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 L'extraordinaire est-il la source de la littérature ?

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Le Concierge
   
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Le Concierge  /  Barge de Radetzky


Après une discussion avec Chamanii, je me demandais la place que vous accordiez, vous, à l'extraordinaire dans la littérature.

Je ne parle pas forcément de l'extraordinaire en tant que motif central ou que "fond" du propos, par exemple, avec la fantasy, mais plutôt comme source même de l'écriture du texte et de l'auteur.ice. Par exemple, il est certain que la Promesse de l'aube de Romain Gary puise dans un vécu extraordinaire sa puissance littéraire : tout le monde n'a pas vécu ce qu'a vécu Gary et son vécu hors-du-commun participe beaucoup à son texte.

En regardant mes livres "préférés", enfin ceux qui m'ont marqués, au final il n'y avait pas tant de livres qui impliquaient, à leur source, un vécu extraordinaire, la narration d'un tel vécu ou bien même, dans la biographie de l'auteur.ice, l'existence d'un tel vécu.

Évidemment, tout dépend de la définition que l'on donne de l'extraordinaire, mais je me demandais : dans votre panthéon personnel, dans votre bibliothèque idéale, combien de livres supposent un vécu particulièrement hors-du-commun ?
 
Bluepulp
   
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Bluepulp  /  Tapage au bout de la nuit


Je dirais tous mes livres de fiction. Les livres de ma bibliothèques qui se rapprochent le plus de l’ordinaire et du commun sont mes livres de philosophie, et encore on pourrait les qualifier de hors-norme par leurs thèses uniques, ou du moins innovantes pour leur époque. Quoique à bien y réfléchir, j’ai quand même des livres techniques (j’entends par là qui visent à enseigner une compétence) qui sont terre à terre et ne relèvent pas de l’extraordinaire.
 
Emsi
   
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Emsi  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Le Concierge a écrit:

Évidemment, tout dépend de la définition que l'on donne de l'extraordinaire, mais je me demandais : dans votre panthéon personnel, dans votre bibliothèque idéale, combien de livres supposent un vécu particulièrement hors-du-commun ?

Comme tu dis :il faudrait d'abord s'accorder sur le sens à donner à extraordinaire, et plus encore à "ordinaire", puisque l'extraordinaire est ce qui se situe en dehors de l'ordinaire (ou est perçu comme tel) .. Un jour pourrait venir ou l'ordinaire serait tellement rare qu'il en deviendrait... extraordinaire.
Bien des gens (humbles) qu'on qualifie de héros disent, quand on les interroge, qu'ils n'ont fait, en agissant (par exemple en défendant à eux seuls  des passants contre un tueur fou) que quelque chose de "normal", et qu'il n'y ont rien vu d'extraordinaire.

Néanmoins le livre d ma bibliothèque que j'ai le plus relu est, de loin, Le Maître et Marguerite, de Boulgakov. L'histoire m'apparaît comme extra-ordinaire, mais là encore c'est subjectif puisqu'il paraît qu'un esprit éclairé (ce que je ne suis sans doute pas) doit forcément y voir une allégorie de l'URSS de ces années-là, alors que moi, naîvement, je n'y vois qu'un récit merveilleux (et ne veux surtout pas y voir cet aspect politique qui paraît-il est flagrant).
Mais en réfléchissant pour te répondre, je me rends compte que ce qui me fait décoller en littérature, aussi bien comme lectrice que comme source d'inspiration, c'est, plus que l'extraordinaire, le merveilleux. Et je pense que l'humanité a toujours eu besoin de merveilleux. Elle l'a écrit, l'a lu, l'a raconté et transmis oralement dans des gestes (au sens d'épopée). J'y mets une dimension de rêve, que l'extraordinaire n'a pas...
 
Le Concierge
   
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Le Concierge  /  Barge de Radetzky


Merci pour vos réponses.

Oui, évidemment, il faudrait définir l'ordinaire pour être au clair avec ce que je raconte ; mais, peut-être que ce que je trouve drôle c'est de le prendre en son sens le plus ordinaire, le plus naïf, le moins "réfléchi".

Si je regarde les derniers livres que j'ai lu et que j'essaie d'appliquer un classement irréfléchi, entre ordinaire et extraordinaire (au sens le plus simple : ce qui ne semble pas commun, ce que je ne peux pas vivre ?) :

_ Une mort très douce de Beauvoir | ORDINAIRE
_ Scènes de la vie conjugale de Bergman | ORDINAIRE
_ La Fin de l'Homme rouge de Alexievitch | ORDINAIRE / EXTRAORDINAIRE
_ Être sans destin de Kertész | EXTRAORDINAIRE
_ Crime et Châtiment | EXTRAORDINAIRE

Etc.
 
Fred Dee
   
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Fred Dee  /  Hé ! Makarénine


De manière très simpliste, la réponse à la question initiale est, je dirais : non. Pour une raison tout aussi simpliste : si seulement les gens vivant des choses extraordinaires devenaient écrivains, nos bibliothèques auraient une toute autre allure. D'abord parce que les gens qui vivent des choses extraordinaires ne savent pas forcément les raconter, n'ont pas forcément envie de les raconter et n'ont pas toujours des talents littéraires.

Il y a de très grands écrivains qui étaient aussi de très grands pantouflards qui n'ont jamais vécu d'autres aventures que celles qu'ils imaginaient bien au chaud dans leur salon. Ce qu'ils ont d'extraordinaire, c'est qu'ils étaient capables de les imaginer, de les raconter, d'en faire des œuvres littéraires.

Il y a aussi de très grandes œuvres qui n'ont pas réclamé beaucoup d'imagination puisqu'elles racontent des choses très ordinaires. Je pense, par exemple, à L'événement d'Annie Ernaux. Ce qu'il a d'extraordinaire, c'est peut-être son sujet (l'avortement) qui met mal à l'aise encore beaucoup de monde mais qui touche des millions de femmes qui ont vécu exactement la même chose. Donc, l'autrice n'a pas vraiment vécu quelque chose d'extraordinaire, sauf à un niveau subjectif, dans son expérience intime (rappelons que les romans d'Ernaux sont grandement autobiographiques).

Le rapport entre littérature et extraordinaire ne se situe pas à la base de l'action d'écrire mais dans l'action d'écrire et dans son résultat. Ce qui est extraordinaire, c'est de parvenir à faire œuvre littéraire même de l'ordinaire.

Ce qui se trouve plus fondamentalement à "la source de la littérature", à mon avis, c'est le partage. Un besoin de transmission, de ne pas garder pour soi seul une expérience ou une histoire qu'on est capable de se raconter dans sa tête. Cela vaut pour la transmission orale aussi bien que les œuvres écrites. Il y a des émotions, des expériences, des idées uniques (pas forcément extraordinaires mais parce qu'elles ont été vécues, ressenties, pensées par une seule personne, elles sont uniques) qu'on ne peut offrir à d'autres que via la littérature. Et pour naître, il faut l'envie de partage à la base.

Et si on attendait de vivre des choses extraordinaires pour écrire, on perdrait beaucoup de temps et on perdrait beaucoup d’œuvres qui ne seraient jamais écrites ni lues en attendant.

Dans certains cas, on pourra toujours dire que tel ou tel auteur a vécu des choses extraordinaires, parce qu'il vivait à tel moment, en tel lieu, quand il se passait telles choses. Mais ne sont-elles pas extraordinaires a posteriori, parce que nous jugeons que ce devait être extraordinaire de vivre ça ? Sur le moment, c'est juste le quotidien de ces gens, leur ordinaire. Cela devient extraordinaire quand nous les voyons depuis notre ordinaire.
 
Emsi
   
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Emsi  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Fred Dee a écrit:

Ce qui se trouve plus fondamentalement à "la source de la littérature", à mon avis, c'est le partage. Un besoin de transmission, de ne pas garder pour soi seul une expérience ou une histoire qu'on est capable de se raconter dans sa tête. Cela vaut pour la transmission orale aussi bien  que les œuvres écrites. Il y a des émotions, des expériences, des idées uniques (pas forcément extraordinaires mais parce qu'elles ont été vécues, ressenties, pensées par une seule personne, elles sont uniques) qu'on ne peut offrir à d'autres que via la littérature. Et pour naître, il faut l'envie de partage à la base.
Et si on attendait de vivre des choses extraordinaires pour écrire, on perdrait beaucoup de temps et on perdrait beaucoup d’œuvres qui ne seraient jamais écrites ni lues en attendant.
Dans certains cas, on pourra toujours dire que tel ou tel auteur a vécu des choses extraordinaires, parce qu'il vivait à tel moment, en tel lieu, quand il se passait telles choses. Mais ne sont-elles pas extraordinaires a posteriori, parce que nous jugeons que ce devait être extraordinaire de vivre ça ? Sur le moment, c'est juste le quotidien de ces gens, leur ordinaire. Cela devient extraordinaire quand nous les voyons depuis notre ordinaire.

Je rejoins tout à fait Fred Dee sur ces paragraphes (et pratiquement sur la totalité de son intervention, même si je n'ai pas assez de culture pour citer des oeuvres précisément, lisant très peu, et en tout cas n'ayant sûrement pas cité Annie Ernaux pour illustrer les "très grandes ouvres". En revanche elle me semble  l'illustration parfaite de l'auteur tombé au bon lieu au bon moment avec le bon public).

Le besoin (ou l'envie) de partager quelque chose : une histoire, des personnages, son propre vécu, l'amour pour son chien, la beauté de son jardin, la mort, la vie dans ses divers aspects, dramatiques, drôles inattendus, heureux, simples..., oui c'est ça en effet qui me parle, dans les réponses données.  Et je remercie Fred Dee parce que je n'aurais pas pensé à ça, et pourtant oui, c'est selon moi une belle définition de ce qui est la source de l'écriture (ou de l'oralité, pour les cultures avec ce genre de transmission).
L'extraordinaire est-il la source de la littérature ? 3029968519
 
   
    
                         
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