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 Légitimité d'un auteur par rapport à ses origines

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MissMelting
   
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MissMelting  /  Homme invisible


Bonjour Elsa.
Merci pour tes mots.
 
MissMelting
   
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MissMelting  /  Homme invisible


Don Roumata
Les Usa c'est chaud, j'avoue ♨
 
Séléné.C
   
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Quand tu veux ajouter quelque chose à ton post : cliquer sur le bouton "éditer", en haut à droite.
Ça t'évitera de double-poster Wink
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MissMelting
   
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MissMelting  /  Homme invisible


Merci séléné
 
uyuni
   
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Je comprends bien ta problématique. Dans mon dernier roman, certains personnages avaient vécu des traumatismes telles que des guerres bien réelles et je m'étais vraiment posée la question de la légitimité en les faisant parler...comme une sorte d'imposture, en utilisant leur histoire
 
MissMelting
   
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MissMelting  /  Homme invisible


Merci Uyuni. C'est un peu cela.
 
Belle-Amie
   
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Belle-Amie  /  Barge de Radetzky


L'ouverture de ce débat est très intéressante, merci de t'être livrée à nous sur ces questions ! Une comparaison me vient. Est-ce qu'un être humain, qu'il soit noir ou blanc, peut écrire sur des héros de fantasy s'il n'est pas lui-même un elfe ? Je pousse un peu à l'extrême, mais je crois que ce qui est intéressant dans l'écriture, c'est de pouvoir transgresser des règles, se mettre dans la peau d'une homme alors qu'on est une femme, et vice versa. Le roman de Gilles Leroy, Alabama Song, est une réussite pour cela. Alors écris sur ce que tu veux, tu seras peut-être félicitée par la communauté noire plus tard pour avoir réussi à faire accepter de nouvelles pratiques d'écriture, qui sait Smile
 
Le Condor des Andes
   
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My two cents sur la question...

J'ai assisté aux Utopiales à une conférence très intéressante sur l'afrofuturisme (donnée par Michael Roch, un des rares auteurs français à s'inscrire dans ce mouvement). Plein d'infos très intéressantes et une très bonne ambiance dans les échanges, et j'ai retenu ceci :
Pour écrire de l'afrofuturisme, outre les ingrédients habituels de la SF, il faut :
- être africain.e ou afro-descendant.e soi-même,
- avoir des personnages principaux africains ou afro-descendantes,
- traiter de thèmes propres à l'expérience historique des peuples africains et afro-descendants (en particulier, le racisme, la colonisation, l'esclavage...),
- adopter un ton au moins en partie militant.
A la question (à laquelle il fallait s'attendre) d'un jeune auteur blanc qui demandait "mais est-ce que je peux écrire quand même une histoire de SF qui parle de racisme et avec des personnages noirs", il a répondu très simplement : "Oui... mais ce ne sera pas de l'afrofuturisme."
Ce qui, à la réflexion, m'apparaît très simple et très solide comme approche. Le regard d'un auteur ou d'une autrice noir.e sur la question du racisme sera évidemment différent du mien, de mon expérience de vie, il y a donc une légitimité particulière à ce qu'il.elle s'en saisisse et je lirais leurs œuvre avec un intérêt particulier. Sans que cela n'empêche ou n'oblige quiconque à traiter des mêmes sujets, mais toujours avec son propre point de vue.
Je ne trouverais aucun souci à ce qu'une librairie SF se dote d'un rayon dédié à l'afrofuturisme, car en tant que lecteur de SF je suis convaincu que cette approche peut apporter quelque chose de différent au genre, renouveler certaines thématiques, d'une façon que des auteurs et autrices blanc.he.s ne pourraient pas. Un peu comme le courant de la négritude. Et ça peut contribuer à valoriser des auteurs et autrices ou des thèmes moins représentés dans la littérature en général.

Par contre, je ne crois pas que ce soit possible de passer sous silence l'identité sociale de nos personnages. Or cette identité sociale est déterminée en partie par les origines, la couleur de peau, les attributs culturels, le genre du personnage. L'identité sociale détermine à son tour énormément de choses sur l'expérience de vie, les interactions, les possibilités du personnage... donc ce qu'on va bien pouvoir raconter à son sujet. Je suis très sceptique envers les auteurs qui prétendent, du fait qu'ils font de l'ÂâÂârt, pouvoir comprendre et retranscrire totalement des personnes dont ils ne partagent pas l'expérience de vie.
Ca n'interdit pas d'en faire des personnages de ses histoires. Mais un peu d'humilité et de recherche, que diable.

En somme, il n'y a jamais vraiment d'obligation ni d'interdit dans nos choix de personnages et de thématiques pour nos histoires. Par contre, il y a des conséquences à tirer de ces choix, et qui ne peuvent que renforcer la qualité de l’œuvre si on les assume complètement.
 
Mokkimy
   
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Mokkimy  /  Maîtrise en tropes


Condor a écrit:
Le regard d'un auteur ou d'une autrice noir.e sur la question du racisme sera évidemment différent du mien, de mon expérience de vie, il y a donc une légitimité particulière à ce qu'il.elle s'en saisisse et je lirais leurs œuvre avec un intérêt particulier [...]
Je suis très sceptique envers les auteurs qui prétendent, du fait qu'ils font de l'ÂâÂârt, pouvoir comprendre et retranscrire totalement des personnes dont ils ne partagent pas l'expérience de vie.

J'ai un point de vue différent sur ces deux questions.
Partager l'expérience de vie n'offre pas la vérité absolue sur un thème en particulier. On a tous des convictions différentes, des ressentis différents. Dans ce cas, comment peut-on sonner faux, ou être moins légitime qu'un autre à présenter un point de vue ?
Quant à des thèmes comme la colonisation ou l'esclavagisme... C'est comme si tu me disais que parce qu'il y a des décennies, mes aïeuls ont fait la guerre, je suis plus légitime qu'une autre à évoquer le sujet. Moi je n'ai rien vécu de tout cela, je n'y connais rien. En quoi mon hérédité renforcerait-elle ma légitimité à aborder tel ou tel sujet ?
Je ne pense pas que les origines ou la physionomie de l'auteur fasse le livre.
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Pasiphae
   
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Aucun·e auteur·ice n'écrit depuis une position neutre. Nos expériences de vie sont très largement liées à nos identités sociales, qu'elles soient ou non assignées.

Il existe quelque chose qu'on appelle le privilège épistémique. Quelqu'un·e qui est dominé·e (chez Marx, le prolétaire, pour les féministes comme Hartsock ou Ferguson, les femmes, et aujourd'hui tout groupe social minorisé) détient toujours un savoir plus large sur la relation de pouvoir dont iel est tributaire que le dominant. Pour Marx, le prolétaire comprend à la fois l'expérience et la position du dominé (donc la sienne) et celle du dominant (il est assujetti à ses récits, qui sont davantage médiatisés, et il doit faire effort de le comprendre pour s'adapter à lui, en mode stratégie de survie).

Cela signifie qu'il va être plus difficile par exemple pour un homme d'écrire sur l'expérience féminine que pour une femme d'écrire un personnage masculin convaincant. Pas impossible, pas illégitime, il existe des tonnes de manières de se documenter et de rentrer en empathie avec des expériences qui ne sont pas les nôtres, mais plus difficile tout de même.

Nos points de vue sont situés, c'est le gros consensus des pensées féministes de ces dernières décennies : cela a une incidence en littérature comme ailleurs.

Uyuni, pour en revenir à tes questionnements de départ, je dirais que (mais je ne suis pas concernée), je pense que les reproches qui t'ont été faits peuvent être expliqués par le fait que certains groupes sont très peu représentés en littérature (les personnes afro-américaines en font partie), ou alors le sont par des dominant·es qui ont imposé leur point de vue de dominant sur ces groupes (tous les mythes littéraires sur la femme séductrice et capricieuse, par exemple, qui sont bien le fait d'écrivains mâles) ; qu'il y a donc une nécessité politique de représenter ces groupe d'un point de vue interne. Mais pour autant, sans oublier d'intégrer ce genre de questionnements à son écriture, on peut écrire ce que l'on veut (si on garde à l'esprit qu'on le fait d'un point de vue situé).

Pour la question du pseudonymat, je n'ai pas de réponse toute faite. Je sais que les études sociologiques confirment qu'existent encore de forts préjugés à l'achat de livres écrits par des femmes (pour faire court, les femmes achètent des livres sans beaucoup se soucier du genre de l'auteur, mais les hommes vont être enclins à acheter plutôt des livres écrits par des hommes, parce qu'ils vont considérer que les femmes vont traiter des sujets "féminins" – on en revient au problème du masculin considéré comme neutre, dont les implications ne sont pas uniquement grammaticales), il est tout à fait possible que ce soit la même chose pour des écrivain·es noir·es. Mais esquiver le problème en publiant sous pseudonyme peut sembler une stratégie inopérante sur le long terme (sans qu'on puisse juger de tels choix).

Enfin, pour celleux qui disent qu'il suffit de ne pas préciser la couleur de peau du personnage : la même réflexion devrait alors valoir pour leur genre. Or, c'est quand même assez rare de voir des personnages dont on ne connaît pas le genre. Il n'existe pas de "genderblindness" en littérature, sauf pour des textes plus expérimentaux. Le fait qu'on accepterait davantage une forme de "colorblindness" en dit long sur le refus de considérer les origines des gens (sans compter que, biais racistes aidants, lorsqu'on ne précise pas la couleur de peau d'un personnage, on va plus vite penser qu'il est blanc que noir).
 
Le Condor des Andes
   
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Le Condor des Andes  /  Rapace du monde


Mokkimy a écrit:
J'ai un point de vue différent sur ces deux questions.
Partager l'expérience de vie n'offre pas la vérité absolue sur un thème en particulier. On a tous des convictions différentes, des ressentis différents. Dans ce cas, comment peut-on sonner faux, ou être moins légitime qu'un autre à présenter un point de vue ?
Quant à des thèmes comme la colonisation ou l'esclavagisme... C'est comme si tu me disais que parce qu'il y a des décennies, mes aïeuls ont fait la guerre, je suis plus légitime qu'une autre à évoquer le sujet. Moi je n'ai rien vécu de tout cela, je n'y connais rien. En quoi mon hérédité renforcerait-elle ma légitimité à aborder tel ou tel sujet ?
Je ne pense pas que les origines ou la physionomie de l'auteur fasse le livre.

Je pense que tu as compris de travers ce que j'ai écris. Je ne parle pas de vérité absolue (surtout pas). Je ne parle pas non plus d'être "plus" ou "moins" légitime. Je parle d'une légitimité particulière, fondée sur une expérience spécifique qui nourrira forcément un point de vue propre. Oui, le point de vue d'une personne noire sur le racisme est nécessairement différent de celui d'une personne blanche. Le point de vue de quelqu'un descendant d'esclaves sur l'esclavage, avec ce que cela suppose comme questionnements sur l'identité, sur la culture collective, sur la relation aux institutions, sur les rapports de domination... aura forcément une valeur spécifique par rapport à mon propre point de vue. Malgré toutes les recherches que je pourrais faire, je n'aurai jamais vécu ce que peut vivre une telle personne, même par rapport à des événements datant de plusieurs siècles, pourvu que ces événements produisent encore des effets sociaux et culturels aujourd'hui. Si tes grands-parents ont fait la guerre, peut-être t'en ont-ils parlé, peut-être as-tu ressenti des conséquences dans leur manière de vivre, de parler de sujets politiques, de voir le monde, de manger à table. Ou peut-être pas, ça dépend de ce qu'on communique d'une génération à l'autre. Ce n'est d'ailleurs pas tant une question d'hérédité ou de physionomie (là encore, ce n'est pas ce que je dis) que d'expérience sociale, collective.

Pasiphae a écrit:
Plein de choses intelligentes

study
 
Mokkimy
   
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Mokkimy  /  Maîtrise en tropes


Oui, mais mouais. :mrgreen:

L'expérience sociale, à la manière où tu l'entends, pour moi ça reste un mythe. Tout le monde a l'air d'y croire, mais je ne suis pas certaine que ça existe. Un peu comme l'homéopathie.

Quant au message de Pasiphae, je me demande quand même pourquoi, en littérature, on fait le contraire de tout le reste. Dans le monde "réel", on tourne autour de la non-discrimination à outrance. CV anonymisés, écriture inclusive... Et dans la littérature, il semblerait qu'il faille au contraire mentionner tout ce qui est susceptible d'être discriminant.
Je pratique le colorblindness dans chacun de mes récits par conviction. Je considère que le physique n'a aucune importance. Tout ce qui compte, c'est l'action.
Pour le genderblindness, la langue française rend l'exercice difficile, mais je suis sure qu'en japonais, par exemple, cela doit être possible. C'est davantage un problème de linguistique.
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Artar
   
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Je ne sais pas si ça fait de moi quelqu'un d'étrange dans ses convictions, mais le genre définit beaucoup plus l'individu que la couleur de peau selon moi. La couleur de peau définit une origine, mais deux personnes d'origines différentes peuvent avoir la même. Il s'agit d'un facteur en plus qui détermine l'état d'esprit du personnage.

D'un autre côté, le genre est beaucoup plus marqué comme caractéristique, non ? Principalement au niveau biologique, et par conséquent en partie sur le plan psychologique. La couleur de peau induit une différence sur le plan culturel principalement, là où la distinction homme femme est bien plus forte. Certes je parle encore en gardant en tête les genres imaginaires, mais il me semble que dans tout style de littérature le genre est une information beaucoup plus importante que la couleur de peau.

Enfin, j'ai des tas et des tas d'exemples de roman où le colorblindness est pratiqué, alors que le genderblindness ne l'est pas. Est-ce du racisme ? Je ne pense pas que ce soit à ce niveau là qu'il faille le voir. Ce n'est pas par refus des origines, c'est simplement par philosophie d'écriture. Certains pensent que sans une origine précise leur personnage ne peut pas avoir une psychologie réellement développée (et même dans ce cas, la couleur de peau est alors aussi importante que le niveau de vie, les croyances, etc.). D'autres vont penser qu'un personnage  va être davantage définit par son passé et donc ses expériences vécues. On peut également songer à mettre son personnage directement dans l'action en le définissant simplement par ses réactions aux événements présents.

Aujourd'hui, écrire une histoire d'amour au sein d'un bouquin (ou du moins une amourette entre personnages) est extrêmement commun. Je veux bien que d'ici quelques décennies/siècles le genre deviendra peut-être moins important, mais actuellement, écrire l'amour sans préciser le genre dans son livre c'est révolutionner l'écriture. C'est tellement incomparable avec la couleur de peau, qui n'est clairement pas aussi essentiel, puisque dans les trois approches de développement de personnage que j'ai évoquées (parmi un bon paquet, je suis loin d'être exhaustif), le genre aura toujours son importance.

TLDR : le genre est bien plus important (en 2020) que la couleur de peau pour définir un personnage.

Edit : Le message d'au dessus résume bien aussi ce que je pense, c'est à dire que les considérations physiques ne sont pas absolument nécessaires dans le développement d'un personnage.
 
Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Artar a écrit:
Je ne sais pas si ça fait de moi quelqu'un d'étrange dans ses convictions, mais le genre définit beaucoup plus l'individu que la couleur de peau selon moi.
A mon avis, les importances de ceci ou cela dans un personnage dépendent pour beaucoup du genre littéraire et des thèmes traités par le synopsis.

La proximité de l'auteur.e avec ses personnage est très probablement une aide à les rendre "vrais", mais sûrement pas une garantie, ni une condition indispensable.

Ce qui, par contre, me semble certain, c'est que dans beaucoup de récits, la couleur de peau et le genre du personnage n'ont qu'une importance réduite pour le scénario... et là, je rejoints partiellement Mokkimy sur l'idée qu'on peut se passer de préciser (partiellement parce que je suis du genre à préciser dans mes textes des tas de détails mineurs).

Je suis d'accord avec Condor sur le fait qu'en l'absence de précision, on imaginera comme on en a l'habitude... mais ne suis pas certaine de le suivre sur le réflexe raciste qui conduira à imaginer par défaut que le personnage est blanc. Il y aurait des tests intéressants à faire en confiant un même textes à des gens totalement différents et en leur demandant de dessiner un portrait-robot du personnage !

Certains lecteur auront sans doute le réflexe de l'imaginer correspondant à la tendance générale de ce type de personnage au cinéma, d'autre selon les généralités de ce qu'on voit dans les journaux (c'est à dire globalité sociale) et d'autres encore en fonction des gens qu'ils côtoient dans leur vie quotidienne. Certains donneront au personnage le visage de leur boulanger parce qu'ils ont un tic de langage commun, d'autres celui du marchand de journaux d'à côté parce qu'il a le même prénom. A côté de quoi il y aura ceux qui le verront noir parce qu'ils sont noirs eux-mêmes et ceux qui le verront blanc parce que c'est bien connu le héros est toujours blanc. Et ceux qui le verront noir parce que l'auteur aura mis du reggae dans le baladeur qu'il écoute de page en page, et ceux qui le verront blanc parce qu'il habite à Paris.

Et puis, il y aura ceux qui l'imagineront sans tenir compte de la description qui en est faite ! Savez-vous que Maurice Leblanc a décrit Arsène Lupin comme blond, gouailleur et "lumineux" ? Pourtant on l'a toujours porté à l'écran en style "beau ténébreux" (et souvent en illustrations aussi).
Décrire un personnage comme noir ne garantit pas qu'il sera imaginé comme tel.

Petite histoire à la con =  l'an dernier lu un roman policier écrit par une femme lesbienne, dont le personnage est également une femme lesbienne... et franchement, je n'ai vu aucune différence entre cette enquêtrice et un personnage masculin, je n'ai même rien trouvé en elle qui m'évoque une femme (et me souviens, à un moment, avoir trouvé qu'elle pensait comme un mec macho). Il y a sûrement des lecteurs.trices qui sont sensibles à la représentation féminine et LGBT de ce personnage... mais pas moi.

Comme dit Mokkimy, le français ne facilite pas de zapper le genre du personnage. J'ai déjà essayé de pondre un texte (très bref) sans préciser, et je peux témoigner : il y a des articles et des adjectifs embusqués à tous les coins de phrase, guettant comme des espions pour dénoncer ce qu'on essaye de masquer. Alors quand on n'a pas spécialement l'intention de dissimuler, il est évident qu'on est très vite obligé de choisir entre H ou F. Alors qu'en effet, zapper la couleur de peau est plus facile. Dans une bande dessinée (ou un film) ce sera le contraire : quand on aperçoit quelqu'un, on analyse plus vite sa couleur de peau que son genre.
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ça me fait penser à la polémique qu'il y a eut pour Kanata, où les canadiens natifs ont grave gueulé car ils estimaient que le rôle des personnages indien était caricaturaux et qu'en plus non joué par des représentant de cette communauté. Et que globalement ce genre de spectacle leur étaient préjudiciable.
Au final la compagnie a été obligé d'annuler les représentations et la tourné au canada, faute de retrait des subventions privé au projet.


J'ai vu la pièce en France au théâtre du Soleil, qui a été réécrit un peu pour régler le contentieux survenu au Canada, (sur la liberté d'expression patati patata) Ce qui a créé à mon avis un petit règlement de compte un peu mesquine même si je comprend qu'ils en aient eu gros sur la patate. Mais de mon point de vue si je devais juste juger l'objet théâtral, moi j'ai trouvé ça excellent. (Les gars du théâtre du soleil savent tout de même y faire).

J'avais lu les articles des uns et des autres sur ce sujet, et j'ai eut du mal à trancher entre les hurlements outragé des français contre le politiquement correcte américain, et la colère de la communauté indienne canadienne, qui me paraissait pas totalement déplacé. Mais au final, est ce que l'on pouvait parler de censure dans ce cas là, sachant que les fonds étaient privé ? En tout cas si on veut parler pour les autres, ça nécessite surement de ce documenter, de déminer les susceptibilité, ça c'est bien le moins. pour moi en tant qu'être humain je pense que je peux embrasser toutes les causes. Pourquoi non ? Si je me suis approprié honnêtement le sujet.
Ou alors vraiment assumer la relecture complètement fictionnelle, comme le rôles des Indiens dans les Western des années 60 qui est caricatural.


Pour le genre, je pense que c'est là aussi complètement construit. Et finalement j'ai du mal à voir, recenser des caractéristiques qui soit strictement propre aux femmes ou aux hommes. ça se confond pas mal finalement, Le genre devient dans une histoire, sur le fond assez secondaire.
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