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 Un bouquin 100% épicène - Ça en vaut l'effort?

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RogerMathieu
   
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RogerMathieu  /  Magicien d'Oz


Pour vous mettre en contexte…

Je travaille depuis plusieurs années avec un grand nombre d’organisations qui luttent contre la violence faite aux femmes. Au fil du temps, j’ai pris l’habitude d’écrire en mode épicène. La plupart du temps... Cet effort est vraiment non négligeable. Parfois, je capitule…

En 2018, j’ai écrit un roman dont le titre est « Tout est une bénédiction ». Ce roman porte sur la résilience et la conviction d’une Vie au-delà du temps et de l’espace. Je l’ai écrit suite à mes réflexions après le décès de ma conjointe. J’en suis maintenant à écrire la suite… Un texte de réflexion qui reprend l’ensemble de ce qui est affirmé dans le roman, mais avec plus d’explications et d’exemple. C’est bien sûr un texte spirituel et non religieux. 80% de mon lectorat est féminin. Ce genre de texte attire davantage les femmes que les hommes.

Vous me voyez venir…
J’ai décidé d’écrire ce second bouquin en mode inclusif et donc épicène. Cette fameuse règle issue du patriarcat qui dicte que le « masculin l’emporte sur le féminin » me répugne. Surtout dans le domaine où je travaille où l’abus, la violence et le viol des femmes sont aux premières loges. Il était impensable pour moi que j’écrive un bouquin où la femme est encore mise au second plan.

Si par exemple un homme voit la phrase suivante : « Les consommatrices de véhicules neufs sont… » Évidemment, il ne se sent pas concerné. La femme elle, doit constamment avoir un neurone allumé dans le cerveau qui lui exige – lorsqu’elle voit une phrase comme « Les consommateurs de véhicules neufs sont … » – de faire appel à son neurone « d’analyse de l’inclusivité » pour se demander si, par hasard, la volonté de l’auteur du texte était d’inclure ou non les femmes. Selon le contexte, la réponse sera oui, peut-être, probablement ou non.

Et les femmes à qui je parle de ce phénomène trouvent cela tout à fait normal. Ils ne voient pas de problème. Pour moi, il est clair que nous sommes devant de l’oppression intériorisée. J’en parlais la semaine dernière avec une amie, anthropologue spécialisée dans la recherche sur la prostitution. Elle n’avait jamais été sensibilisée à ce phénomène. Il m’a fallu plusieurs minutes de discussion avec elle pour qu’elle commence à prendre conscience de cette forme d’oppression.

Imaginons des textes complètement écrits avec la directive inverse : « Le féminin l’emporte sur le masculin ». Exemple : « Chères amies, courageuses et déterminées comme vous l’êtes toutes, je tiens à vous remercier les unes après les autres, car pour nous toutes ici assemblées, vous êtes de véritables héroïnes! » Aucun homme ne se sentira concerné à la lecture de cette phrase. Bien entendu. Pourtant, renversée au masculin, la plupart des lectrices auront tendance à considérer qu’elles sont concernées…

Je ne voulais pas que mes lectrices doivent se servir de ce « neurone d’analyse de l’inclusivité » à chaque page de mon bouquin. Car dans un texte en « vous », un texte de réflexion, les situations où cette fameuse règle patriarcale survient sont très très nombreuses. Je ne voulais pas cela. Je dois donc constamment être vigilant!

35000 mots de ce second ouvrage (en fin de rédaction) sont déjà couchés sur papier et dont le texte est totalement épicène. Presque sans doublons (ceux et celles) et aucune formule du genre « étudiant.e.s ».
Voici deux exemples pour vous aider à mieux comprendre :
Exemple 1
AVANT. Certains parmi vous ont vécu et vivent encore des événements d’une profonde tristesse; et certains aussi côtoient des proches, lourdement éprouvés, qu’ils n’oseraient pas tenter de réconforter à grands coups de « Il n’y a pas de hasard ».
APRÈS. Plusieurs parmi vous ont vécu et vivent encore des événements d’une profonde tristesse; et plusieurs aussi côtoient des proches éprouvant de lourdes difficultés. Oserions-nous tenter de les réconforter à grands coups de « Il n’y a pas de hasard ».
Exemple 2
AVANT. Vos errances ont fait de vous cet être humain en peu plus lucide que vous êtes devenu.
APRÈS. Vos errances ont fait de vous cet être humain en peu plus lucide que vous êtes aujourd’hui.

Sois dit en passant, aucun de mes béta-lecteurs ne se rend compte que c’est un texte inclusif. Ni les hommes, ni les femmes.

Je suis curieux de connaître votre opinion.

Q1. Est-ce que cet effort en vaut la peine?
Q2. Y aura-t-il des maisons d’édition plus sensibles que d’autres et plus intéressées que d’autres à ce souci d’écriture?
Q3. Est-ce fréquent que des livres épicènes soient publiés?
Q4. Est-ce que vous croyez que mon texte peut contribuer à alimenter le « combat » vers une langue plus inclusive?

Merci d’avance pour vos opinions!
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Je trouve cela vraiment pertinent par rapport à la nature de ton texte, vu que tu t'adresses directement au lectorat. La plupart des livres de ce genre - il me semble je n'en lis pas - se contentent de relater l'expérience personnelle et tirer des conclusions qui leur appartiennent (on ne pose alors pas la question de l'effort d'écriture epicene ou peu), ou bien avec  des propos de vérité générale, qui permet d'élargir souvent le personnel à l'universel sans trop genrer, comme ce que tu fais un peu dans les exemples.

Que personne ne s'en rende compte ça veut justement dire que ça marche et que donc l'effort en vaut la peine. Je pense que la démarche et le style que requiert l'adresse au lectorat c'est assez peu commun pour pouvoir mettre en avant le choix de l'écriture epicene auprès des maisons d'édition.

Edit : pan pan cul cul va te présenter à l'accueil


Dernière édition par Noxer le Mer 19 Avr 2023 - 20:51, édité 1 fois
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Jdoo
   
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Dans un roman, veiller à ce que l'écriture soit inclusif, je pense pas que ça vaille la peine, ne serait-ce qu'un personnage misogyne ou un daron ne pourra pas avoir un discours inclusif. Surtout si tu dis toi même que les lecteurs s'en aperçoivent pas (par contre il peut y avoir un effet positif inconscient, je ne sais pas). En revanche, proposer des personnages féminins positifs et qui sortent des clichés de la nana des années 50, ça me parait être un bon début à l'inclusivité du moins à participer à un changement de mentalité.

Par contre, je pense que l'inclusivité dans le discours, c'est nécessaire pour des textes formels, par exemple ;

"Qui voyez vous comme premier ministre ?" => pas inclusif, car la grosse majorité de réponses proposerons un nom d'homme.
"Qui voyez vous comme femme ou homme premier ministre", ou "qui voyez vous comme premier ministre ou ministresse" => inclusif et les réponses seront à 50 % une proposition d'une femme ou d'un homme. Donc oui dans ce cas là, ça vaut le coup de faire l'effort. Et là dessus il y a des études de faites, donc c'est pas que pour le plaisir d'être inclusif.

PS: houla : tu vas avoir pan-pan cul cul, tu t'es pas présenté ! Malheureux ! fuis !!!
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RogerMathieu
   
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Oups. C'est vrai. Je ne me suis pas présenté... Mais je me présente où? Ici?
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Mardi
   
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Mardi  /  Didon de la farce


ça en vaut la peine. 1000 fois oui.
J'ai lu il y a deux ou trois ans un livre qu'on pouvait étiqueter féministe dans lequel l'autrice parlait en grande majorité de problématiques féminines, mais... bah elle utilisait le "masculin neutre", et j'ai trouvé ça ridicule. J'ai pas eu l'impression qu'elle me parlait, à moi, mais qu'elle cherchait l'approbation des hommes (enfin qu'elle cherchait surtout à éviter leur désapprobation, alors que bon, restons réalistes : combien d'hommes ont fait l'effort de lire ce livre "de bonne femme" ?).
Mon avis ne fera sans doute pas la majorité ici mais oui, je pense dur comme fer qu'un texte comme le tien contribuera à alimenter ce combat. Même si la majorité des lecteurices ne se rendent pas compte qu'iles sont en train de lire un texte épicène, au moins, dans l'inconscient, il ne contribuera pas encore un peu plus à l'invisibilisation des femmes (ainsi que des personnes qui se situent dans le spectre non-binaire).
ça doit être un énorme boulot mais je ne pense pas qu'il soit vain, vraiment I love you


Un bouquin 100% épicène - Ça en vaut l'effort? Tarepa10
Ta gueule, c'est cosmique.
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Mika
   
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Mika  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Je plussois Mardi. Je pense aussi que ça en vaut la peine.

Je n'aime pas du tout cette règle du masculin qui l'emporte sur le féminin, car quand j'utilise le masculin, par exemple en disant/écrivant les docteurs, les aviateurs ou les cuisiniers, je ne pense pas du tout aux femmes. En fait, je sais pas si c'est juste moi, mais avec cette règle, j'ai tendance à imaginer le tout au masculin. Comme on le ferait à l'inverse si on disait les docteures, les aviatrices, les cuisinières. J'aurais aussi tendance à penser qu'il n'y a que des femmes de ce groupe. Enfin, c'est peut-être juste moi.

Là où ça m'énerve le plus, c'est pour la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen". Je pense que si on avait écrit la "Déclaration des "Droits de la Femme et de la Citoyenne", on n'aurait pas non plus penser aux hommes et c'est grave dans ce cas. Donc pourquoi l'inverse passe bien ? Pourquoi cette règle nulle ?

J'ai aussi souri dans le (très bon) film "Je ne suis pas un homme facile" quand dans une scène, j'ai vu, dans la bibliothèque au fond, des titres comme "Des Souris et des Femmes". C'est vrai, on ne penserait pas aux hommes dans ce cas là non plus. Et l'inverse est vrai.

Donc bref je pense que ça en vaut la peine.
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Nuage-Rouge
   
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Nuage-Rouge  /  Tapage au bout de la nuit


salut,

Ta réflexion et ta démarche sont intéressantes je trouve. Je pense que toute forme, tout genre d'écriture peut se prêter à une remise en question de la norme sexiste établie, en dehors du caractère des personnages et leur manière de parler dans les dialogues, ça tombe sous le sens...

Par rapport à ce que tu soumets, me viennent quelques remarques :

Je pense que l'utilisation de termes "épicènes" comme tu dis, peut faire sens dans la mesure ou leur utilisation permet de ne pas discriminer/invisibiliser formellement et par défaut un genre, et d'effectuer un choix d'écriture par rapport à ça. Mais je pense qu'appliquer/préférer ce procédé mécaniquement à toute situation d'écriture n'est pas forcément la manière la plus pertinente d'inclure, elle doit se conjuguer, se comparer à d'autres outils. Car un terme épicène inclu seulement implicitement. Certes il n'exclue pas, mais permet-il de conscientiser une forme d'inclusion effective des différents genres, ou est il assimilé à du neutre auquel par défaut, on a tendance à associer plutôt du masculin ?

Par exemple dire "les personnes manifestantes" au lieux de "les manifestants" peut avoir de l'intérêt, mais on peut aussi dire "les manifestants et manifestantes". Le tout est de savoir pourquoi et qu'est ce qu'on veut mettre en avant. On peut aussi choisir de dire "les manifestantes" si les femmes sont majoritaires. Aussi je pense qu'une expression à "rôle épicène" féminine ne reçoit pas la même interprétation qu'une expression à "rôle épicène" masculine. Mais il faudrait voir.
Genre dans "les personnes manifestantes", le féminin prédispose à imaginer qu'il peut y avoir des femmes dans le groupes.
Alors que "les gens qui manifestent", peut-être moins, je ne sais pas.
Ce n'est pas qu'une question de choix d'une règle stricte qui résoudrait les problèmes mais aussi de prise en compte des connotations, des conditionnements et et de l’horizon d'attente en fonction des expressions. Et de l'intention de souligner/signifier tel ou tel aspect dans ce qu'on veut raconter.

Dans l'exemple ou tu remplace "certains" par "plusieurs", je suis pas forcément convaincu du choix. Implicitement les personnes on l'habitude d'associer le neutre à du masculin et réciproquement (ce qui ne veut pas dire que cette association/confusion pose pas de pb en induisant un biais sexiste évidement), mais du coup je ne trouve pas le "plusieurs" beaucoup plus inclusif. Dans ce cas précis, je trouve que "certains et certaines" permettrait de clarifier les choses en remettant de la visibilité sur le féminin qui est absorbé, soit explicitement par le "certains", soit implicitement par le "plusieurs" dans lequel le féminin n'apparait pas formellement. J'sais pas si tu vois.

Citation :
Vos errances ont fait de vous cet être humain en peu plus lucide que vous êtes devenu.
ici tu as remplacé le verbe devenir par le verbe être et changé le temps. Puis ajouté "aujourd'hui". C'est une astuce de reformulation pour que l'accord disparaisse. C'est un peu mettre la poussière sous le tapis je trouve.
Sinon l'"être humain" ou l'"Humain" à la place de l'"Homme" je souscris, je pense que c'est une forme à diffuser.

Pour moi "l'écriture inclusive" c'est vraiment une boite à outil de moyens imparfaits à disposition pour montrer une attention et donner un sens à cette ambition d'inclusivité, c'est à penser selon chaque situation et ce qu'on veut dire plutôt qu'une méthode ou une autre à appliquer mécaniquement. Elle engage des choix d'écriture.

Et même si ces choix ont une importance vis à vis des imaginaires et représentations qu'ils contribuent à entretenir ou transformer, il ne faut pas non plus croire que le sexisme est dû au sexisme de la langue. Le sexisme existe dans des sociétés où la langue n'est pas formellement sexiste, comme celles qui ne possèdent pas de genre. Donc pour moi ces problèmes dans la langue doivent être des moyens d'attaquer les représentations sexistes qui se nichent aussi dans les règles de la langue, et d'en faire un révélateur, de manifester de nouveaux points de vue sur et dans la langue, sachant que le problème ne se réduit pas à la langue, et que le travail pour une langue moins sexiste ne peut pas se substituer au travail pour une société égalitaire, même si ça peut contribuer.
 
Daeyco
   
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Daeyco  /  Clochard céleste


Bonjour,

Ta démarche de réflexion et tes efforts sont d'une incroyable noblesse. Je n'y connais rien concernant l'édition donc je me garderai de donner mon avis sur la question.

Mais je suis une femme, lectrice, sensible et ta démarche est particulièrement touchante. Je ne sais pas si les personnes qui liront ton livre remarqueront tes choix d'écriture car, comme tu le dis si bien, ces règles sont ancrées si fortement que nous ne nous en rendons même pas compte.

Je suppose que, pour toi, ce sujet est suffisamment important pour que tu te sentes honnête envers ton travail et fier du rendu. Merci d'ailleurs de nous avoir mis un exemple ! Il est très parlant !

Récemment j'ai retrouvé une chanson sur Youtube un peu... spéciale. Ton sujet m'y a fait aussitôt penser. C'est une p*** de Fatal Bazooka (oui oui)

Extrait :
"Un coureur, c'est un joggeur, et une coureuse, c'est une p***
Un chauffeur, il conduit l'bus, et une chauffeuse, c'est une p***
Un entraîneur, c'est un coach sportif, et une entraîneuse, bah c'est une p***"

Tout ça pour dire que la langue française est d'une telle richesse qu'il est triste de voir de telles règles ou de telles connotations la scléroser. Aucun détail n'est anodin ! Le combat est quotidien.
 
RogerMathieu
   
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RogerMathieu  /  Magicien d'Oz


Merci de vos encouragements!

Pour répondre à quelques questions ci-dessus, je procède généralement par reformulation. Je n'emploie jamais les formes comme étudiant.e.s ou étudiant(e)s ni le point médiant.

Comme j'écris un texte de réflexion (et non un texte légal ou administratif) j'évite aussi les répétitions (comme "ceux et celles" ou "certaines et certains"), car cela pose un problème sur "lequel mettre en premier" et également pour les personnes non-binaires qui sont évidemment exclues.

Je dois vous avouer que mon temps d'écriture est considérablement plus long. Il m'a été déconseillé d'attendre à la révision finale pour y faire les ajustements épicènes. Cela impliquerait parfois trop de travail. Je confirme; j'ai essayé avec un vieux texte et je préfère malgré tout le faire dès le premier jet.

Mais c'est certain que cet ajustement bloque efficacement mon processus créatif... Même si ma pensée tend à devenir de plus en plus épicène! Tout cela à cause de la langue française et de cette foutue règle du "masculin qui l'emporte sur le féminin". Et je le répète, quand on me lit, on ne s'en aperçoit même pas! Un peu ingrat comme démarche, mais j'y tiens...
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Nuage-Rouge
   
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Citation :
car cela pose un problème sur "lequel mettre en premier" et également pour les personnes non-binaires qui sont évidemment exclues
Lequel mettre en premier peut dépendre de ce que tu veux dire, je ne trouve pas que ce soit un réel problème. Rien ne dit que ce qui est en premier est plus important et vice versa.
Pour la non binarité je crois pas que faire appel au genre masculin et féminin en même temps pour inclure les deux "pôles" du genre soit terriblement excluant... Les personnes qui revendiquent une non binarité (y en a t il seulement qui ne s'identifient en aucune manière un peu plus à un genre qu'à un autre ? Et quand bien même, la non binarité est une recomposition du genre à partir d'éléments perçus comme masculins et d'autres féminins, c'est beaucoup plus subtil et complexe que juste "j'ai inventé un genre neutre de nulle part")  savent que la langue ne possède que 2 genres et que le problème le plus déterminant c'est celui de la suprématie du masculin sur le féminin. Les personnes qui refusent qu'on les identifient ni à "elle" ou à "il" sont, à mon avis, assez rares et relèvent du cas particulier (c'est pas pour autant qu'il faut discriminer ces personnes, mais ce n'est sans commune mesure en terme de norme majoritaire, avec l'exclusion de la moitié de la population identifiée féminine du fait du langage sexiste, je pense qu'il ne faut pas tout mélanger, même s'il y a des liens à faire).
Où alors il faut aller jusqu'au bout et construire un "neutre" en inventant des mots comme "iel". et mobiliser ces trois modalités génériques du genre (féminin, neutre, masculin) dans les expression inclusives. Et là encore il faudrait plutôt consulter les personnes concernées pour savoir comment elles voudraient être représentées et visibilisées.
Je trouve l'intention honorable mais je crois qu'en l'état de la langue, cette "inclusion" par la neutralisation totale du genre est assez limitée.

Citation :
Tout cela à cause de la langue française et de cette foutue règle du "masculin qui l'emporte sur le féminin"
Tu peux écrire sans cette règle avec l'accord de proximité ou de majorité. En choisissant d'accorder non pas suivant une règle sexiste mais suivant le dernier terme ou celui à qui tu donnes le plus d'importance symboliquement ou numériquement.

C'est pour ça que je trouve dommage de tout neutraliser mécaniquement, car les outils de l'écriture inclusive permettent en réalité de rajouter des possibilités de sens à l'écriture. Et de visibiliser formellement le ou les genres qui souffrent d'invisibilisation plutôt qu'en les neutralisant systématiquement.
 
Hortense
   
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RogerMathieu a écrit:
Q1. Est-ce que cet effort en vaut la peine?
Absolument !
Si tu doutes de l'impact du masculin neutre, regarde la vidéo Youtube de Scilabus, que j'ai trouvé géniale. Je n'étais pas du tout convaincue, je pensais comme toi qu'il fallait juste activer le neurone qui détecte si c'est un masculin ou un neutre, mais des études ont démontré qu'on associe inconsciemment le masculin neutre au masculin masculin.
D'ailleurs même dans les pluriels, il y a d'autres règles que "le masculin l'emporte sur le féminin" comme la règle de proximité.

RogerMathieu a écrit:
Q2. Y aura-t-il des maisons d’édition plus sensibles que d’autres et plus intéressées que d’autres à ce souci d’écriture?
Là-dessus, je ne peux que souligner une évidence : si elles n'y sont pas sensibles, y publier un écrit objectivement féministe est un non-sens.

RogerMathieu a écrit:
Q3. Est-ce fréquent que des livres épicènes soient publiés?
Personnellement, je n'ai pas le souvenir d'en avoir lu.
Mais je lis surtout des romans, et jusqu'à la semaine dernière (quand j'ai vu la vidéo de Scilabus) je n'y prêtais vraiment pas attention.
Vous pouvez me fouetter en place publique, mais je pensais en toute bonne foi qu'on était suffisamment évolués pour faire la différence entre un masculin et un neutre, même s'ils s'écrivent pareil.

RogerMathieu a écrit:
Q4. Est-ce que vous croyez que mon texte peut contribuer à alimenter le « combat » vers une langue plus inclusive?
En fait, ce n'est pas un combat vers une langue inclusive. C'est un combat vers une langue paritaire ou épicène.
Le mot lui-même "inclusif" est gênant parce qu'il sous-entend que les femmes sont naturellement exclues (puisqu'il faut les inclure).
En réalité, c'est notre pratique de la langue qui est exclusive, et pas la langue en elle-même, puisqu'il existe des façons d'être neutre sans être masculin. Simplement, nous l'utilisons de manière sexiste.

Alors oui, je pense qu'un texte entièrement épicène montrera que c'est possible, et que c'est juste une pratique à acquérir.

RogerMathieu a écrit:
j'évite aussi les répétitions (comme "ceux et celles" ou "certaines et certains"), car cela pose un problème sur "lequel mettre en premier" et également pour les personnes non-binaires qui sont évidemment exclues.
Merci pour les non-binaires qui sont effectivement exclu?s (oui, j'expérimente des trucs pour représenter le genre non-binaire... un genre grammatical, hein, j'ai bien conscience qu'il s'agit justement de personnes qui ne se reconnaissent pas dans les genres).

Pour lequel mettre en premier, tu peux aussi décider de répartir les deux équitablement. Il y a des formules qui sont plutôt masculin puis féminin et d'autres l'inverse.
On dira plutôt "celles et ceux" mais "père et mère".
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RogerMathieu
   
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RogerMathieu  /  Magicien d'Oz


Le lien vers le Youtube de Scilabus: youtu.be/url1TFdHlSI auquel Hortense fait référence!
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fabiend
   
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fabiend  /  Effleure du mal


Si ton lectorat est quasi-exclusivement féminin, tu peux je pense tout accorder au féminin. Je lis souvent des romances, les préfaces qui commencent par "chère lectrice" et autres "si vous voulez être informée de nos prochaines parutions" j'en ai lu un paquet, ça m'a pas empêché de dormir. Les hommes qui vont lire ton livre ne seront pas ceux qui s’offusqueraient de ce genre de choses.

Sinon le mot magique pour se faciliter la vie, c'est "les personnes"

AVANT. Certains parmi vous ont vécu et vivent encore des événements d’une profonde tristesse; et certains aussi côtoient des proches, lourdement éprouvés, qu’ils n’oseraient pas tenter de réconforter à grands coups de « Il n’y a pas de hasard ».
APRÈS. Plusieurs parmi vous ont vécu et vivent encore des événements d’une profonde tristesse; et plusieurs aussi côtoient des proches éprouvant de lourdes difficultés. Oserions-nous tenter de les réconforter à grands coups de « Il n’y a pas de hasard ».

APRÈS version 2 : Certaines personnes parmi vous ont vécu et vivent encore des événements d’une profonde tristesse; et certaines aussi côtoient des proches, lourdement éprouvés, qu’elles n’oseraient pas tenter de réconforter à grands coups de « Il n’y a pas de hasard ».

AVANT. Vos errances ont fait de vous cet être humain en peu plus lucide que vous êtes devenu.
APRÈS. Vos errances ont fait de vous cet être humain en peu plus lucide que vous êtes aujourd’hui.

APRÈS version 2. Vos errances ont fait de vous cette personne en peu plus lucide que vous êtes devenue.

Ça marche presque à tous les coups et c'est complètement invisible.
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Héléna Snow
   
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Héléna Snow  /  Barge de Radetzky


Je viens de voir que le logiciel Antidote a une option pour signaler tout ce qui n'est pas épicène dans un texte, ça pourrait te faciliter la vie au moins pour repérer les endroits à corriger.
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