Bonjour à tous !

Quel est votre plus beau souvenir lié à l'écriture ? Un moment qui vous a fait particulièrement vibrer dans votre vie d'artiste ? Un moment où vous avez eu une idée incroyable ? Vous buviez votre café, au calme, et d'un coup vous inventez une histoire qui vous suivra vos dix prochaines années ? Ou alors le moment où vous avez terminé votre 1er jet, ou le 14ème ?

Quand j'ai commencé mon premier roman, je pensais que le jour où je mettrais le point final, il se passerais un truc de déglingo dans ma tête. Au final, c'était pas si dingue que ça, je me suis juste rendu compte que j'allais devoir le réécrire une deuxième fois

Par contre, ce "feu d'artifice émotionnel", je l'ai eu il y a deux jours, lorsque j'ai envoyé mon premier roman à un correcteur pro (pour avoir un roman propre vu que je l'auto-publie). Je m'attendais vraiment pas à être aussi heureux, juste avec quelques mails échangés. Mais c'est à ce moment-là que je me suis dit, ça y est, c'est du sérieux . Du coup, grosse explosion de joie, grosse introspection sur le chemin parcouru, grand sentiment de gratitude, etc.

Je me suis aussi rendu compte que ça ne servait à rien (pour moi) d'écrire en rêvant du jour où on met le point final, ou du jour où on publie, etc. Anticiper son bonheur, c'est pas une très bonne idée. C'est pas quelque chose qui se prépare. Par contre, ce "feu d'artifice émotionnel" peut arriver à n'importe quel moment quand on ne s'y attend pas. Et c'est juste exceptionnel

A vous de lâcher vos plus beaux souvenirs maintenant

Bonjour, c’est un très beau topic  
Le 1er janviers 2021, le jour où mes parents m'on fait le plus beau cadeau du monde en me laissant enfin exister sur ce forum. Ils m'ont donné la liberté d'écrire et de publier sans vérifier ou lire mes écrits. Je me suis senti infiniment libre. C'est un de mes plus beaux souvenirs car j'ai sû que j'appartenais dorénavant à un groupe: les JE et que j'avais une voie: l'écriture. Quand on est adolescent voire un instant de lucidité dans lequel tu ne te sens pas perdu, c'est rare.
Maintenant à chaque fois que je reçois un commentaire positif sur JE, le moment se grave dans ma mémoire, car je n'ai rien connu de plus gratifiant que de sentir que ce que j’écris est aimé.  
Même si je n'es pas vraiment un talent pour l'écriture j'écris car ça m'apporte un but dans ma vie.
À bientôt

Allez, je le dis, même si le contrat n'est pas encore signé : l'acceptation de mon premier thriller par une ME qui correspond tout à fait à ce que je recherche.

En plus, le début du mail disait qu'ils avaient aimé "mais que... etc... " et donc, j'ai continué à lire le mail en me disant : "Ok, c'est foutu, c'est un "non" bien emballé, mais un "non", quoi... "

Or, la suite du mail était... un "oui" !!!     

J'ai dansé dans mon salon en sautant et en hurlant de joie. 

Après, j'ai fait un mail "normal" pour dire que j'étais contente, mais sans dire que j'étais devenue folle à lier en lisant leur mail... 

Spoiler:

Ah, au fait, CYRANOSAURE : rien à voir, mais on va relever la note de ton avatar : au moins à 16/20, quoi !!! 

Je dois avouer que mon meilleur souvenir, c'était de gagner ce concours d'histoires pour Disneyland Paris, il y a quelques années. Je ne pensais pas que c'était possible, comme je suis une professionelle à me rabaisser constamment. Ensuite j'ai gagné un concours pour l'université, le concours annuel, c'était extra aussi, mais pas aussi incroyable à mes yeux

J'en ai tellement en vrai... toutes les fois où je pleurais toutes les larmes de mon corps parce que overdose de drama pour mon pauvre perso (auto-infligé donc hein, concrètement xD), les fois où on m'a fait des compliments marquants sur certains passages...

Mais le premier qui m'est venu à l'esprit là tout de suite c'est lors de la Japan Expo 2017 (je crois 2017 ?) j'étais montée à Paris (enfin banlieue proche) occuper la maison de mes parents où j'hébergeais deux exposantes. J'ai fait la matinée du premier jour et l'aprèm du dernier à l'expo, et tout le reste du temps, j'étais complètement seule dans cette immense baraque avec jardin et j'écrivais. Juste. Non-stop. J'étais lancée et limite ça me contrariait quand elles rentraient le soir et que ça m'obligeait à faire une pause pour le repas et tout xD
Et en fait un moment donné au milieu d'une scène, cette musique est passée : https://www.youtube.com/watch?v=4h6dB3-b7yY
Et j'étais calée dans ma chaise, les bras derrière la tête, avec les yeux dans le vague à visualiser passivement ce que fabriquaient mes persos dans ma tête, et je regardais le jardin par la fenêtre avec un temps orageux mais ensoleillé, un vent tout doux, et je me sentais juste tellement bien.

J'ai même immortalisé ce que j'avais sous les yeux :


Avec les branches qui oscillaient au vent et des oiseaux qui chantaient <3

Félicitation Plumerose !

Mon plus beau souvenir, c'est après avoir écrit mes deux premiers romans, je n'en étais pas entièrement satisfaite. Je cherchais l'histoire de mon troisième roman, je comptais faire un spin-off de mon premier. Puis il y a eu un timing de malade où absolument tout ce qui m'entourait me conduisait à Orwell. Je ne le connaissais que en tant que auteur, mais voilà, un documentaire sur lui est passé sur Arte sur lequel j'ai été stupéfaite de sa vie, puis une semaine après, je l'ai étudié en cours sur son rapport à l'écriture et au langage. Là, je l'ai découvert en tant qu'individu chercheur et j'ai eu une révélation. Déjà, j'ai complètement abandonné mon sujet de mémoire pour le faire sur lui, j'ai changé de directeur de mémoire pour prendre ma prof qui l'étudiait et on avait l'air de deux grosses fans à parler de lui J'ai même lu tous ses écrits politiques
A partir de là, y a eu un avant et un après dans mes écrits. Déjà, j'ai complètement changé de genre (avant je n'écrivais que de la fantasy et je suis passée à la dystopie), puis j'ai changé mon approche de la narration, du scénario etc. J'ai terminé mon troisième roman et j'en suis pleinement satisfaite. Je dirais que grâce à lui, j'assume pleinement ma personnalité dans mes romans alors qu'avant, j'avais tendance à vouloir plaire. Et même s'il m'inspire, je ne suis pas fanatique au point de vouloir faire comme lui, je suis vraiment moi.
Je sais pas pourquoi c'est tombé sur cet auteur, surtout que je trouve quand même beaucoup de défauts à ses romans, mais je sais pas, de le voir au delà de son statut d'auteur, y a eu un déclic dans ma tête.

Alors mon plus beau souvenir lié à l'écriture remonte, pour le raconter je suis même obligée de commencer par un : "Il y a très longtemps" ^^
Il y a très longtemps donc, j'avais onze ans, j'étais en 6eme et j'avais cette rédaction à rendre pour le lundi. Je devais imaginer et écrire, je ne sais plus si c'était la suite ou un chapitre à intercaler, du livre "L'enfant noir" de Camara Laye. Je me souviens, j'étais dans ma chambre, dans mon lit . Cela ne m'étonnerait pas de moi de me rappeler qu'on devait être le dimanche soir et que je devais être en train de faire discrètement les devoirs que j'étais censée avoir fait le matin.
Bref j'étais là à me demander ce que j'allais bien pouvoir raconter. Mon prof de Français était un homme, qui me semblait vraiment vieux à l'époque. Maintenant en y réfléchissant, je crois bien qu'il devait avoir mon âge d'aujourd'hui. Bref il était vraiment très gentil. Je ne sais pas comment le dire autrement, vous voyez ce prof bienveillant, qui ne note pas sévère, qui ne s’énerve jamais ? Monsieur M. était un prof gentil. Du haut de mes onze ans j'en avais parfaitement conscience. Je savais que je pouvais expédier ma rédac en 5/5 et que je n'aurais pas une note pourrie. Mais vu qu'il était gentil j'avais envie de faire un effort.

J'avais plus survolé que lu le livre en question donc l'exercice était encore moins évident. Je revois la feuille vierge devant moi,  le stylo plume à encre turquoise dans mes mains. Et puis LE truc. Cela m'est littéralement tombé dessus. J'ai senti que ça s'enclenchait. Cette sensation que toutes mes idées étaient plus géniales les unes que les autres. Ces phrases qui se déversaient de mon cerveau directement sur le papier. Ce sentiment indescriptible de toute puissance créatrice. Bon d'accord, à l'époque je ne mettais pas ces mots là sur cet état. Là ce sont mes mots d'aujourd'hui placés sur ce souvenir qui reste extrêmement vivant à mon esprit. Ma première fois. LA première fois où j'ai vraiment écrit, en étant dans ce que j'écrivais, en sortant quelque chose de moi pour le poser sur une feuille.
Ce soir là j'avais écrit six pages doubles, raturées, bourrées de fautes de grammaire, d'orthographe, d'accords... mais au delà de l'histoire que je voulais raconter, j'avais couché sur le papier les sentiments, les pensées, les sensations d'un personnage totalement fictif.
Le lundi, j'avais remis le tout à Monsieur M., il avait semblé étonné du volume de ma copie mais n'avait rien dit. Le lendemain, il m'a demandée de rester après le cours au lieu d'aller en récré. Pendant que mes camarades de classe quittaient la salle, il est allé chercher les deux autres profs de français du collège.
Et là il a lu mon texte à haute voix.
Il faut bien comprendre la scène : moi onze ans, déjà entrée dans mon adolescence complexée, assise entre Madame La-prof-de-français-que-les-élèves-voulaient-pas-avoir  et Madame La-prof-de-français-des-troisièmes à écouter Monsieur M. lire MON texte. A l'écouter dire combien c'était bien pour mon âge, à l'écouter dire combien il était fier de moi. Et surtout à l'écouter me dire que j'étais douée. Un adulte, un professeur de français venait de me dire que j'étais douée. Oui il avait dit aussi que je devais encore travailler tout cela, et même travailler dur. Mais il avait dit, devant ses pairs, que j'étais douée.
Oh bien sûr Madame La-prof-de-français-que-les-élèves-voulaient-pas-avoir a bien tenté de dire que c'était tout de même rempli d'horribles fautes de concordance de temps. Mais moi je l'écoutais à peine. Monsieur M. , lui venait de m'offrir un magnifique cadeau.

Et puis j'ai grandi, et puis je n'ai pas travaillé aussi dur que je devais. Après le lycée, j'ai eu l'occasion de récupérer l'adresse de Monsieur M. Alors, je lui ai écris. Comme ça. Juste pour donner des nouvelles. Il m'a répondu, touché par mon geste. Nous avons échangé deux, trois lettres. Il m'a même envoyé un exemplaire dédicacé du  roman qu'il venait d'écrire.
Et puis la vie a fait que. Un jour, je crois, j'ai dû ne pas prendre le temps de répondre. Ou peut-être que j'ai oublié de poster ma lettre, oui à l'époque les mails n'étaient pas vraiment systématiques pour tout le monde. J'ai appris qu'il avait pris sa retraite. Un jour j'ai vu qu'il faisait une dédicace à la fnac pas loin de chez moi. Je jure que je voulais y aller, ça je m'en souviens. Par contre impossible de me rappeler pourquoi je ne l'ai pas fait.
Et puis il y a quelques années, j'ai appris qu'il avait mis fin à ses jours. De façon terrible pour une raison qui elle était terriblement triste.

Je ne lui avais jamais reparlé de ce jour là et de ce qu'il avait fait de si grand pour la petite fille de onze ans que j'étais. Ce ne sont pas tant ses félicitations et ses encouragements que je retiens c'est surtout qu'en les formulant, en les mettant en scène de cette façon, il a su graver en moi pour toujours le souvenir de ma première rencontre avec l'écriture, me montrer aussi que l'on pouvait toucher des gens en s'exprimant par écrit. Et je suis certaine qu'il le savait .
Donc mon meilleur souvenir d'écriture c'est d'avoir eu la chance de rencontrer un homme bon qui était un professeur exceptionnel. Ou un bon professeur qui était aussi un homme exceptionnel.


Ma rédac doit encore traîner dans un carton chez mes parents , religieusement conservée, avec toute ma scolarité, par l'amour maternel. Il m'est arrivé de la relire il y a aussi très longtemps. Eh bien, Madame La-prof-de-français-que-les-élèves-voulaient-pas-avoir avait bien raison ! ^^

Bonsoir,

Merci à tous pour vos histoires très touchantes !


Cyranosaure : ils sont super gentil, tes parents. Tu es jeune, j'ai commencé à écrire des fanfics sur des forums pokémon à 14 ans, ça me rappelle des souvenirs. . Pas besoin de talent particulier pour écrire. Si t'es passionnée, si tu travailles, tu vas pondre de jolis romans, voilà tout . Tu as raison sinon, c'est très gratifiant d'avoir des retours sur son travail. On ne s'en lasse jamais.

Plumerose : l'ascenseur émotionnel de dingue... Félicitation, j'espère que ça va bel et bien se concrétiser ! La danse dans le salon devait être mythique ! J'imagine bien aussi la politesse de circonstance dans ces moments-là, à base de "je vous remercie pour votre réponse" et de "bien cordialement"

Circle of justice : Bien ouej ! Le pic de confiance et de fierté que tu as du avoir

Apolag : Ces moments d'extrêmes productivités sont des moment bénis, en tout cas comme tu le racontes ça avait l'air d'être super agréable, limite de la méditation, mais productive.

Hodobema : Je comprends la sensation d'enfin trouver son écriture, son style, si c'est ce à quoi tu fais référence. Quand j'étais gamin, j'écrivais pour moi, puis à un moment, j'écrivais pour plaire, et à un moment, j'ai eu ce déclic, où je me suis remis à écrire dans mon propre style, quelque chose qui me fait marrer. C'est cool qu'en tout cas cet auteur t'ai donné ce déclic !

Diane SLG : que dire ? C'est hyper touchant comme anecdote, j'avais les larmes aux yeux sur la fin. Cet homme avait vraiment l'air d'être quelqu'un de bienveillant. Des profs comme ça, c'est beau. D'avoir fait la démarche de montrer ton texte à d'autres profs... c'est super gentil et encourageant, surtout à l'âge que tu avais ! ça me rappelle ma prof de français en 4ème qui lisait mes expressions écrites à l'orale devant toute la classe, mes rares moments de gloire à l'époque x). C'est fou, on ne se rend pas compte, mais les profs peuvent vraiment nous marquer à vie.

Je serais curieuse de savoir combien d'entres nous ici ont eu la chance de rencontrer un prof pour les encourager à un moment ou un autre. mesurer leur impact dans nos désirs d’écriture, Je suis sûre qu'il doit y en avoir beaucoup.

En tout cas, merci pour ton sujet qui m'a permise d'évoquer ce souvenir. Cela m'a aussi fait bien plaisir de parler de Monsieur M.

Je pense que le plus beau souvenir d'écriture est le jour où le thème de mon premier roman m'est apparu.

C'était au cours de recherches généalogiques, je suis tombée sur un fait très étrange, impossible et là, je me suis dit : je vais écrire cette histoire. A partir de là, tout s'est enchaîné. Cette histoire semblait m'attendre et  j'ai écrit ce roman (j'avais 54 ans, je précise qu'il n'y a pas d'âge pour commencer quelque chose).

Un autre souvenir très heureux : le jour où j'ai entendu le message laissé par mon éditrice sur mon répondeur...ce roman qui avait tellement voulu naître allait être publié.

"Un truc de dingue"  

Les soirées d'écritures que je n'ai pas encore faites...

La fin du premier jet de mon premier roman.

C'est une histoire que j'ai porté pendant des années et des années. Ma grande-tante l'avait lu dans sa première version et m'avait encouragé mais je n'avais pas réussi à le finir à 16 ans. A 23 ans, j'ai voulu reprendre en créant un genre de plan mais au bout de 25 pages reblote, j'étais bloquée. A 28 je m'y suis encore remise, cette fois en passant plus de 6 mois juste dans la construction de l'univers et de la réflexion de l'histoire. Et... impossible de réussir à me lancer, peur d'échouer encore une fois.
Alors j'ai décidé d'utiliser ce formidable outil qu'est internet et j'ai trouvé des plateformes d'auteurs (dont vous) et ça a suffit à me porter pendant 9 mois jusqu'à... écrire le mot fin.
J'ai dansé juste après et l'euphorie ne m'as pas quitté pendant un long moment.

Je n'ai plus ressenti cette joie, car maintenant je SAIS qu'un premier jet est loin de suffire à faire un roman mais j'étais fière d'y être parvenue

Oui j'ai eu des professeurs qui m'ont complimenté sur mes rédacs, je crois bien que c'est ce qui m'avait poussé à vouloir écrire une histoire la première fois.

Mon deuxième plus beau souvenir est celui de l'histoire écrite en classe de CM1. On devait imaginer le monde de demain et je me rappelle avoir rencontré un franc succès avec mon histoire d'extraterrestre qui avait été adopté par toute la classe et développé en mini-roman. Quel plaisir de construire cette histoire !

J'espère continuer à m'éclater dans ce domaine encore longtemps

Y'a pas de quoi Diane SLG !

Anna Labrousse : Haaa ça a dû être génial d'écouter ce message, j'imagine que tu as dû le réécouter à l'infini avant de t'endormir x'). Sinon tu as raison, y'a pas d'âge pour commencer, quand on a envie, c'est dommage de se freiner par rapport à un détail comme ça.

Séléné-C : je ne savais pas ce que c'était, il faudrait aussi que j'essaye, ça a l'air sympa et encourageant comme concept ! (si tu parles bien des Nuits de l'écriture). Surtout que j'adore écrire à des heures pas possible.

Paige_eligia : La petite danse de la victoire, elle fait toujours plaisir ! Je comprends tout à fait ton parcours, j'ai eu à peu près le même. Idée de roman dans l'adolescence, puis après, on se laisse porter par la nouvelle vie d'adulte... et un jour, on s'y remet ! Du coup, je suis content pour toi, tu as finalement réussi. C'est vrai que s'inscrire sur un forum, rencontrer de nouveaux auteurs, c'est formidable pour se motiver à aller au bout. Quand on est seul dans sa passion et que personne ne nous lit, ça donne pas toujours envie de continuer ! Trop mignon le coup du mini-roman en CM1.

J'adore lire vos témoignages, ça fait tellement plaisir. Merci pour le topic, Fiction

De mon côté, il y a vraiment beaucoup de moments wahou. En écriture, en même temps, je me sens vraiment pleinement moi-même. Du coup, je vais citer deux passages qui m'ont bouleversée.

1) Quand j'ai recommencé à écrire à la main.
Pour la petite histoire (et en vous épargnant les violons et les larmes de Fantine), j'ai vécu des moments durs à l'adolescence (no shit, Sherlock !) où j'ai appris entre autres que ma petite personne cumulait l'avance intellectuelle avec un asperger pas piqué des hannetons et une dysgraphie carabinée. Dysgraphie qui me causait des douleurs dans les bras, des migraines, une lenteur terrible à l'écriture qui gangrénait complètement mon parcours scolaire, et une honte indescriptible devant l'espèce de bouillie en pattes de mouche que produisaient mes doigts avec un stylo.
Une bonne année de rééducation plus tard, le malaise ne se dissipait pas. J'avais droit à un ordinateur pour l'école et pour le bac, heureusement. Mais je craignais l'écriture à la main comme une sorte de succube : extrêmement tentante et foutrement diabolique.
Et un jour, j'ai compris que j'allais perdre l'écriture. Ca a commencé quand je me suis rendue compte, en remplissant des formulaires et des paperasses, que j'oubliais comment dessiner les lettres. Quel froid constat ! Mes mains oubliaient l'écriture, tout simplement.
Ca m'a rendue... folle de rage. Les jours suivants, j'avais des piles de carnets et de stylos prêts à l'usage.
Ca a été douloureux, laborieux.
Et puis... Et puis.
J'ai fini de remplir un carnet. J'en ai pleuré de joie, bon sang. Puis, j'en ai rempli un autre et encore un autre. Tout s'est fluidifié. Finalement, je me suis guérie lentement, moi-même.
Je ne vis plus sans carnet et stylo, depuis ce jour de réalisation.

2) C'est moins percutant, peut-être. Mais la première fois où j'ai réussi à écrire un personnage vraiment complet et vivant, je m'en suis rendu compte le jour où j'ai ébauché sa mort. Une mort nécessaire à l'intrigue, parfaite dans le développement du personnage. Harmonieuse et pleine de sens. Et en l'écrivant, j'ai eu les larmes aux yeux, moi qui ne réagit d'habitude pas tellement aux choses que je raconte. Et c'était beau.