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 [Demi-Nuit 02 mars] Extraits

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Nywth
   
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Nywth  /  Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur.


Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant la Nuit du 16 février.

• Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots.
• Poster un extrait vous engage à commenter ceux des autres.


Pour que ce sujet reste lisible, postez vos commentaires par ici.
 
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J'inaugure modestement avec mon intro. Merci aux commentateurs.

Titre : Punchingball

Citation :
J’ai entendu dire qu’un nouveau-né ressent la tendresse apportée par ses parents dès les premières secondes marquant sa naissance. Il parait que c’est important pour le développement de l’enfant, de sentir quelqu’un proche de lui, cela le rend sociable. La tâche est assez simple quand ledit enfant possède une mère aimante, et c’est encore mieux quand ledit enfant possède un père. Je ne possède ni mère, ni père, et je n’ai pas souvenance d’avoir connu de véritables moments de tendresse. Je ne sais pas pourquoi, peut-être qu’il y a une personne là-haut qui décide, un grand bâtisseur, un grand architecte de l’univers, un créateur d’homme qui a décidé que moi, je n’aurais pas le droit de connaître la tendresse.
Très tôt, on m’a placé dans une famille d’accueil. Enfin, ce n’était ni une famille et il n’y avait pas d’accueil, mais ça s’appelait bien comme ça, « famille d’accueil ». Mes parents d’accueil n’avaient pas d’enfants quand je suis arrivé à l’âge de 18 mois. Les deux travaillaient sans relâche, matin midi et soir. Celui qui jouait office de père était plombier-chauffagiste et il était toujours soit sur la route, soit sous un évier ou un radiateur. Il revenait toujours très tard, vers les dix heures, fourbu par la charge. Quant à ma mère, elle faisait des ménages comme on dit. Elle ne gagnait pas grand-chose, mais avec ça on avait de quoi survivre. Elle n’avait pas le temps de s’occuper de moi, alors on me laissait chez une voisine. Quand la voisine n’était pas là, on me laissait seul. Toutes les marques d’affection, aussi infimes soient-elles, dès le plus jeune âge, sont importantes pour la construction de sa personnalité, c'est ce qu'on dit. Moi je n'avais rien.
Pour compenser le manque d’amour à la maison, je le recherchais à l’école. Dès l’âge de quatre ans je suivais mon palpitant, aveuglément, comme tous les enfants. Toujours, j’ai toujours couru après les filles. En CM2 j’ai pris conscience de ma situation : j’étais amoureux de toutes les filles à la fois. Je débordais d’amour, mais le pire c’est que je n’étais pas crédible. Comment faire croire à Stéphanie qu’elle était la femme de ma vie alors qu’une heure avant je déclarais ma flamme à Léa? Difficile. Je ne saisissais pas. Les filles ne voulaient pas de moi. J’avais l’air ringard. A chaque refus, je sentais mon cœur qui encaissait en silence. Les autres garçons, rien ne les intéressaient, ils ne pensaient qu’à jouer au foot pendant la récré.
Fatalement, j’ai grandi, et ça ne s’est pas arrangé. (...)


Dernière édition par Santanza le Sam 2 Mar 2013 - 23:22, édité 2 fois
 
Zaou
   
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   Pensée du jour  :  Ecrit un peu, un chapitre, un paragraphe, une phrase. Non, même un mot, écrit !
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Zaou  /  Gloire de son pair


Voilà mon extrait de ce soir, c'est le début de mon troisième chapitre. J'ai peu produit comme d'habitude, mais suis pas mécontent de la qualité (v2) :
Citation :
C'était l'aurore, les premiers rayons de soleil flamboyaient dans le ciel. Dans les arbres, fauvettes et chardonnerets lançaient leur joyeux chant du matin. Une chaumière à pans de bois se dressait là, isolée, à quelques pas de l'orée de la forêt. Une belette, les moustaches souillées de sang, surgit d'un trou caché, scruta les environs, puis s'empressa de traverser le jardin pour se mettre à couvert. La lueur du jour poursuivit son avancée, affleura l'étroite fenêtre de la demeure, et perça le papier huilé recouvrant le châssis. Dans la chambre, Aurèle se réveilla aussitôt. Il se redressa douloureusement sur sa couche, ses vieux membres engourdis par le sommeil ; il les étira, les délia, puis s'engagea dans l'escalier à claire-voie. Une fois en bas, il tira la tenture qui faisait office de porte pour sortir dans le jardin. Là, flatté de la mélodie des passereaux, il arrosa allégrement de pisse les aromatiques bordant le mur. On était déjà à la mi-automne, l'air était frais et faisait hérisser les poils gris de l'ancien ; pourtant, Aurèle s'attarda à admirer le paysage, un sourire suffisant aux lèvres. Vivifié par ce rituel matinal il regagna l'intérieur de la chaumière et s'approcha du feu... celui-ci était éteint. Le sourire disparu. Aurèle se tourna vers un sombre réduit et gronda :
— Debout fieu ! Tu n'as pas mis de bois dans le foyer hier soir, il est plus noir que le croupion d'un moricaud.
Silence.


Dernière édition par Zaou le Dim 3 Mar 2013 - 19:41, édité 4 fois
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Gregor
   
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Gregor  /  Clochard céleste


Allez, je me lance aussi . Il s'agit d'un extrait à peu près au centre du second chapitre de la seconde partie de mon roman. Il s'agit de l'introspection d'un militaire qui vient de se souvenir d'une scène particulière, et dont l'imprégnation vient connoter son attitude dans le présent.

Citation :
Wolf Trine avait conservée sa part de mystère. Deenick avait déjà été réduit à l’état de loque humaine, ses idées de dissidence révoquées par la puissance des instances du Dieu-Machine. Arnoult ne l’avait pas revu. Mais ses mots eux, avaient résonné longtemps encore, tandis qu’il arpentait le sol instable de la plage de Manhattan. Et il avait oublié cet épisode pendant des années. Jusqu’à ce que Viltis vienne parasiter son existence.
Arnoult n’aurait eu qu’une envie en cet instant. Contredire la sage maxime d’un parvenu qu’il avait réduit à l’état de loque. Si Deenick avait eu tort, rien n’aurait si mal tourné. Il n’aurait pas eu à jouer avec la dureté de ses ressentiments. Il n’aurait pas se tenir assis sur un banc terne qui sentait la rouille naissante et la douce aigreur de la déception. Une lucidité glaçante s’empara de lui, fracturant son intimité, liant ses idées de nœuds rouges et sanglants, sales, dérangeants. Arnoult secoua la tête. « Non, ça ne peut pas être aussi simple ». Il retint un rire nerveux, coupable d’avoir pu être trop naïf.
Arnoult était jaloux de Viltis.
L’enfant, hormis son don, ne présentait rien d’extraordinaire. Il soulevait des montagnes, il jouait avec la gravité, mais son intelligence n’avait rien de l’élégance de Flinn. Il se contentait de suivre les principes fondateurs de la Confédération, assortis de bribes que glissait subtilement le Naneyë dans les discours à son apprenti. Viltis s’était même comporté avec un profond irrespect pendant la cérémonie informelle, face au Très Saint Magister. Flinn l’avait repris, mais cela n’effaçait pas l’indécence de son attitude. Il aurait dû avoir plus de pitié et de clémence que n’importe qui d’autre. Viltis était un adolescent de treize ans, pas un combattant. Un enfant, à l’aube de l’âge adulte, qui partageait avec lui le privilège de servir le Dieu-Machine. Viltis n’avait pas choisi de venir à Civimundi. Arnoult savait que sa famille était restée dans un quartier anonyme de Vilnius, et il imagina un instant ce qu’ils devaient ressentir. De la peur, et pas la fierté noble que lui avait inculquée son général de père. Il eut pitié, une seule seconde. Et la haine revint le charger de son fardeau.
Flinn avait tout manigancé. Viltis n’avait rien à voir, il n’était que l’objet d’un pouvoir disputé, un enjeu notable qui pouvait faire pencher la balance des forces en présence si une guerre devait avoir lieu. « Une guerre, oui, mais contre qui ? ». La Confédération ne connaissait qu’un seul ennemi, et celui-ci était purement humain. Les mécréants avaient été réduits à de vieilles réminiscences qu’on agitait devant l’enfant, des contes construits pour inculquer à tous, dès le plus jeune âge, la nécessité de ne pas nuire à la cybercratie. Même les peuples externes, les xénos, constituaient davantage une base d’agents serviles plutôt qu’un danger tangible. Rien n’aurait dû inquiéter Arnoult.
Il sentait pourtant le poids d’une menace sans nom.



Dernière édition par Gregor le Sam 2 Mar 2013 - 23:57, édité 1 fois
 
Nywth
   
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Nywth  /  Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur.


Début d'un roman qui pour le moment s’appellera "L'autoroute".

Citation :
Jidal

Le champ est grand. C’est la première chose qu’on a remarqué en sortant. Que le champ est grand. Un peu comme si nos yeux avaient oublié toutes les autres choses bien plus passionnantes devant nous, les poussières d’étoiles qui paressent douloureusement sous un soleil néronien, les tâches moutonneuses sur les montagnes qui donnent à l’image une allure de vieille photographie noire et blanche. Quand j’étais petit, je croyais qu’avant, le monde était gris, et puis qu’un jour, il y avait eu du rose sur les joues des femmes et du vert dans leurs foulards. Je croyais au « passage à la couleur ». Comme si avant, le bleu n’avait pas le droit d’exister, même dans le ciel.

Jasmine et Marie-Rose sont parties dans un coin, Francis est allé pisser, Lolita commence à marcher devant moi, la main tendue vers l’arrière, comme si elle était sûre que je la suivrai. Le monde sans couleur / gris n’a jamais pu exister, en fait. Il ne pouvait simplement pas oublier ces cheveux qui gambadent devant, sous les rayons roux du soleil. Il ne pouvait pas teindre des mèches si rebelles en noir et blanc. Ou alors, il était con. Je balance mes doigts en avant, je crochète les siens et je la laisse m’entrainer un peu plus loin dans les herbes hautes, douloureuses et sauvages, qui, dans le passé, m’auraient croqué les yeux.

Le champ est grand, loin et près. Lolita m’entraine comme une enfant et sa jupe vole un petit peu sur ses genoux. Elle a maigrit. Devant les montagnes, on dirait un peu une caricature de femme, silhouette trop fine, jambes en bois. Quand elle se retournera, il y aura aussi ses petits seins pointus. D’ailleurs, elle s’est arrêtée, sa main a glissé le long de la mienne jusqu’à toucher le vide, et elle s’est assise dans l’herbe, face à moi. Ses vêtements sont trop larges et presque transparents. Sa bretelle de soutien-gorge noire. Prête à glisser délicatement sur l’épaule si quelqu’un lui demande.

Je me laisse tomber dans les plantes. Mon père me racontait beaucoup d’histoires, quand j’étais plus petit. Qu’elles avaient des lèvres cachées sur les feuilles, et qu’elles voudraient m’embrasser, comme des sirènes, mais que si je touchais leur bouche, je serais transformé en rossignol. Il me disait cela. Il me disait plein de choses, des légendes anciennes et sans fondement, qui prenaient leurs sources dans ces mêmes poussières d’étoiles que nous avons vu tout à l’heure.

Lolita elle aussi regarde un peu les herbes et les deux-trois papillons qui voltigent autour, mais je ne crois pas qu’elle se souvienne. Elle ne sait pas se souvenir. Très jeune déjà, elle avait appris à oublier qu’elle savait ressentir, puis, comme elle ne ressentait plus rien, elle ne trouvait plus de raison de retenir les choses. Alors elle les laissait filer en éclats d’argent entre ses doigts, et elle me regardait quand je la réprimandais, elle ne comprenait sans doute pas pourquoi je ne voulais pas qu’elle se défasse de tout comme ça.


Dernière édition par Nyjée le Dim 3 Mar 2013 - 0:05, édité 2 fois
 
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C'est un bout du chapitre 1 de La vocation, dans son nouvel habillage.
J'en étais au chapitre 21, avant de tout démonter pour reconstruire autrement.
Je verrais à la lumière du jour si je me convainc moi-même.


Citation :


— Vingt-cinq ans, bah alors vous allez arroser ça mam’zelle Aubert ?!

J’avais rosit instantanément au pot aux roses dévoilé. « De quoi je me mêle » je voulais dire, mais j’avais ravalé mes mots aussitôt. Évidement. On ne parlait pas comme ça au chef de file, non. On courbait l’échine, on le respectait parce que c’était un ancien. Toute une vie à la chaîne, métronomée par l’automatisme, pour finir en bout de piste, ça auréolait du respect de l’équipe. Un truc qui m’échappait complètement et dont la perspective me glaçait. C’était l’hiver avant l’hiver, le froid des conduits d’aération, le froid des ouvriers transit de la tâche répétitive, un ballet de gestes conditionnés qui n’appelaient pas la réflexion, seulement la productivité. J’étais très productive, seule raison vraisemblable de cette marque d’attention. Garder le rythme et la cadence de l’étiquetage, ne pas rechigner aux heures supplémentaires quand cela s’avérait nécessaire, ne pas se troubler aux rustreries de la voix tonnante en cas de bourde, tout cela contribuait à faire de moi un élément acceptable. J’esquissais un presque sourire en guise de réponse, et c’est tout. En d’autres circonstances cela aurait semblé faiblard, mais ici cela suffisait pour marquer une forme de politesse. Le brouhaha de la machinerie rendant de toute façon impossible une conversation soutenue, chacun avait repris sa tâche et je m’efforçais de ne plus penser me concentrant sur la flopée de marchandise qui défilait sous mes yeux. Malgré mon application à balayer le trouble de la minute précédente, je restais à la fois dubitative et curieuse de savoir comment l’ancien en était venu à me coller sous le nez, cette échéance que je m’étais bornée à nier. Un foutu hasard administratif sans doute…

Plus tard je réchauffais mon humeur à la saveur d’un café machine fadasse, depuis un mois que je carburais à ce régime, j’avais appris à prendre le temps de la transition. Ne pas retourner trop brutalement à la réalité. Pour ce qu’elle me réservait de toute façon, y avait pas franchement de quoi se presser. Mais j’évitais quand même de m’attarder de trop, la perspective du contact humain me rendant fébrile.


 
Guardian of the Moon
   
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Guardian of the Moon  /  Journal du posteur


Début d'une nouvelle que je posterai bientôt du nom provisoire : "Hommage à Louis".
J'ai bien dit provisoire !


Citation :
La pluie tombe sur la vieille église du village. Je tourne la tête, regarde le vitrail de la Vierge Marie, elle semble pleurer. J’ai presque envie de prendre un caillou et de lui lancer dessus. Elle fait genre d’être triste, mais c’est que du mytho.
Je regarde à nouveau le prêtre qui prononce ce que mes copains appellent les paroles de l’Evangile. Je n’écoute pas, c’est bien trop compliqué pour moi tout ces trucs avec Dieu et tout le tralala. Et dire qu’il n’était pas croyant ! Ironie du sort, ses vieux le sont. « Et ben mon gars, pensai-je, un sourire en coin, si tu voyais tout ce que le prêtre fait pour toi. Et vas-y que j’te lise les paroles Saintes, et vas-y que j’te mette de l’encens. T’inquiète, dans quelques minutes, je viens faire le signe de croix avec une feuille devant toi. Profites du spectacle mon gars, tu me verras pas faire ça tous les jours ». Autrefois, j’aurais bien ri de cette connerie.
Debout, devant le banc en bois de l’Eglise, je scrute la famille de mon ami. Des larmes roulent sur leurs joues. Enfin pas tous. Je remarque bien que sa tante en a un peu rien à faire et n’est là que pour faire comme-ci elle s’intéressait à lui. Mais je ne suis pas dupe et je sais qu’elle n’attend qu’une chose : repartir dans sa merveilleuse maison dans les quartiers chics de Paris. Quand il m’avait dit que sa tante se fichait entièrement de lui, je ne l’avais pas cru.
Bah, d’façon les vieilles dans son genre sont irrécupérables. Et puis, en plus d’être insensible, elle est radine, encore pire que « L’Avare » de Molière. Je me rappelle d’un jour où il m’avait invité à partir en vacances – en fait, c’était un prétexte pour ne pas être seul face à sa famille qu’il qualifiait de pourrie- à Sarlat, en Dordogne. Et elle était là. Quand son neveu lui avait demandé vingt centimes pour s’acheter des sucettes, elle avait feint de ne pas l’entendre. Tu parles ! Il était à trois centimètres d’elle et avait répété sa demande au moins sept fois.
« Rapiat vas ! pensai-je ».


Dernière édition par Guardian of the Moon le Dim 3 Mar 2013 - 17:02, édité 2 fois
 
Topaze
   
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Topaze  /  Chat de Schrödinger


Début d'un possible roman de SF.
Titre provisoire : Inframonde.
L'extrait déborde un peu de 48 mots.


Citation :
Mon cœur perce ma cage thoracique pour éclabousser le plafond.

Repousser les draps humides, au pied du lit. Essuyer la sueur qui perle sur mon front. Faire peu à peu surface, tiré des limbes par cette atmosphère vibrante, qu'on dirait ionisée tant elle laisse un goût métallique persistant dans la bouche. Comme lorsque, gamin, on s'amuse à coller une pile sur sa langue, pour voir.

Une lumière bleue coule des rideaux, s'étend, lascive, sur la mer de draps blancs. C'est l'heure, insomnie. Ma vieille amie.

Je me lève, malmène mon corps encore endormi. Les abdominaux se contractent, protestent. L'air est si lourd que j'ai l'impression qu'il me presse, me plonge sous la surface du matelas.

Ma volonté se contorsionne, se gonfle et je balance mes jambes sur le bord du lit, pose mes doigts de pied sur la moquette qui s'écrase en douceur.

Pas une nuit qui ne m'amène ici. Et quand je dors, je rêve que je ne dors pas. C'est épuisant. C'est usant. Ça me ronge, ça grignote un peu de mon âme.

Je pousse sur mes bras, me penche, et me redresse, planté debout, à côté de mon lit. Sur ma peau encore moite, la fraîcheur nocturne souffle et achève de me réveiller pour les prochaines heures.

Dans le grand miroir de la penderie, mon reflet décharné de trentenaire maladif m'observe dans la semi-obscurité de cette nuit trop claire. La solitude campée sur ses deux jambes. Je lève un bras. On voit toujours mes côtes. Ça ne m'empêche pas de lever le bras, encore. Pour vérifier. Pour toucher. C'est un peu de moi, ces côtes-là, et c'est rassurant de voir qu'elles ne me quittent pas. Point de repère inamovible, pilier de vérité universelle. Mes côtes.

Le silence entrecoupé d'inspirations, entrecoupé d'expirations, se soulève et bourdonne. Sans crier gare, un larsen affreux vrille mes tympans. Je tombe à genoux, mes tempes entre mes poings fermés. Bordel. Même si ça m'arrive toutes les nuits, c'est toujours aussi surprenant et peu supportable.

Le calme, soudain, de nouveau.

Je me relève, encore un peu sonné et m'approche de la fenêtre. Du bout des doigts, j'entrouvre les rideaux et colle mon front brûlant contre la vitre glacée. Derrière la buée, en bas, la rue toujours vide, toujours immobile. Le petit parc, l'herbe qui aurait dû être verte, les bancs, les arbres qui, sans doute, bruissent. Pas dans la chambre. Morne nuit. Dormez tranquilles.

Ce goût métallique, dans ma bouche, se fait plus insistant. Si je suis coutumier des autres symptômes, celui-là n'est pas normal. Je passe les doigts derrière ma lèvre inférieure, pour les tremper dans ma salive. Je les ressors. Pas de sang.

Aux limites de mon champ de vision, un mouvement inattendu fait bondir mon cœur.

Le miroir semble liquide. Sa surface, pourtant parfaitement lisse, me donne l'impression de palpiter. Bordel, je ne rêve pas pourtant. Je le saurais... Je me pince tout de même le nez, au cas où. Dans mes rêves l'air passe quand j'essaie d'expirer par mes narines bouchées.

L'air ne passe pas. Je me sens idiot, mais je sais que je ne rêve pas.

Je tends ma main vers la surface lisse, comme pour toucher l'autre moi. La pulpe de mon index s'écrase contre le verre, froid et dur.

J'ai vraiment besoin de dormir.


Dernière édition par Topaze le Dim 3 Mar 2013 - 11:41, édité 6 fois
 
Gwenouille
   
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Gwenouille  /  Roland curieux


Alors en ce qui me concerne, j'ai rien retouché, j'ai juste écris comme ca venait XD Vous pouvez critiquer :p
J'étais comme entourée de nuages. Entourée de cette mer aux teintes brumeuses qui découlait d'une imagination dont j'étais dépourvue. J'inspirai profondément et caressai de ma main cette douceur opaque. Mes doigts glissèrent sur l'air aussi légèrement que si j'avais été une plume. Comment étais-je arrivée là ?

Lassée de ce paysage monotone, je laissai mes pieds épouser le sol duveteux. Il n'y avait rien à voir, pas plus qu'à entendre. J'avançai probablement vers un ailleurs incertain, mais c'était à mon goût ce que j'avais de mieux à faire pour tromper l'ennuie.

Un homme. Je devais rêver. Alors que je relevai la tête, j'aperçu une forme se détacher de l'horizon. La personne était vêtue de blanc. Et après reflexion, je remarquai que c'était égalemment mon cas. Quand avais-je pris la peine de me changer ? Je me concentrai mais mon cerveau était aussi brumeux que cet autre monde dans lequel j'évoluai. Intérieurement, je priai pour qu'il se retourne. Que cette personne croise mon regard et que je puisse y lire des explications. A mon goût, ça faisait trop longtemps que j'étais coincée dans ce paysage de coton et je commençai sérieusement à suffoquer.

- Suivant !

Hébêtée, je me retournai. Rien. Personne. La voix était comme sortie de nul part. L'homme que j'avais aperçu était en train de disparaître. Et ce n'était pas une blague ; son corps se dématérialisait ! Sans écouter la petite voix qui me susurrait que ce n'était pas possible, qu'un homme ne pouvait pas disparaître de la sorte, je me précipitai vers lui. Je devais le retenir. J'avais des questions. Je ne savais pas bien encore lesquelles, mais j'étais certaine qu'il avait des choses à m'apprendre, des choses que j'avais besoin de savoir.

- Ah, la voilà ! chantonna la voix.

L'homme en question avait tant retenu mon attention que je n'avais pas aperçu les trois personnes qui venaient de faire leur apparition. Le premier ressemblait à mon grand-père. Le dos vouté, la barbe grisonnante et des rides si marquées qu'elles sillonaient son visage du front au menton. Il n'avait pas l'air en forme, et je me demandais quelle raison avait pu le pousser hors de son lit.

Le second était un petit jeune. Enfin "petit" était une façon de parler. On devait bien avoir le même âge, lui et moi

. Juste qu'avec sa peau de bébé, ses cheveux blonds blonds peignés en arrière et les fossettes qui marquaient ses joues d'une touche de charme, il avait l'air plus jeune qu'il ne l'était probablement.

Le dernier, ou plutôt la dernière, était la plus belle femme que je n'avais jamais vue de ma vie. Elle possédait une sorte d'aura qui attirait les regards et, en la voyant, je me doutais des ravages qu'elle devait provoquer parmis ses homonymes masculins. Ses longs cheveux blonds cascadaient jusqu'à sa taille et je pensais à ces créatures de rêves, presque inhumaines, représentées dans les contes pour enfants avec la nette impression de me retrouver face à l'une d'elle.

- Bien, avança le vieille homme en claquant des doigts. Commençons.



Dernière édition par Gwenouille le Dim 3 Mar 2013 - 0:22, édité 2 fois
 
Nywth
   
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Nywth  /  Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur.


Ton extrait est beaucoup trop long, c'est 500/510 mots maximun, Gwenouille.
 
Gwenouille
   
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Voila j'ai modifié Smile
 
Casdenor
   
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Casdenor  /  Barge de Radetzky


Titre provisoire: Le Pacte
Style: fantastique

Citation :
Mirwoël laissa apparaître les ongles qui ornaient ses doigts et sourit. Baneglin s'avança vers elle, l'embrassa tendrement, avant d'aller poser la dague sur une table qui se situait entre la porte et le fauteuil, légèrement sur la gauche. Träfildiel, quant à elle, referma la porte.
« Vous êtes là depuis longtemps ? »
« Regarde-le, tu auras la réponse. »
Asarha peinait apparemment à se relever, et vacilla quelques instants lorsqu'il fut enfin debout. Träfildiel s'approcha de lui et laissa passer sa main dans son dos nu. Ses ongles y tracèrent une longue traîne rouge. Asarha gémit et accrocha l'épaule de la dryade de ses dents. Elle eut un tremblement et le repoussa.
« Cela fait plaisir de te voir. » lacha-t-elle enfin. « Je me demandais si tu allais venir. »
« Menteuse. »
Elle sourit, et laissa tomber la toge qu'elle avait remis sur ses épaules en quittant les rives du lac. Puis, récupérant une chaise, elle s'y installa. Baneglin faisait le tour des lieux et allumait, une à une, de nombreuses autres bougies et des torches, de sorte que bien vite, les lieux furent emplies de mille ombre diverses, courant sur les murs et sur le sol. Un vent froid parvenait de par les meurtrières, sifflant comme un fantôme entre eux. Mirwoël, toujours assise, semblait ne plus leur prêter la moindre attention. En vérité, elle était déjà partie dans ses propres pensées. L'énergie sexuelle la submergeait totalement, comme un alcool trop fort bu à jeun, et ses yeux, mi-clos, ne regardait déjà plus le monde physique, mais se mouvait entre les sons, les ombres et les lumières, les odeurs et les silences qui peuplaient la mélancolie onirique de sa transe. Par moment, sa langue, semblable à celle d'un serpent, s'échappait de sa bouche, s'ébattait dans l'air, et rentrait bien vite se tapir dans son antre.
Cinq minutes passèrent, dans un silence ponctué par les mouvements de Baneglin qui vérifiaient bien que toute les torches et les bougies possibles avaient été allumées. Lorsqu'il eut terminé de faire sa quatrième inspection de la pièce, il alla s'installer près de Mirwoël. Celle-ci tendit sa main et vint le caresser comme s'il s'était agi d'un animal de compagnie. Les dents du loup garou claquèrent dans le vent alors qu'elle retirait furtivement sa main. Tout deux échangèrent un sourire.

(note: je vous lis & commente demain/demain soir probablement, je précise)
http://casdenor.leobaillard.org
 
Etania
   
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   Pensée du jour  :  Il faut me prendre avec un grain de sel. Ou avec un peu d'aneth, c'est toujours bon.
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Etania  /  Autostoppeur galactique


Titre: Le Règne des Hyas
Genre: Roman fantasy

J'ai hâte de vous lire! ^^

Citation :
Dirigé part Lebert, le groupe traversa les portes de la ville et pénétra dans Dendor. Une odeur putride les accueillit, si puissante qu’Amaïa en eut la nausée. Même Armand sortit son mouchoir pour le porter comme un masque.

Autour d’eux pourtant, les rues semblaient relativement propres. Une carcasse d’animal pourrie, des excréments au sol, des murs suintants de pisse et des ordures grouillant de vermine, mais rien de tout cela n’expliquait l’odeur infecte qui régnait sur la ville. Très peu de gens circulaient d’ailleurs, laissant une drôle d’impression et un frisson glacé dans le dos.

Normalement, une cité de la taille de Dendor bourdonnait toujours d’activité. Mais cette journée là, le groupe ne croisa que quelques hommes et une femme sur la rue principale. Amaïa remarqua que tous avaient l’air particulièrement malade et réalisa que très peu d’entre eux ne passeraient l’hiver, selon toute vraisemblance.

Lorsqu’ils croisèrent les citadins, ceux-ci se précipitèrent aussitôt vers eux en quémandant bruyamment. Puis en un instant, venue de nul part, une foule vint soudainement les encercler. Des pères poussaient devant eux leurs jeunes filles aux joues creuses pour les proposer en mariage, des mères brandissaient leurs enfants malades pour s’attirer la pitié et des putes plus horribles les unes que les autres exhibaient leur poitrine sale pour émoustiller les gardes.

- En voilà une pour toi, Philibert! s’écria Thibeau.

Il pointait une femme dont un sein était horriblement mangé par la gangrène.

- Tiens, voilà un pèlerin pour la peine!

Thibeau lança au garde qu’il méprisait tant une petite pièce de bronze en lui adressant un sourire arrogant. Philibert se fit violence pour ne pas lui enfoncer le pèlerin par la narine jusqu’au plus profond de son crâne. Il rangea plutôt la pièce dans une poche, se promettant de la lui rendre par le moyen le plus douloureux qui soit.

- Allons, allons! Laissez passer! s’époumona Lebert, à l’avant de la procession.

Du haut de sa monture, il assena quelques coups de pied bien placés et dégaina son épée d’un geste menaçant. Les gens s’écartèrent légèrement, mais ne s’en allèrent pas pour autant. Ils suivirent le groupe jusqu’à la muraille intérieure, de vieux remparts datant de plus de deux siècles et qui protégeaient le donjon de Dendor à l’époque où la ville n’était encore qu’un vulgaire faubourg.

Les portes étaient fermées et la herse, baissée.

- Ouvrez les portes et levez la herse! beugla Lebert en renversant la tête en arrière.

Derrière le parapet crénelé, Amaïa vit deux gardes apparaître et regarder la foule aux pieds des murs.

- Qui va là? lança l’un d’eux, méfiant.

- Monsieur Armand de Rohaine, duc de Guiset et Prévôt de Riven ainsi que sa garde personnelle! répondit Lebert. Laissez-nous passer!

Les deux hommes au haut des remparts échangèrent un regard et l’un d’eux disparut dans une tour de flanquement. Armand eut le temps de s’impatienter gravement et de siffler des commentaires désagréables avant que les portes ne s’ouvrent enfin.
 
Foxi
   
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Bon. Je ne suis jamais tres fiere de mes extraits de nuit, mais je tiens a vous faire soufrir un peu Very Happy

Citation :

La jeune fille pris un tournant acéré , se préparant intérieurement au combat. Finalement, elle ne resterait pas à Miens bien longtemps.
Une tache blonde passa au ras de son champ de vision :

-Monte !

Ne comprenant strictement rien à ce qui se passait, elle bondit sur la courte échelle qui se présentait a elle puis escalada le mur de planches, avant de s’aplatir sur le toit branlant, aux côtés d’une autre personne
Le cavalier passa dans un bruit de course assourdissant, jurant comme un poissonnier, avant de céder la place au silence.


La guerrière soupira de soulagement. A ses côtés, un jeune homme mal rasé se leva, puis épousseta ses bas de toile. Ses yeux verts foncés riaient constamment, malgré leurs cernes de fatigue. Il se passa la main dans ses cheveux bruns ébouriffés

- Joli boulot Irga ! L’a eu à pic ! Bientôt ‘va te mettre aux courses près des Vergers !

- Ouai, t’ça ! On gagnera plein de fric et on deviendra riche ! répliqua l’intéressée, soit la tache blonde que Kyriaan avait vu plus tôt en riant. Elle aussi devait avoir son âge, mais n’arborait pas le même sérieux et la même tempérance dans son apparence que l’otsoa. Un bandana de cuir noir retenait ses courts cheveux blonds hirsutes. En fait, le plus clair de ses vêtements était de peau : son gilet brun clair, le bracelet de crocs à son poignet droit et sa ceinture leste, à laquelle se balançait une sorte de lance miniature :

- Bon ! Le jeune homme se tourna vers elle. Je ne sais pas quel était le but de ta manœuvre, mais j’ai trouvé ça très beau. Un peu stupide, mais certainement beau.
 
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Citation :
Le bus partait alors que les derniers s'asseyaient encore, bien après Emilien. Les nombreux tournants qui constituaient la ville déformaient le bus dans tous les sens ; les parois métalliques craquaient dans les nids de poule, les vitres vibraient à cause du vrombissement de tous les moteurs sillonnant la route ; les roues cognaient contre les trottoirs, le klaxon agressait les imprudents qui traversaient au rouge, les essuie-glace battaient la cadence, une, deux, une, deux. Oui, ce jour-là aussi, le temps n'était pas joli. D'affreux tas de coton gris dérivaient dans le ciel et semblaient prêt à tomber délicatement sur la ville. Parfois, des petits flocons s'écrasaient sur le pare-brise. Mais avant que les essuie-glace les retirent, ils avaient fondu, tant la chaleur du bus était infernale.
Dedans, ça riait, ça hurlait, ça chantait, ça discutait, ça pleurait. Le bus était un mélange de toues les communautés, mais aussi de toutes les humeurs, tous les âges, toutes les envies. Quelques jours plus tôt, les gamins de 16 ans du fond avaient ramené avec eux des boules contenant de la pisse d'âne, ou je ne sais quel autre liquide puant. Ils s'amusaient à les balancer dehors dans un tir tout à fait expert, acquis grâce aux jeux de guerre où ils avaient passés des dizaines d'heures d'affilées. La cible parfois était absente du champ de vision, parfois le bus allait trop vite, parfois c'est l'autre qui empêchait de viser. Toujours ces guerriers avaient une excuse pour justifier qu'ils avaient raté leur cible.
On regarde le paysage dehors. On est dehors, et pourtant, les parois de verre nous séparent de l'extérieur. Avec le chauffeur klaxonnant, accélérant, freinant, on se sent en sécurité, même quand le sac tombe du siège parce que là, pour le coup, "il s'est arrêté un peu brutalement". On voit les gens qui passent, qui nous ignorent alors que nous les dévisageons, connaissons leurs habitudes, leur rythme de vie. Tous les matins, par exemple, juste avant mon arrêt, on passe dans une rue où une jeune fille marche avec sa mère. Arrivé à un certain point, les deux femmes se séparent, et la fille trace sa route, tandis que la mère rentre dans une sorte de garage. Cela me permettait efficacement de connaître l'avance du bus, ou son retard, car il arrivait des fois où je ne voyais aucune des deux femmes.
 
   
    
                         
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 [Demi-Nuit 02 mars] Extraits

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