Je ne sais comment, j'arrive en ce lieu auquel tous les chemins semblent mener. Premier constat, l'odeur. La ventilation promène le même air vicié aux huit coins de la pièce, lequel dépose son léger voile de poussière qui sur le mobilier, qui sur des formes vagues, humanoïdes et périphériques, qui sur une panse de brebis entamée sans entrain. Un mot me vient à l'esprit : confinés. J'erre, de toussotements secs en bruits de déglutition, sans autre but que celui d'atteindre un côté de la pièce, en espérant qu'il m'envoie rebondir droit vers la sortie - quand je m'arrête net. Ténue, mais épaisse, lourde, une nouvelle odeur m'interpelle. Riche, putride, terreau plein de promesses - et menaçant, macérât de milliards de vies compactées, digérées... Je la cherche cette odeur, jusqu'à ce que mon regard m'arrête sur une personne. Elle l'entoure de ses bras. Un livre, qui éclipse le reste de la bibliothèque (comme elle me semble alors vaine, elle et ses gardiens !), tel un astre sombre annonçant une nouvelle aube / un dernier crépuscule. Est-ce qu'elle sait ? Je me dis que je dois avertir cette personne, sans trop savoir que lui dire. Un souvenir me revient, une phrase, prononcée d'une voix rendue rocailleuse par l'âge... et avec un soupçon de malice : Quand on cherche, on trouve généralement quelque chose, mais ce n'est pas toujours exactement ce qu'on voulait.

Ma chaussure à la main, je lance un Hé, ça va ? à la porteuse du livre.
Dans quoi m’apprêté-je à m'embarquer ?