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| | | Nombre de messages : 5019 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 5 Jan 2018 - 16:57 | |
| Celui-là est terrible, je me souviens de lui... |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Ven 5 Jan 2018 - 17:34 | |
| n'est-ce pas... (!)
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La neige a mis une silencieuse nappe sur toute chose. On ne perçoit rien que ce qui se passe à l'intérieur de la maison. Je m'enveloppe dans une couverture et je ne pense pas, fût-ce à penser. Je ressens un plaisir tout animal et vaguement je pense, Et je m'endors sans moins d'utilité que toutes les actions du monde.
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C'est peut-être le dernier jour de ma vie. J'ai salué le soleil, en levant la main droite, Mais je ne l'ai pas salué pour lui dire adieu, J'ai fait signe que j'aimais bien le voir encore: rien d'autre.
extraits de ses poèmes désassemblés. |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Ven 5 Jan 2018 - 19:00 | |
| DERNIÈRE LETTRE
O, imprudent compagnon, mon ami jaloux et inquiet, tu n'es pas venu ici pour moi, septembre, chagrin et froid, le retour aux villes mystérieuses est impossible - L'une ou l'autre est toujours pareille à sa sévère beauté, bonne pour ma mémoire bénie et consacrée par ton sourire. Tu es insupportable et fantasque, mais on ne sait pourquoi, le plus aimé. je ne supporte plus ici de souffrir, d’égrener mon chapelet et de savoir que mon voisin viendra à ma table. Songe, le jour succède au jour, la neige est tombée, il dégèle ce soir, et avec les dernières grues, mon espoir est parti. Et habitué à ma tristesse le voisin ne cesse de soupirer : "pardon, cela me ronge et m'embête". Pardi ! Lui-même est amoureux. Au jardin, sous le bruissement des bouleaux de Carélie, je songe aux jours de Tsarskoë, à nos longs entretiens, aux poèmes et à tes lèvres séduisantes. Je sens ta main sur mon coude, qui me guide jusqu'à chez moi, et j'entends encore une fois que tu ne peux supporter la séparation ; ma faute est-elle si terrible pour que j'aie mérité cet ennui ? Quand un feu flambe au salon et que mon élégant invité ne se hâte pas de commander sa calèche, mais, comme s'il se rappelait quelque chose, regarde la flamme sans plisser les paupières, alors j'aime me souvenir... Déjà, amis, vous étiez las de voir vide ma petite armoire à icônes, tandis que chacun reconduit sa nouvelle reine à sa porte dorée. Et toi, en fin de compte le plus habile, Ton élue est la plus soumise ; bientôt l'encens enveloppera ses pieds... Alors rappelle toi l'heure unique, cette heure lointaine du soir, le cri de détresse d'un cygne, le regard d'adieu de mes yeux. Je n'ai plus besoin de rien - Ce m'est une juste consolation.
A.A |
| | Nombre de messages : 564 Âge : 46 Date d'inscription : 27/05/2017 | Hel / Gloire de son pair Sam 6 Jan 2018 - 21:38 | |
| Les fenêtres
Du rouge au vert tout le jaune se meurt Quand chantent les aras dans les forêts natales Abatis de pihis Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile Nous l'enverrons en message téléphonique Traumatisme géant Il fait couler les yeux Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche Tu soulèveras le rideau Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre Araignées quand les mains tissaient la lumière Beauté pâleur insondables violets Nous tenterons en vain de prendre du repos On commencera à minuit Quand on a le temps on a la liberté Bigorneaux Lotte multiples Soleils et l'Oursin du couchant Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre Tours Les Tours ce sont les rues Puits Puits ce sont les places Puits Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes Les Chabins chantent des airs à mourir Aux Chabins marronnes Et l'oie oua-oua trompette au nord Où les chasseurs de ratons Raclent les pelleteries Étincelant diamant Vancouver Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver Ô Paris Du rouge au vert tout le jaune se meurt Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles La fenêtre s'ouvre comme une orange Le beau fruit de la lumière
Guillaume Apollinaire |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Sam 6 Jan 2018 - 22:59 | |
| La cloche fêlée
Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver, D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume, Les souvenirs lointains lentement s'élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume,
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.
Le goût du néant
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur, Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.
Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur, L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte ! Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !
Le Printemps adorable a perdu son odeur !
Et le Temps m'engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur ; Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.
Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ? |
| | | Invité / Invité Sam 6 Jan 2018 - 23:22 | |
| Lente me
Ik zing je, ik refrein je Ik sherry je, ik wijn je Ik speel je en ik vleugel je Ik Rembrandt en ik Brueghel je
Ik koffie en ik thee je Ik strand je en ik zee je Ik spel je en ik blader je Ik moeder en ik vader je
Maar ik wil jou zo graag iets vragen Dat gaat veel verder dan een zoen Ik wil jou zo graag iets vragen Zou je voor mij wat willen doen
Lente me, zomer me September me en winter me Want ik heb je onophoudelijk lief Morgen me, middag me Avond me en nacht me Met andere woorden Blijf bij me, alsjeblieft
Ik wil in je ogen weer de bloem zien van de appelboom En je zomers wil ik voelen op mijn wang Ik wil de bladeren zien vallen op mijn stille droom En de lichtjes van de kerst weer zien bewegen op het behang
Lente me, zomer me September me en winter me Want ik heb je onophoudelijk lief Morgen me, middag me Avond me en nacht me Met andere woorden Blijf bij me, alsjeblieft
Lente me, zomer me September me en winter me
Toon Hermans |
| | | Invité / Invité Sam 6 Jan 2018 - 23:46 | |
| On aimerait bien comprendre |
| | | Invité / Invité Jeu 11 Jan 2018 - 2:26 | |
| "Il se disait que lui, Tony, il aurait voulu savoir comment on fait pour aimer les autres sans qu'aimer les autres ce soit d'abord penser à soi. Il aurait bien aimé savoir ça. Parce que, peut-être, s'il avait su comprendre comment on peut s'oublier, il aurait pu, ce jour où en rentrant chez lui, bien avant tout ça, quand il a mis la clef dans la serrure, quand, après qu'il a ouvert la porte et que de nouveau son coeur a battu fort, qu'il est entré et que, en robe jaune, les jambes pliées sur le canapé où elle était assise, il a vu Pauline rire au téléphone, oui, s'il avait su comment on fait pour penser moins à sa propre douleur - comme si elle n'avait su se taire que pour se ressourcer et mieux revenir - alors il aurait pu être heureux de la voir si calme, riante. Il aurait pu être heureux comme pour lui-même de savoir qu'elle était au téléphone avec l'homme qu'elle aimait."
Laurent Mauvignier, Seuls Chaque page est une déchirure. |
| | Nombre de messages : 1019 Âge : 25 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 01/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Sam 13 Jan 2018 - 1:20 | |
| Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C'est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C'est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l'existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l'abat-jour vers quatre heures, je désespère de l'éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mort. Je vis de ce désespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l'heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d'un désespoir pareil ! Au feu ! Ah ! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable ! Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas d'importance. C'est une corvée d'arbres qui va encore faire une forêt, c'est une corvée d'étoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.
Le Verbe Être, André Breton |
| | Nombre de messages : 1175 Âge : 32 Date d'inscription : 08/10/2016 | Pattrice / Effleure du mal Mer 24 Jan 2018 - 22:15 | |
| Sophia de Mello Breyner, une poétesse que J'aime bien. |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Mer 24 Jan 2018 - 22:43 | |
| torticolis pour une nuit d'avril
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| | | Invité / Invité Jeu 25 Jan 2018 - 0:41 | |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Jeu 25 Jan 2018 - 0:47 | |
| très joli merci
on dirait du Akhmatova pas russe ! (surtout la fin) |
| | Nombre de messages : 1175 Âge : 32 Date d'inscription : 08/10/2016 | Pattrice / Effleure du mal Jeu 25 Jan 2018 - 13:28 | |
| Je n'ai jamais été douée pour les mises en page! Ce poème m'évoque aussi les poèmes d'Akhmatova! Avec une dimension philosophique qui me rappelle Pessoa. Elle écrit de jolies choses dans l'ensemble ... Elle a été publiée dans feue la collection "Orphée" de feue La Différence. ( ) |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Jeu 25 Jan 2018 - 15:23 | |
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