19.
mais je n’ai pas la patience nécessaire à la réalisation de mes desseins.
mes ambitions sont pauvres d’être portées par ma lâcheté et mon abandon.
je ne suis pas sauvage dans mes intentions.
18.
la nature autobiographique de ce projet de roman m’épuise.
je suis si typique – voulant dire le monde vu par un être ne sachant ni où il va, ni ce qu’il fait, ni pourquoi il le fait, espérant une fuite ou un retour, attendant je-ne-sais-quoi comme rencontre ou je-ne-sais quelle intensité qui lui échappe toujours par lâcheté ;
le lendemain, mon amie me lisait des morceaux de correspondance de Rilke et évidemment je pensais à la beauté brutale de son écriture, mais aussi à sa force de conviction et à cette rage qui lui donnait le loisir d’écrire de grandes phrases définitives sur l’univers ;
pour moi l’univers est une petite sphère ramassée dans mes pieds, ou rien et je peux parfois boire trop pour me donner une idée de ce que veut dire « oser ».
17.
toutes les « entreprises de ma vie » sont portées malgré moi, par impulsion, par « mouvement naturel » d’une idée vers son lieu d’origine ;
bien sûr, je ne crois pas en cet origine rêvée (il n’y a pas d’omphalos) et je me demande alors si je pourrais jamais tenir un projet sérieux.