[hexagone 15]

12/02/2021

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l’oiseau des essaims
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aiguise
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le sentier aigüe des étoiles nerveuses
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c’est revenu comme ça, un peu par effraction.
quelques mots plantés dans la mémoire, de vieilles aiguilles qui avaient su se faire oublier. l’acuponcteur ne voyait pas clair. j’avais à peine foutu les pieds dans ma nouvelle affectation. hegaxone 15. mission d’exploration primaire à durée indéterminée.
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je me demande encore où est le piège.
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on est venu me chercher, comme ça, sans préambule.
la répartiteuse s’est pointée, l’air un peu perdue, aussi étonnée que moi. quand on a été mis au puisard, c’est franchement rare d’en sortir, & quand ça arrive… en fait ça n’arrive pas vraiment. passer de rebut à demi-rebut, à la limite, on accepte, & c’est seulement parce que le mépris a laissé place à l’oubli. mais là, c’était un peu gros. & je le sentais bien dans le regard de la répartiteuse, son dégoût & sa fascination, à devoir faire des manières devant un type comme moi. c’est vrai que je n’étais pas au top. les cheveux dégueulasses, la crasse sous les ongles, les lunettes rafistolées, les guenilles bouffées au mites. elle me regardait de haut & je ne pouvais pas lui en vouloir.
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de son côté elle avait toute la panoplie. elle portait un tailleur gris à rayures parfaitement ajusté, des baskets à semelles compensées (oui, ça trotte pas mal une répartiteuse, je crois même que le service organise des courses de relai inter-sections de temps en temps, enfin c’est ce qu’on m’a dit), puis un chignon tellement serré que ça lui tirait la peau du front, peut-être même les paupières. en tout cas je ne l’ai pas vue cligner des yeux une seule fois & ce serait franchement bizarre qu’elle les ait clignés en même temps que moi. ça fait peut-être partie de leur formation après tout. ah, oui, & son nez. jamais vu un nez aussi pointu. un nez de géomètre. un nez à donner des directions. un nez qu’on ne contredit pas. non vraiment, elle en imposait & moi j’étais avachi, là, tout tordu sur mon tabouret. j’ai fermé le volume en cours, posé ma réglette puis je me suis tourné vers elle, sans attendre grand chose. je n’avais pas vraiment de raison d’avoir peur, on ne pouvait pas m’envoyer plus bas.
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elle est restée plantée comme un pylône un instant, à me regarder comme une bête curieuse, puis elle a ouvert la bouche. quand j’ai entendu sa voix hésitante, un peu tremblante même, j’ai compris qu’elle aussi ne comprenait pas trop à quoi ça rimait toute cette histoire. c’était même assez comique, parce qu’elle se retenait de respirer par le nez, surement à cause de l’odeur de moisissure mêlée à celle des latrines qui sont juste à côté. alors elle parlait un peu du nez (ce nez…) & elle s’arrêtait tous les trois mots pour reprendre son souffle. du coup je n’ai pas trop suivi ce qu’elle m’a raconté. juste, à un moment, elle a dit, « …prenant effet immédiatement, veuillez me suivre », & j’ai suivi.
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