Ça va être long mais vous avez besoin de contexte pour comprendre la démarche. Sachez d'abord que j'ai eu des cours sur les maisons d'éditions à la fac, que j'ai bossé dans le journalisme et que toutes ces choses là ne sont pas à proprement parler nouvelles pour moi. Je saisi qu'il y a des ME à compte d'auteur, d'éditeur, qu'il existe d'autres fonctionnements mais j'aimerais avant tout qu'on décrypte ensemble un certain contrat.
J'écris de la poésie depuis dix ans et c'était plus une forme de journal intime qu'autre chose. Tout ça n'avait pas vocation à quitter mon drive ou les quelques forums sur lesquels j'étais à l'aise de partager ce genre de choses.
Puis une femme qui a une certaine importance dans ma vie m'a dit d'arrêter d'être con et de reprendre cette décennie d'écriture, de la mettre en forme proprement, etc...
C'est comme ça que je me suis retrouvé avec cinq exemplaires imparfaits mais bien tangibles de l'Empire des Symboles.
Toutefois, j'ai une politique non négociable ; je ne bosse pas avec des personnes que je n'ai pas rencontré.
Donc j'ai fait le tour des petites maisons d'éditions associatives toulousaines et... malheureusement ça n'a pas donné grande chose. La plupart n'a survécu ni au COVID, ni aux dissensions internes (deux d'entre elles ont fermé à cause de divorces) et encore moins à la concurrence délirante des grosses ME.
Alors je me suis dit, "Soit, je risque rien d'envoyer un exemplaire à une ME orientée poésie, on ne sait jamais". J'ai donc envoyé un exemplaire aux Editions Baudelaire.
Entretemps j'ai été rappelé par une directrice de publication toulousaine qui voulait me rencontrer et ça n'a pas été mon entrevue la plus agréable. Elle m'a d'abord dit qu'elle aimait le titre et quand je lui ai expliqué qu'il s'agissait de poésie en prose elle m'a rendu mon bouquin sans même l'avoir ouvert (!!!) avant de déclarer qu'aujourd'hui, "il fallait écrire des merdes à la Rupi Kaur pour se vendre".
Sauf que j'ai un gros défaut.
Si on touche à mon égo, la contre-attaque est immédiate.
Le lendemain j'avais fait toutes les démarches pour obtenir un ISBN, obtenir le statut nécessaire à l'autoédition et lancé ma campagne Kickstarter.
Et c'est trois jours plus tard que je reçois un coup de fil et un contrat des édition Baudelaire. J'ai une dame au téléphone, visiblement membre du comité de lecture qui me dit qu'elle a adoré mon premier jet et qu'elle aimerait beaucoup éditer mon texte.
Je suis enchanté, je raccroche et je lis le contrat.
Alors déjà pour moi un contrat, c'est pas quelque chose qu'on devrait signer directement. C'est plus un support à la négociation qu'autre chose.
Alors il contient quoi ce fameux contrat ?
PréambuleRien de louche sinon la mention d'une
"somme forfaitaire à la charge de l'auteur"
.
Intrigant. On continue, mais gardez ça en tête; ça servira plus tard.
Ils précisent en gras, quand même, que l'auteur conserve la totalité de ses droits (encore heureux).
Partie I : Réalisation de l'ouvrageA. Remise du texteUn court paragraphe qui me donne un délai de
trois semaines pour leur remettre l'ouvrage au format Word. Là, déjà, je commence à tiquer et j'ai pas encore tourné la première page du contrat.
B. PAOCe qui concerne leur proposition de travail sur la mise en page a quelque chose de séduisant, le système de BAT fonctionne comme on me l'a enseigné. Franchement ça a l'air réglo.
Partie II : Présentation, tirage, mise en vente et prix de l'ouvrageLà, j'avoue, j'ai baissé ma garde. Tout était réglo, j'avais presque envie de signer. Mon bagage juridique et scolaire m'ont plus rassuré qu'autre chose quand à ce qui est proposé dans cette section. Honnêtement j'ai rien relevé de scandaleux ou de questionnable.
Partie III : Contribution de l'auteur(Là, j'ai commencé à grincer des dents)
A. Généralités'La contribution forfaitaire de l'auteur rémunère la fabrication de la maquette de l'ouvrage en vue de son impression"
Je dis rien pour l'instant, attendez la suite.
B. Forfait"Le total dû par l'auteur à l'éditeur sera de :
2060€ TTC payables en 4 mensualités de 515€"
Bon, on a trouvé la douille.
Là où ça me pose problème c'est que ce montant il ne devrait en aucun cas être forfaitaire puisque j'ai embauché un ami correcteur pour relire mon ouvrage, j'ai assuré la PAO moi-même (et croyez-moi, je suis rodé dans le domaine à force).
Donc j'aimerais beaucoup savoir quelles prestations sont couvertes par ces 2000 et quelques euros parce que je suis pas contre le fait de mettre des ronds de ma poche, mais l'opacité de ce qu'englobe cette somme me pose un très sérieux problème. Payer, pourquoi pas ? Mais j'exige de savoir pourquoi, je veux le détail des devis.
Et naturellement il est bien précisé en gras que l'impression du livre ne commencera pas avant que l'éditeur n'ait encaissé la totalité de la somme.
Et le reste du contrat ?Eh bien il m'a paru bien court.
Alors il précise bien que l'auteur touchera 25% du prix de vente de chaque ouvrage, papier ou numérique (ça c'est très bien) et ensuite ils se concentre sur les conditions de durée, de résiliation et de renouvellement dudit contrat.
Et c'est là que j'ai vu la douille en gros, en plein sous mon nez.
- Le contrat dit : a écrit:
- L'auteur pourra, s'il le souhaite, et sur simple demande, racheter le solde restant sur les 300 exemplaires de son ouvrage avec une remise de 60%
Là où c'est vilain c'est que tout au long des trois pages du contrat ils indiquent "tirage illimité" en gras alors que dans la vérité des faits, le premier tirage sera fixé à 300 exemplaires.
Alors vous devez vous dire que je les ai envoyés se faire cuire le cul ?
Pas vraiment.
J'ai rappelé le directeur de publication pour lui expliquer tout ce qui m'emmerdait dans son contrat et lui dire que je ne signais rien sans l'avoir rencontré, que j'étais prêt à me déplacer à Lyon pour qu'on s'installe et qu'on cause un peu.
Il a paru décontenancé mais plutôt ravi de l'idée. Alors l'affaire est à suivre (et je vous tiendrais au jus)
Mais dans l'état actuel des choses, moi j'ai fait réalisé les mathématiques et j'ai contacté mon imprimeur en lui soumettant les conditions que les Editions Baudelaire m'avaient présentées et je lui ai demandé un devis pour 300 exemplaires imprimés avec le même type de papier, la même qualité et le soutien PAO. Naturellement le devis est incomparable.
- Citation :
-
(Oui je peux m'affranchir de la TVA puisque je suis auto-entrepreneur).
Alors je ne sais pas combien coutent les prestations d'un correcteur mais étant donné que je peux faire aussi bien pour pratiquement un tiers du prix, la seule chose que les Editions Baudelaire ont à me vendre, c'est leur réseau de distribution et leur communication.
Alors maintenant que je vous ai raconté en long et en large les raisons pour lesquelles je n'ai pas signé ce contrat (je dis pas qu'il est malhonnête, je dis juste qu'il y a beaucoup de choses qui sont à négocier d'après moi), je voulais savoir si vous aviez déjà travaillé avec ces personnes ou si vous connaissiez du monde qui ont tenté l'expérience.
Est-ce qu'il y a quelque chose que je manque ? Est-ce que ça vaut le coup de rajouter 1200 euros afin de bénéficier de leur réseau (ils sont partenaires de Hachette, c'est un argument).
Pour le moment je fais le comparatif avec ma campagne d'auto-financement qui a dépassé les 75% de complétion en quinze jours et à laquelle il reste encore plus d'un mois et demi pour stratosphésriser ce montant. Et j'ai l'impression que si l'enjeu c'est de vendre 300 exemplaires, je me ferais moins entuber en le faisant seul.
J'ai rendez-vous avec eux en novembre je vais leur soumettre cette première édition autopubliée qui sera achevée et expédiée aux backers depuis une dizaine de jours et leur dire que s'ils ne m'expliquent pas clairement le fonctionnement de leurs tarifs, on ne va pas tomber d'accord.