. And carve her name in her arm.
Brush your teeth with gasoline. Sleep all day and climb trees at night. Hold your head under water and play the violin. Do a belly dance before pink candles. Kill your dog. Run for mayor. Live in a barrel. Break your head with a hatchet. Plant tulips in the rain.
But don't write poetry.
- Charles Bukowski
Nombre de messages : 1509 Âge : 29 Localisation : entre deux fleuves Pensée du jour : “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.” Date d'inscription : 01/10/2010
Roman russe/ Roland curieux Sam 15 Sep 2012 - 12:47
COMPLAINTES VARIATIONS sur le mot "falot, falotte"
Falot, falotte ! Sous l'aigre averse qui clapote. Un chien aboie aux feux-follets, Et puis se noie, taïaut, taïaut ! La lune, voyant ces ballets, Rit à Pierrot ! Falot ! Falot !
Falot, falotte ! Un train perdu, dans la nuit, stoppe, Par les avalanches bloqué ; Il siffle au loin ! Et les petiots Croient ouïr les méchants hoquets D'un grand crapaud ! Falot, falot !
Falot, falotte ! La danse du bateau-pilote, Sous l'oeil d'or du phare, en péril Et sur les steamers, les galops Des vents filtrant leurs longs exils Par les hublots ! Falot, falot !
Falot, falotte ! La petite vieille qui trotte, Par les bois aux temps pluvieux, Cassée en deux sous le fagot Qui réchauffera de son mieux Son vieux tricot ! Falot, falot !
Falot, falotte ! Sous sa lanterne qui tremblote, Le fermier dans son potager S'en vient cueillir des escargots, Et c'est une étoile au berger Rêvant là-haut ! Falot, falot !
Falot, falotte ! Le lumignon au vent toussotte, Dans son cornet de gras papier ; Mais le passant en son pal'tot, Ô mandarines des janviers, File au galop ! Falot, falot !
Falot, falotte ! Un chiffonnier va sous sa hotte ; Un réverbère près d' un mur Où se cogne un vague soulaud, Qui l'embrasse comme un pur, Avec des mots ! Falot, falot !
Falot, falotte ! Et c'est ma belle âme en ribotte, Qui se sirote et se fait mal, Et fait avec ses grands sanglots, Sur les beaux lacs de l'idéal Des ronds dans l'eau ! Falot, falot !
Jules Laforgue
Dernière édition par Paradoxe Néant le Dim 23 Mar 2014 - 16:16, édité 1 fois
Nombre de messages : 529 Âge : 30 Pensée du jour : "J'aurai dû écrire sur les rivières secrètes coulant sur Toronto." Date d'inscription : 05/10/2011
Andylan/ Gloire de son pair Mer 19 Sep 2012 - 11:05
LA MER SUPÉRIEURE, Paul Claudel.
Ayant monté un jour, j’atteins le niveau, et, dans son bassin de montagnes où de noires îles émergent, je vois au loin la Mer Supérieure.
Certes, par un chemin hasardeux, il m’est loisible d’en gagner les bords, mais que j’en suive le contour ou qu’il me plaise d’embarquer, cette surface demeure impénétrable à la vue.
Ou, donc, je jouerai de la flûte : je battrai le tamtam, et la batelière qui, debout sur une jambe comme une cigogne, tandis que de l’autre genou elle tient son enfant attaché à sa mamelle, conduit son sampan à travers les eaux plates, croira que les dieux derrière le rideau tiré de la nue se jouent dans la cour de leur temple.
Ou, délaçant mon soulier, je le lancerai au travers du lac. Où il tombe, le passant se prosterne, et l’ayant recueilli, avec superstition il l’honore de quatre bâtons d’encens.
Ou, renversant mes mains autour de ma bouche, je crie des noms : le mot d’abord meurt, puis le son ; et, le sens seul ayant atteint les oreilles de quelqu’un, il se tourne de côté et d’autre, comme celui qui s’entend appeler en rêve s’efforce de rompre le lien.
Nombre de messages : 32 Âge : 31 Localisation : Lyon Date d'inscription : 18/09/2012
Shunt/ Petit chose Jeu 20 Sep 2012 - 21:30
Voici mes deux préférés !
Arthur Rimbaud - Le dormeur du Val
C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Pierre De Ronsard - Mignonne
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.