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| | | Nombre de messages : 9994 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 2 Déc 2016 - 20:57 | |
| Il en tomba combien dans cet abîme Béant dans le lointain ! Et je disparaîtrai un jour sans rimes Du globe, c’est certain.
Se figera tout ce qui fut, - qui chante et lutte et brille et veut : Et le vert de mes yeux et ma voix tendre Et l’or de mes cheveux.
Et la vie sera là, son pain, son sel Et l’oubli des journées. Et tout sera comme si sous le ciel Je n’avais pas été !
Moi qui changeais, comme un enfant, sa mine - Méchante qu’un moment, – Qui aimais l’heure où les bûches s’animent Quand la cendre les prend,
Et le violoncelle et les cavalcades Et le clocher sonnant… – Moi, tellement vivante et véritable Sur le sol caressant.
A tous – qu’importe. En rien je ne mesure, Vous : miens et étrangers ?! – Je vous demande une confiance sûre, Je vous prie de m’aimer.
Et jour et nuit, voie orale ou écrite : Pour mes « oui », « non » cinglants, Du fait que si souvent – je suis trop triste, Que je n’ai que vingt ans,
Du fait de mon pardon inévitable Des offenses passées, Pour toute ma tendresse incontenable Et mon trop fier aspect,
Et la vitesse folle des temps forts, Pour mon jeu, pour mon vrai… – Ecoutez-moi ! – Il faut m’aimer encore Du fait que je mourrai.
8 décembre 1913
Marina Tsvetaïeva, Tentatives de jalousie et autres poèmes, traduits du russe et présenté par Eve Malleret, La Découverte, 1986, p. 79. |
| | Nombre de messages : 1509 Âge : 29 Localisation : entre deux fleuves Pensée du jour : “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.” Date d'inscription : 01/10/2010 | Roman russe / Roland curieux Sam 3 Déc 2016 - 13:12 | |
| Un de mes préférés — il est affiché à côté de mon lit. <3 |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Dim 4 Déc 2016 - 15:02 | |
| Poèmes à la nuit, Rainer Maria Rilke, et une primevère séchée |
| | | Invité / Invité Dim 4 Déc 2016 - 15:38 | |
| | | Invité / Invité Mar 6 Déc 2016 - 17:55 | |
| Une brève description de l'été Feux sauvages
des quatre côtés brûle l'été des fleurs d'acacias soporifiques poussent
l’âme verte du vin couve dans les vignes
Les coquelicots saignent dans le blé L'obscurité vient
et la lune se promène sur le pont d'argent Le monde est comme le pain retiré du four
que la nuit ronge
Jan Skácel |
| | Nombre de messages : 1509 Âge : 29 Localisation : entre deux fleuves Pensée du jour : “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.” Date d'inscription : 01/10/2010 | Roman russe / Roland curieux Mar 6 Déc 2016 - 20:06 | |
| Bon, faut que je le lise. é_è |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Mar 6 Déc 2016 - 20:15 | |
| l’été c’est nul mais Jan Skácel |
| | | Invité / Invité Mer 7 Déc 2016 - 20:47 | |
| Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu’il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec les craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur.
Jacques Prévert |
| | | Invité / Invité Jeu 15 Déc 2016 - 21:11 | |
| Lune à l'aube d'été
Dans l'air de plus en plus clair scintille encore cette larme
ou faible flamme dans du verre quand du sommeil des montagnes monte une vapeur dorée
Demeure ainsi suspendue sur la balance de l'aube entre la braise promise
et cette perle perdue
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Toute fleur n’est que de la nuit qui feint de s’être rapprochée Mais là d’où son parfum s’élève je ne puis espérer entrer c’est pourquoi tant il me trouble et me fait si longtemps veiller devant cette porte fermée Toute couleur, toute vie naît d’où le regard s’arrête Ce monde n’est que la crête d’un invisible incendie
Philippe Jaccottet |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 20 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Mar 20 Déc 2016 - 17:28 | |
| La femme qui possède tout en elle Pour donner le goût des fêtes charnelles, La femme qui suscite en nous tant de passion brutale, La femme est avant tout sentimentale. Main dans la main les longues promenades, Les fleurs, les billets doux, les sérénades, Les crimes, les folies que pour ses beaux yeux l'on commet, La transporte, mais...
Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s'emmerde en baisant. Qu'elle le taise ou le confesse C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses. Les pauvres bougres convaincus Du contraire sont des cocus. A l'heur' de l'oeuvre de chair Elle est souvent triste, peu-chère ! S'il n'entend le cœur qui bat, Le corps non plus ne bronche pas.
Sauf quand elle aime un homme avec tendresse, Toujours sensible alors à ses caresses, Toujour bien disposée, toujours encline à s'émouvoir, Ell' s'emmerd' sans s'en apercevoir. Ou quand elle a des besoins tyranniques, Qu'elle souffre de nymphomanie chronique, C'est ell' qui fait alors passer à ses adorateurs De fichus quart d'heure .
Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s'emmerde en baisant. Qu'elle le taise ou le confesse C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses. Les pauvres bougres convaincus Du contraire sont des cocus. A l'heur' de l'oeuvre de chair Elle est souvent triste, peu-chère ! S'il n'entend le cœur qui bat, Le corps non plus ne bronche pas.
Les "encore", les "c'est bon", les "continue" Qu'ell' cri' pour simuler qu'ell' monte aux nues, C'est pure charité, les soupirs des anges ne sont En général que de pieux mensonges. C'est à seule fin que son partenaire Se croit un amant extraordinaire, Que le coq imbécile et prétentieux perché dessus Ne soit pas déçu.
Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s'emmerde en baisant. Qu'elle le taise ou le confesse C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses. Les pauvres bougres convaincus Du contraire sont des cocus. A l'heur' de l'oeuvre de chair Elle est souvent triste, peu-chère ! S'il n'entend le cœur qui bat, Le corps non plus ne bronche pas.
J'entends aller de bon train les commentaires De ceux qui font des châteaux à Cythère : "C'est parce que tu n'es qu'un malhabile, un maladroit, Qu'elle conserve toujours son sang-froid." Peut-être, mais les assauts vous pèsent De ces petits m'as-tu-vu-quand-je-baise, Mesdam's, en vous laissant manger le plaisir sur le dos, Chantez in petto...
Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s'emmerde en baisant. Qu'elle le taise ou le confesse C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses. Les pauvres bougres convaincus Du contraire sont des cocus. A l'heur' de l'oeuvre de chair Elle est souvent triste, peu-chère ! S'il n'entend le cœur qui bat, Le corps non plus ne bronche pas. |
| | | Invité / Invité Mer 21 Déc 2016 - 13:06 | |
| Je surenchéris avec un autre texte de Brassens :
La mauvaise réputation
Au village, sans prétention J'ai mauvaise réputation Qu'je m'démène ou qu'je reste coi Je pass' pour un je-ne-sais-quoi Je ne fait pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme
Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Tout le monde médit de moi Sauf les muets, ça va de soi
Le jour du Quatorze Juillet Je reste dans mon lit douillet La musique qui marche au pas Cela ne me regarde pas Je ne fais pourtant de tort à personne En n'écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Tout le monde me montre du doigt Sauf les manchots, ça va de soi
Quand j'croise un voleur malchanceux Poursuivi par un cul-terreux J'lance la patte et pourquoi le taire Le cul-terreux s'retrouv' par terre Je ne fait pourtant de tort à personne En laissant courir les voleurs de pommes
Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Tout le monde se rue sur moi Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi
Pas besoin d'être Jérémie Pour d'viner l'sort qui m'est promis S'ils trouv'nt une corde à leur goû t Ils me la passeront au cou Je ne fait pourtant de tort à personne En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome
Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux Tout l'mond' viendra me voir pendu Sauf les aveugles, bien entendu |
| | | Invité / Invité Mer 21 Déc 2016 - 13:13 | |
| Brassens C'est le moment d'évoquer la chanson française ! Je poursuis avec Jean Ferrat. De plaines en forêts de vallons en collines Du printemps qui va naître à tes mortes saisons De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche Quelque chose dans l'air a cette transparence Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige Elle répond toujours du nom de Robespierre Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes De dire qu'il est temps que le malheur succombe Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l'histoire et ses fosses communes Que je chante à jamais celle des travailleurs Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines Celle de trente-six à soixante-huit chandelles Ma France |
| | | Invité / Invité Sam 24 Déc 2016 - 11:32 | |
| Je suis verticale
Mais je voudrais être horizontale. Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre Absorbent les minéraux et l'amour maternel Pour qu'à chaque mois de mars je brille de toutes mes feuilles, Je ne suis pas non plus la beauté d'un massif Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives, Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales. Comparé à moi, un arbre est immortel Et une fleur assez petite, mais plus saisissante, Et il me manque la longévité de l'un, l'audace de l'autre.
Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles, Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur. Je marche parmi eux, mais aucun d'eux n'y prête attention. Parfois je pense que lorsque je suis endormie Je dois leur ressembler à la perfection - Pensées devenues vagues. Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.
Alors le ciel et moi converserons à cœur ouvert, Et je serai utile quand je reposerai définitivement : Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, Et les fleurs m'accorder du temps.
Sylvia |
| | Nombre de messages : 9994 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Sam 24 Déc 2016 - 11:58 | |
| Labyrinthe
Chère Madame Schubert, je vous salue depuis le Labyrinthe, ville d’eau polysémique qui m’induit en erreur. Je cherche les sources brûlantes de notre amour, les fontaines de nos paroles minérales, les heures de cure à deux. Je me perds dans l’entrelacs des souvenirs, aux carrefours des chemins ; je tombe dans le piège de la géométrie. Je m’emmêle dans les câbles du calendrier. Tout ce qui nous a aimés, chère Madame Schubert, est désormais sans issue.
La langue
Chère Madame Schubert, je vous écris en polonais. C’est une langue étrange. Elle colle au palais. Il faut sans cesse la traduire en d’autres langues. Parfois son parfum est lourd et a le goût d’une moutarde sans piquant. Il arrive qu’elle s’emballe dans une histoire d’amour. Vous vous souvenez de ce vertige lexical tandis que nous courions sur la plage - la pluie lavait les restes des propos de nos lèvres ?
Ewa Lipska, Chère Madame Schubert |
| | Nombre de messages : 5391 Âge : 32 Date d'inscription : 15/12/2011 | Hiver / La Papesse Lun 26 Déc 2016 - 4:34 | |
| trop bien pasi !!
PAROLE DE RUINE
Je veux venir près de toi. Je ne trouve vrais ni la pierre, ni le monde ni les distances. Le coup d'aile d'un oiseau dans le ciel de grand gel dure aussi longtemps que la ville aux murs coulés de béton. Il m'a fallu me briser avant de perdre mes illusions. Aujourd'hui, je suis certain que tes cellules m'entendent quand je parle la langue aux mille sens des ruines en moi-même, mais rien que pour toi en vérité.
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