Bonjour à tous,

J'espère tout d'abord ne pas vous importuner avec un message que, peut-être, vous lisez pour la énième fois : je suis un néophyte... J'ai envoyé le manuscrit de mon premier roman aux Editions du Seuil par la poste. Il a été reçu le 26 avril dernier. J'ai reçu une lettre de refus avant-hier.
L'écriture est maîtrisée, me dit-on, mais la mise en oeuvre romanesque est peut-être un peu fragile.
Je m'interroge sur la nature de cette lettre de refus. Est-ce une lettre "personnalisée" ? Je trouve, en outre, que leur réponse a été très rapide compte tenu des délais habituels : à peine plus d'un mois... D'autre part, la lettre a été postée mardi, soit le jour du comité de lecture. Pensez-vous que mon manuscrit y ait été étudié ?
Merci par avance pour vos réponses.
Je vous souhaite à tous une très belle journée !

Bonjour,

C'est une réponse semi-personnalisée. Les éditions du Seuil répondent souvent cela : "mise en oeuvre romanesque fragile" mais ils ne répondent pas ainsi à tous les auteurs, le plus souvent, ils se contentent de refuser le texte.
Cette notion de "mise en oeuvre romanesque fragile" fait souvent allusion à des textes qui sont davantage des récits que des romans.

Le Seuil fait partie des maisons qui répondent souvent assez vite.

Cordialement,

Merci beaucoup pour ces éclaircissements !

Bonjour,

Je me faisais une idée du sens de la réponse de Seuil, mais j'avoue que je comprends moins :

Claire Raphaël a écrit:

des textes qui sont davantage des récits que des romans.

Comme je suis aussi néophyte, serait-il possible d'en savoir plus à ce propos ?

Merci par avance,

La différence entre récit et roman est assez subtile, à ma connaissance, elle n'est pas clairement définie, mais les éditeurs font souvent la différence.
Le roman est centré sur un enjeu, une lutte, un conflit, le combat d'un personnage... le récit est plus délié. Le roman est aussi très incarné de nos jours, très visuel, le récit est parfois plus intellectuel.
Je me souviens d'une éditrice qui me disait : "dans un roman, il ne suffit pas d'avoir créé des personnages, il faut en faire quelque chose." Autrement dit les engager dans des conflits ou au moins des compétitions.
On peut aussi citer un exemple, un personnage qui retourne sur le lieu de son enfance, cela peut faire un récit, s'il y retrouve son premier amour de jeunesse et tente de renouer avec, cela peut faire un roman.

Cordialement,

@ Claire Raphaël : Merci pour ces réponses. Ai-je bon si je dis que le roman est une forme (pouvant d’ailleurs contenir le récit comme procédé de progression) et le récit est un type de narration (pouvant servir pour l’ensemble d’une histoire et, à mon avis, englober l’expression d’enjeux) ?

Ce qui me laisserait penser pour en revenir à Daragane que l’écriture est maîtrisée (ce qui est un excellent point. Félicitations, Daragane !), mais qu’il y aurait selon Seuil des problèmes de forme ?

@ Lul de Faltenin : Je pense que oui, le roman contient le récit mais il le dramatise, d'ailleurs quand on parle aujourd'hui de la forme idéale du roman, on reprend souvent les caractères de forme du théâtre classique (exposition, annonce du conflit, péripéties, apogée du conflit, dénouement...) tandis que le récit est plus linéaire.
Certaines maisons d'édition acceptent de publier des récits mais ce sont souvent des récits au sujet très fort, je pense par exemple à des récits autobiographiques sur des expériences limites.

Merci

Citation :

L'écriture est maîtrisée, me dit-on, mais la mise en oeuvre romanesque est peut-être un peu fragile.  

 = en traduction : ce n'est pas une me*de finie, mais on n'en veut pas, sans froisser les susceptibilités.

Spoiler:

Merci pour toutes vos réponses qui me permettent d'y voir plus clair !