Hello

Un peu étonnée de ne pas avoir trouvé de sujet sur ce livre, je lance le débat !

J'ai entendu parler de La servante écarlate assez récemment, du fait de la diffusion de la série télé adaptée. Avec l'effervescence des mouvements féministes et autres, j'ai craqué et me voici en train de lire ce roman.

Résumé a écrit:

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Même si je n'ai pas encore terminé le livre, j'ai commencé à me fonder un avis dès le début. Pour commencer l'écriture est assez étrange, et je n'ai pas l'habitude de lire ce genre d'écriture. C'est accrocheur. Et déroutant. J'ai eu du mal à me laisser entrer dans cet univers, et je trouve que c'est assez mal expliqué. J'ai commencé à comprendre l'univers aux 1/3 du livre. Donc, un peu de mal au début. Par contre, au fil des pages, j'ai apprécié l'écriture et l'histoire. On jongle entre passé et présent, ce qui est parfois déroutant.
N'ayant pas terminé le livre, je ne pourrai pas donner un avis complet, mais je le recommande, rien que pour l'univers particulier qui soulève un certain nombre de questions toujours actuelles, bien que le livre ait été publié en 1985...

Avez-vous lu le livre ? Qu'en avez-vous pensé ?

Oui.
La série est mieux.

Le bouquin explique que dalle. C'est une alternance entre des scènes où Defred survit sans vivre et sans se poser de questions, et des scènes de flash-back ou Defred se souvient de comment on en est arrivé là. (En tout cas, c'est le souvenir que j'en ai, je sais que je l'ai lu avant mes seize ans.)

La série m'a permis de comprendre le jeu de mots que je n'avais pas saisi en version française :

Defred, "La Servante De Fred", s'appelle Offred ou "Of Fred" en VO. Mais son nom peut aussi se découper en "Off Red", qui signifie grosso modo "Décalée par rapport au Rouge", ce rouge qu'elle est obligée de porter en tant que Servante.

Voilà. J'aime bien les jeux de mots. Même si c'est un peu le degré - 10000 de l'analyse littéraire.

En effet la série a l'air vraiment super, mais j'attends de terminer le livre avant de la regarder

Citation :

Defred, "La Servante De Fred", s'appelle Offred ou "Of Fred" en VO. Mais son nom peut aussi se découper en "Off Red", qui signifie grosso modo "Décalée par rapport au Rouge", ce rouge qu'elle est obligée de porter en tant que Servante.

Ah ouais ! Ce jeu de mot n'est possible qu'en VO du coup. C'est dommage, c'est plutôt intéressant à noter.

Je n'ai pas du tout aimé ce livre, et pourtant je suis très friande de ce type d'histoire, et public facile pour à peu près tout ce qui passe... J'ai trouvé ça très plat et ennuyeux. Du coup, je n'ai pas du tout envie de regarder la série et j'ai beaucoup de mal à comprendre tout cet engouement qu'il y a autour... :/

Je me souviens l'avoir étudié en études d'anglais ; j'avais rien compris à l'histoire à cette époque comme toi j'avais été déroutée dès le départ, les explications mettent du temps à venir.

Mais la série a très bien repris les thèmes, je trouve. (même si, tout pareil, on a ces moments de flash back un peu bizarres qui expliquent un peu ... c'était un peu flou pour moi )
Je pense aussi que le peu que j'en avais compris à l'époque m'avait ouverte au côté "post apo, dystopie" parce que je crois l'avoir étudié au moment où Hunger Game était en vogue

En tout cas, je me souviens enfin que les sujets abordés étaient assez puissants, je crois qu'en VO c'était plus "choquant" encore ; si je dis pas de bêtises, il a été écrit y'a un moment en plus ? (plus vague que ce genre d'infos ...) A l'époque, ça avait pas fait grand bruit ou je rêve totalement ?

Un livre que j'ai lu il y a très longtemps et que j'ai, comme beaucoup ici, trouvé très long. Je l'ai même lu en deux fois je crois, ce qui m'arrive quand les romans sont vraiment chiants. Je l'avais commencé à la fac sans réussir à le terminer (trop long, trop plat, l'héroïne est complètement résignée à son sort et, pourquoi pas ? Qui sait ce que nous ferions à sa place ? mais littérairement ça fait une intrigue plate sans rebondissements ni surprises). La hype autour de la série m'a fait reprendre et terminé le livre et j'ai trouvé ça un peu moyen. Je trouve l'idée bonne, les personnages convaincants quoi qu'assez fades mais l'histoire vraiment trop long comme si l'autrice voulait te faire ressentir l'enfermement et l'ennui de Defred.

Je suis d'accord que la série est mieux.

Je vais être la première à aller à contre-courant des avis ici, alors, mais j'ai lu le roman avant qu'il ne soit adapté en série, il y a quelques années, et j'avais adoré ma lecture. Tant le postulat que la plume de l'autrice. Pour moi, il était construit sur la citation de Simone de Beauvoir :

Citation :

N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.

Et en ce sens, il fonctionne bien. La société dystopique que décrit Margaret Atwood fait peur parce qu'elle a un côté que je trouve probable, et suffisamment réaliste pour que ça me gêne aux entournures.
C'est vrai que l'apparent immobilisme de l'héroïne m'a un peu troublée au début, mais j'ai trouvé ça assez convaincant, et surtout assez novateur par rapport aux dystopies que j'avais/j'ai l'habitude de lire. Et finalement, j'ai trouvé ça assez concret : comment se rebeller dans une société pareille, quand on tente simplement de survivre et de maintenir son intégrité physique autant que faire se peut ? Defred est d'abord portée par sa nostalgie et sa résignation, avant de renouer avec l'espoir et surtout l'urgence. Et sa rébellion est finalement bien réelle, à son échelle. Elle prend des risques, plus ou moins mesurés, mais qui lui permettent de reprendre pied dans la vie, et de retrouver un semblant de contrôle. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est aussi énorme. Et pour le coup, j'aime quand on ne m'explique pas grand-chose, mais qu'on me donne les indices pour comprendre petit à petit le monde dans lequel on m'embarque, quitte à ne pas parler de tout, en me laissant aussi faire les connexions là où je les trouve.

Bref, la lecture m'avait convaincue, et pour le coup, la série adaptée m'a fait décrocher. Je n'ai même pas terminé la saison 1, il me semble, même si sur le papier elle avait tout pour me plaire.

J'ai lu un autre des romans de l'autrice cette année, et j'ai été charmée. J'en ai rajouté quelques autres sur ma PAL, du coup. Pour moi, Margaret Atwood est une grande autrice SF.

Bonjour à tous,

perso j'ai préféré le livre à la série pour le scénario. Même si je trouve la série bien faite et pour le coup, elle respect assez bien le livre, il manque tout de même certains éléments du livre qui pour moi son important.
J'ai écris les quelques différences que j'ai trouvé entre le livre et la série si ça peut en intéresser certains ?
Les différences entre le livre et la série la servante écarlate.

Dites moi ce que vous en pensez ?

Bonne journée à tous

Harry, un ami qui vous veut du bien

Bonjour Harry73,

Ton premier message aurait dû être ta présentation dans la section Présentations comme le stipulent les règles du forum.

Je te remercie de t’y conformer.

Merci de me le préciser, je vais le faire tout de suite
En effet, je n'ai pas du la section présentation et il est bien sur plus poli et d'abord se présenter.
Je le fais tout de suite

Au plaisir de se reparler plus tard

Harry

Je viens de finir la Servante Écarlate que j'ai beaucoup aimé. Dans un monde où la fertilité diminue, Artwood décrit un régime autoritaire construit sur la base du christianisme. Le corps des femmes est contrôlé afin de garantir les naissances : les Servantes sont violées par leurs riches propriétaires et réduites à l'état d'incubateur à bébés. Au vu de la baisse des droits des femmes aux États-Unis de nos jours et de la prise de pouvoir des conservateurs, ce livre fait froid dans le dos et n'a jamais été aussi actuel.

Dans le fil, le choix de Artwood de rendre l'héroïne passive est discuté. Pourtant, je le trouve plus réaliste que si Defred était montée aux crénaux. Lors du coup d'état, c'est une femme apolitique, dépassée par les évènements, comme la plupart d'entre nous, loin de l'image de la super héros à qui tout réussit juste parce qu'elle aurait une grande gueule. Non, Defred devient malgré elle une victime de ce système patriarcal. En cela, le livre me rappelle une autre dystopie que j'adore : Auprès de Moi Toujours de Ishiguro aux héros passifs qui acceptent leur triste sort.

Le style haché de Artwood dans ce livre est au service de la narration. Je trouve qu'il transcrit parfaitement les pensées de la héroïne, brisée, hachée par ce système. Sans cesse, des phrases intrusives émergent dans sa tête, les sermons de Tante Lydia, la religieuse tyrannique en charge de leur rééducation. On comprend ainsi que la parole, mais aussi les pensées sont controlées.

J'ai noté des différences importantes avec la série Amazon que je n'avais pas aimée du tout. Dans le roman, on est dans le point de vue de Defred et comme elle, on ignore tout, ce qui accentue l'angoisse et crée du suspense. Lorsque son mari et sa meilleure amie sont arrêtés, on pense au pire (torture et exécution), alors que dans la série, on suit leur parcours, ce qui dilue le suspense et le message selon moi. Aussi, le personnage de la mère me semble important. Contrairement à la héroïne, passive, sa mère était au contraire une féministe engagée, probablement morte ou prisonnière politique plus tard. Dans le livre, Defred revient sur sa relation avec elle et regrette de ne pas l'avoir plus écoutée, ce qui envoie un message fort je trouve, occulté dans la série (je n'ai vu que la 1ere saison). Perso, je n'ai pas aimé le choix du casting. L'actrice pourtant bien dans Mad Men ne correspond pas au rôle. Peut-être est-elle trop agée, quelque chose m'a dérangé.

Bonjour,

Je l'ai lu moi aussi et là où certains voient un style plat et chiant, moi je l'appelle "glaçant".
C'est un style très différent de ce qu'on a l'habitude de trouver, car il est totalement dépourvu d'émotionnel, et ce sont les détails, mis bout à bout, qui rendent le texte aussi terrifiant.

Pour avoir également vu la série, je pense que les deux atmosphères sont marquées dans leur temps et leur support.
L'ambiance glacée du livre de 1985 se place au moment où un mouvement fondamentaliste protestant est de retour aux Etats-Unis. Aujourd'hui, un roman de ce genre, sans condamnation explicite du viol institutionnalisé par la société de Gilead, serait certainement auto-censuré, si ce n'est par l'auteur lui-même, par son éditeur.
Ce genre de style est régulièrement utilisé, lorsqu'on veut condamner quelque chose sans le dire, simplement en empilant des détails de la vie quotidienne qui montrent, par comparaison avec ce qu'on considère comme normal, l'horreur de la situation. C'est un peu le même genre que Le meilleur des mondes, qui a le même style dépourvu d'affect.

La série sort 30 ans plus tard et vise à créer un effet blockbuster. Il n'est plus accepté de parler de sujets sensibles sans condamner explicitement ce qui est mal et il peut y avoir un effet de surenchère face à des situations de plus en plus dystopiques (Labyrinthe, Hunger games, Divergente...). C'est pour ça que Defred, qui n'est pas vraiment une révolutionnaire dans le roman, le devient dans la série, et de plus en plus à mesure que les saisons passent. Il fallait aussi justifier les autres saisons, et quoi de mieux que l'éternel combat (très américain) entre le Bien et le Mal ?

Bref, personnellement je n'ai aucune préférence. Même s'il s'agit de la même histoire, elle est traitée sous un angle beaucoup trop différent pour être comparable. On ne va pas se tourner vers le roman ou la série pour les mêmes raisons. Pour moi, le roman a une réelle portée philosophique et sociétale, alors que la série est du grand divertissement.