Bonjour à tous et bonnes années.

Par ce message, je n’attends pas de solution ni de conseils du type «apprends l’orthographe». Je sais que c’est difficile à comprendre, car la dyslexie est un handicap invisible, et que les personnes non dyslexiques ne voient que des fautes d’orthographe. Je ne vous en veux pas et je ne veux pas créer de confrontation. J’écris ce message, car j’en ai besoin.

J’ai envie de témoigner de mon handicap, car oui vouloir écrire un roman quand on est dyslexique, c’est comme vouloir tirer à l’arc alors que l’on est aveugle. Au premier abord, cela semble stupide et pourtant c’est possible. Le problème arrive au moment d’écrire mes phrases, car je ne confonds pas que les sons, la grammaire et la conjugaison sont aussi très difficiles à retenir ainsi que l’orthographe.

J’ai le logiciel Antidote qui n’est malheureusement pas suffisant pour enlever toutes les fautes, il doit d’ailleurs en rester dans ce message. Je ne veux pas me plaindre, même si c’est un peu ce que je fais. Ce qui est très difficile, c’est de savoir que l’on ne peut pas y arriver seul, qu’il faut demander à des gens trop sympas de corriger votre travail alors qu’il aurait mieux à faire. 

Se dire que l’édition n’aura jamais le temps de comprendre, ou de prendre le temps. Et c’est normal, c’est un minimum de rendre un texte sans fautes d’orthographe. Je ne dis pas le contraire. Je suis juste déprimé, j’ai peur de devoir renoncer à mon rêve. J’en peux plus que ce soit toujours si dur, que je dois passer plus de temps à corriger l’orthographe qu’à écrire, pour un résultat médiocre, d’être obligé de demander à un membre de ma famille ou à un ami(e) de corriger l’orthographe. Quand je dis corriger l’orthographe, ce n’est pas enlever les dernières coquilles, mais de rester sur mon texte pendant plusieurs heures, jours et même semaines jusqu’à en perdre son latin.


Désolé pour tout cet apitoiement, désolé pour les fautes d’orthographe, de syntaxe, de grammaire et de conjugaison dans ce message.

Dans tous les cas, que vous soyez ou non Dys, courage pour l’écriture de vos textes.


Elsa

Salut Elsa,

Tout d'abord, je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était la dyslexie, je viens d'aller faire un tour sur wikipédia et je crois pas en avoir tiré quoi que ce soit... excepté cette page qui tente de recréer un texte vu par un dyslexique, je ne sais pas trop ce que ça vaut : https://geon.github.io/programming/2016/03/03/dsxyliea

En tous cas je n'ai pas relevé une seule faute dans ton message malgré tes excuses concernant l'orthographe. J'imagine que te catégoriser en tant que dyslexique te met une pression énorme et que tu  apporte un soin tout particulier au moindre texte...

C'est sûr que tu pars de loin du coup, mais le mérite, la gratification que tu dois tirer de l'écriture doit être d'autant plus importante.

Bon courage , et bonne année à toi !

Salut MUMTAZ,

Merci pour ton message, ça fait du bien. Expliquer la dyslexie, pas évidente. Je vais essayer de faire simple.

L’idée c’est que, si mon cerveau est un logiciel, la ligne de code concernant l’écriture est bugger.  Je confonds les sons & [d], [m] & [n], [p] & [t] ; l’orthographe : c, s,ss, ç - o, au, eau, - è, ê, ai, ei — en, em, an, am ; et on rajoute la grammaire et la conjugaison, sauf que ce mélange, c’est tout en même temps. L’orthophoniste apprend au dyslexique à s’autocorriger au même où il écrit. Un petit exemple :

Les chevaux fringants galopent.

Sur cette phrase, je dois penser au pluriel de les, que chevaux, c’est aux au pluriel, que fringant, prend un f est non un ph, que son un c’est in, qu’entre g et a il n’y a pas de u, que le en de fringant c’est an, il ne faut pas oublié le t à la fin et qu’il s’accorde en genre et en nombre avec le sujet cheval, que galopent ne prend qu’un l et un p, que son o est un o et pas au sachant que le a juste avant peut entraîner un doute et que le verbe galoper se conjugue ent à la troisième personne du pluriel.

C’est ça tout le temps et là il n’y a que 4 mots, alors imagine sur un texte de 250 pages. Sachant qu’en plus rien n’est jamais automatisé, je dois faire cet effort dès que j’écris. Là où ça devient complètement dingue, c’est que mon orthographe n’étant pas fixe, je peux après coup transformer des mots bien écrire en erreurs, enlever le t à fringant, ajouter un p à galoper.

Je sais que ça semble dingue, mais c’est mon quotidien.

https://geon.github.io/programming/2016/03/03/dsxyliea
Ton lien explique bien ce qui se passe dans la tête d'un dys. ^^

Merci pour l'explication, je m'endormirai moins bête ce soir !

D'après tes dires, j'ai l'impression que tu parles avant d'écrire et que je fais l'inverse. Perso je crois qu'avant même de formuler une phrase à l'oral, je la conçoit comme écrite dans ma tête. Du coup ça coule de source... Mais c'est pas très logique puisque j'ai appris à parler avant d'écrire, m'enfin.

Alors la dyslexie est "génétique" ? Elle ne peut pas être liée à une l'apprentissage d'une mauvaise méthode d’apprentissage (ça fait beaucoup de fois "apprentissage") dont on aurait du mal à se défaire ? Est-ce qu'on peut "guérir" la dyslexie ?

Ca doit être une galère pas possible rien que pour lire donc... Est-ce que tu penses qu'un dyslexique qui connait l'écriture phonétique aurait plus de facilité à lire un livre écrit en écriture phonétique?

Je pensais que c'était de la confusion entre des lettres voisines...

Ce doit être hyper-dur de manier l'orthographe, en effet... mais ce n'est pas pour autant que tu ne peux pas écrire.
Le travail d'auteur est héritier de celui de conteur. L'écriture n'est qu'un outil.
Il y a une JE qui est dyslexique et a publié des livres. Mais elle ne vient plus sur le forum.
Peut-être qu'il y en a d'autres qu'elle, et qui traînent encore dans les parages ?

Bon courage, en tous cas !

Marrant, ma compagne travaille en ce moment un spectacle sur les toubles Dys.

Je ne sais pas le temps qu'il t'a fallu pour écrire ces messages mais sache que même s'il ne s'agit pas d'une écriture romancée, ils sont parfaitement limpides et sans faute. Je n'ai pas vu si tu avais posté des écrits sur le forum. Mais je ne vois pas ce qui pourrait rebuter un lecteur voire un éditeur. Et s'il y a quelques coquilles survivantes après relectures, je ne pense pas que ça fasse sortir de la lecture pour autant.
En tous cas, il me semble que ce n'est pas hors de portée. Je te souhaite beaucoup de courage et au plaisir de te lire.

Merci à tous pour vos chaleureux messages, ça me fait beaucoup de bien. J’étais vraiment au plus bas ce matin.

Je vais essayer de répondre le plus clair possible à vos interrogations.

mumtaz a écrit:

Alors la dyslexie est « génétique » ? Elle ne peut pas être liée à une l’apprentissage d’une mauvaise méthode d’apprentissage (ça fait beaucoup de fois « apprentissage ») dont on aurait du mal à se défaire ? Est-ce qu’on peut « guérir » la dyslexie ?
Ca doit être une galère pas possible rien que pour lire donc… Est-ce que tu penses qu’un dyslexique qui connait l’écriture phonétique aurait plus de facilité à lire un livre écrit en écriture phonétique ?

Effectivement la dyslexie est génétique, elle serait d’ailleurs principalement transmise par la mère d’après les dernières études.

Il ne s’agit pas d’un problème d’apprentissage, mais de fonctionnement du cerveau. Je parle de dyslexie, car c’est le terme que tout le monde connaît, mais il faudrait parler de trouble dyx, qui intègre les dyscalculique, qui concernent les mathématiques avec des personnes incapables de faire une addition ou inversant l’écriture des nombres, les dyspraxiques pour qui lacer ses lacets ou mettre une clef dans une porte est une épreuve et bien d’autres. 
C’est extrêmement vaste et les problèmes de dyx ne sont pas que liés à l’écriture, par exemple le faite d’être incapable de différencier sa gauche de sa droite ou de se repérer dans l’espace. Il n’y a pas 2 dyx qui se ressemblent, j’ai fait mon collège dans une classe de dyx. Nos troubles ne s’exprimaient pas de la même manière. Il aurait presque fallu penser un enseignement différent pour chacun d’entre nous.
À la maison, ma sœur, ma mère et moi nous le somme et à nouveau ça se traduit de manière très différente. Ma mère, ça concerne surtout l’oral, elle n’a appris à parler qu’à l’âge de 5 ans. Ma sœur à une petite dyslexie, en revanche elle a tendance à semer ses affaires comme un écureuil, c’est spectaculaire, je pense que c’est lié.
Moi, on m’a détecté tard à l’âge de 9 ans. On m’a d’abord détecté hyperactive. Le neurologue a voulu me mettre sous médoc, ce qui était incompréhensible pour mes parents. Sans savoir lire, je restais des heures à regarder les albums de Tintin. Un an de psychomotricité, et l’on a su que je n’étais que dyslexique. J’avais berné tout le monde, j’étais passé en CE1 sans savoir lire ou écrire vous imaginer.

On n’en guérit pas, on apprend à s’autocorriger. Certaines personnes, comme ma sœur ou ma mère, arrivent à ne plus faire de faute. D’autres, comme moi, ont besoin d’un suivi quotidien. L’orthophoniste c’est un peu comme un rééducateur, il essaye de te repérer.   Des fois, ça marche, parfois non.

En ce qui concerne la phonétique, ça aide beaucoup à condition de ne pas confondre les sons, mais dans mon cas, ce fut une grande aide. Le problème c’est que tu ne peux pas uniquement lire en phonétique, ce serait bien, mais notre société ne le permet malheureusement pas. En arrivant à la fac, j’ai commencé le japonais pour ça, mais le programme allait bien trop vite pour moi et je me suis planté. L’apprentissage de nouvelle langue, ça aussi c’est un vrai problème. Je pense que j’aurais été moins dyx si j’avais été japonaise.
 

\"arthurbouloc a écrit:

Marrant, ma compagne travaille en ce moment un spectacle sur les toubles Dyx.
Je ne sais pas le temps qu’il t’a fallu pour écrire ces messages mais sache que même s’il ne s’agit pas d’une écriture romancée, ils sont parfaitement limpides et sans faute. Je n’ai pas vu si tu avais posté des écrits sur le forum. Mais je ne vois pas ce qui pourrait rebuter un lecteur voire un éditeur. Et s’il y a quelques coquilles survivantes après relectures, je ne pense pas que ça fasse sortir de la lecture pour autant.
En tous cas, il me semble que ce n’est pas hors de portée. Je te souhaite beaucoup de courage et au plaisir de te lire.

J’aimerais bien le voir ce spectacle. D’ailleurs à sept ans, je disais pestacle.  

Dis-toi que pour écrire un message ou un texte, je passe 1/3 du temps à écrire et les 2/3 restant à le corriger. Mais vous êtes sympa, donc ça va.  
 
Mais bon, ça va, même s’il arrive parfois des trucs Bizard, comme lire partout dans le centre commercial, porno au lieu de promo, ça émerveille ta journée.  

Pour ce message avant correction Antidote trouve 142 fautes sur 818 mots (il compte aussi les vôtres   ).

Par curiosité, as-tu testé les logiciels de dictée ? Cela pourrait te donner une base de travail et soulager un peu le temps que tu passes sur la correction ?

Tengaar a écrit:

Par curiosité, as-tu testé les logiciels de dictée ? Cela pourrait te donner une base de travail et soulager un peu le temps que tu passes sur la correction ?

Encore faut-il que le logiciel ne fasse pas de fautes !!!

En 2017, après ma blessure à la main, j'ai essayé, et le résultat ne m'a pas satisfaite.
A certains moments, cela "passait" bien, mais à d'autres j'avais quatre erreurs par phrase... si bien que je dictais en surveillant attentivement l'écran pour rectifier les fautes une fois la phrase terminée. Cela m'a aidée, mais j'étais tout de même bien contente quand j'ai recommencé à taper au clavier. A présent, j'ai encore souvent mal à la main, mais je n'ai aucune envie de recommencer à dicter.

Salut !
Je suis enseignante et, sur mes 150 élèves, pas mal sont dyslexiques, parfois très lourdement. A mes heures perdues, je corrige aussi régulièrement des textes pour des connaissances et j'aimerais insister sur quelque chose qu'on ne dit pas assez:
La majorité de la correction à effectuer sur un texte concerne la syntaxe et non l'orthographe. Par ailleurs, c'est la partie qui prend le plus de temps. Je m'en fiche complètement de corriger des mots mal écrits, ça va très vite et je peux mettre le maximum en langue à un élève qui fait une faute par mot parce que son texte est tout de même très poétiques. Par contre, quand les phrases sont mal tournées, erronées, pauvres ou répétitives, je deviens effectivement folle.
Exemple: j'ai corrigé la consigne suivant dans un travail de prof: "Par groupe de deux, différents genres de livres se trouvent sur les tables. Essayez de classer ceux qui vont ensemble'
- ce ne sont pas les genres qui vont par deux mes les élèves, donc c'est agrammatical
- On ne trouve pas des genres mais des livres sur les tables
- On classe toujours ce qui va ensemble, donc c'est un pléonasme.
Du coup, si tu dois mettre de l'énergie quelque part, franchement laisse l'orthographe de côté et tu feras ça plus tard ou tu délègueras (par ailleurs, tout le monde a besoin que quelqu'un d'autres passent relire et corriger, même les personnes qualifiées en orthographe). Si tes phrases sont riches et équilibrées, il y aura toujours quelque chose à tirer de ton texte

TENGAAR, qu'est-ce que j'ai pu être soulagé en lisant le commentaire de Séléné.C. En lisant le mot dictée, j'ai cru que tu me conseilles de faire des dictées pour améliorer mon orthographe.
Le vrai problème de dicter son texte à l'oral, c'est que ce n'est pas du tout le même procédé cas l'écrit. On n’écrit pas comme on parle et on ne parle pas comme on écrit. Je sais que les élèves qui obtiennent un secrétaire pour passer leurs épreuves doivent avant s'entraîner un certain temps, pour justement apprendre à dicter. Je sais que c'est un exercice très compliqué.

Bonjour fleur-de-lyss,
La syntaxe est l'un des problèmes aussi liés à la dyslexie. J'ai 25 ans et je coupe encore mal mes phrases. Quand j'ai commencé mes études de littérature, je produisais des phrases incohérentes, ce qui rendait mon père dingue. Ça va. Étrangement, ce qui m'a permis d'arriver aussi loin malgré mon handicap, c'est mon père qui corrige tous mes devoirs maison. Le relais handicap de la fac, qui à aménager mes épreuves. Je dirai mes études en littérature. Choisir les études de lettres, car de devoir lire autant et d'être dans un milieu qui ne pardonne pas les fautes d'orthographe, ça oblige à ne jamais se laisser aller. Pour finir, je dirais que c'est aussi mon envie d'écrire de la fiction, je ne pouvais pas me mettre plus en difficulté.
Mais bon, ça paye

Quand on regarde ce post ici c’est pourtant tout à fait lisible je trouve...et trouver quéqu’un Qui pourra éventuellement corriger tes écrits?

uyuni a écrit:

Quand on regarde ce post ici c’est pourtant tout à fait lisible je trouve...et trouver quéqu’un Qui pourra éventuellement corriger tes écrits?

La vraie difficulté, c'est la quantité de fautes. Comme je l'ai déjà dit, je passe plus du temps à corriger mon texte qu'à l'écrire. Sur une page, je peux presque corriger toutes les fautes, mais sur une nouvelle de 15 pages ça devient très compliqué et sur un roman, cela pourrait être un travail d'hercule.  

Ce qui m'embête en cherchant un correcteur non rémunéré, c'est qu'il ignore la tâche à laquelle il se lance avant de commencer. Et comme je sais qu'il va rester beaucoup de fautes par mes propres corrections, c'est l'une de mes inquiétudes à poster un texte. Car recevoir un message du type. "Tu pourrais faire attention à ton orthographe." Pour un dyx, c'est comme dire à une personne en surpoids, tu es grosse, ou à quelqu'un qui a de l'acné qu'il a des boutons sur la figure. Le problème c'est que personne ne peut savoir que je le suis et tout le monde n'est pas informé de ce qu’être dyslexique veut vraiment dire. En plus, poster un texte sans fautes en plus d'être une condition important pour faciliter la lecture est essentiel si l'on veut une critique constructive..