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 Pourquoi tant de réponses négatives

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MaddyForeigner
   
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MaddyForeigner  /  Journal du posteur


Je n'oppose pas best-seller et chef-d'oeuvre. Mais c'est Jauss, dans son esthétique de la réception, qui rappelle que Flaubert n'a pas écrit le best-seller de l'année 1857.  Stendhal n'a pas été célèbre en son temps et a peu vendu. Le "poète" le plus connu était le chansonnier Béranger tombé dans l'oubli. Mme de Stael, Victor Hugo, George Sand... étaient lus et le sont encore aujourd'hui, mais Eugène Sue, beaucoup moins (alors que dans les années 1950-1980, on lisait encore "les Mystères de Paris").
Ce que je rappelle, c'est qu'effectivement, la littérature ne peut pas être circonscrite au goût du jour. Ce sont deux domaines qui n'ont rien à voir.
Au 18e siècle, on a écrit énormément de tragédies classiques, toutes tombées dans l'oubli. On se souvient de Marivaux, de Beaumarchais, mais le dramaturge à la mode, à l'époque, était Voltaire.
Mais je n'oppose pas best-sellers et chefs d'oeuvre (bis repetita) : je rappelle seulement que ce sont deux cercles sécants. Ils se rejoignent en partie seulement, et ce, à toutes les époques (si je prenais Madame Bovary pour exemple, c'est justement parce que je voulais expliquer que ce n'est pas propre à 2018).

Le relais d'opinion dans les médias n'a rien à voir avec la recherche universitaire. Le canon ne coule pas de source : il est même en constante évolution. Mais... contrairement à ce qu'ecrivait Ionesco, tout n'est pas littérature. Or même l'expression "romans de gare" est en train de devenir tabou (j'en sais quelque chose).

Quant aux envois de  manuscrits qui équivalent à des candidatures spontanées, il est bon de rappeler qu'un contrat d'édition n'est pas un contrat de travail mais un contrat commercial. On ne peut pas s'adresser au conseil des Prud'hommes en cas de rupture. On ne reçoit pas de salaire. L'éditeur n'est pas un employeur.
Le cadre juridique est flou. Mais "vivre de l'écriture" quand 16% des auteurs gagnent plus de 8000 euros par an et souvent grâce à des activités liées à l'écriture plus qu'à l'écriture elle-même, c'est un objectif qu'on peut avoir quand on est jeune. Quand on a des enfants, un métier, il est clair que c'est rarement ce qu'on vise, surtout en France (où la loi interdit d'être à la fois fonctionnaire et auto-entrepreneur, où la pression fiscale et administrative sur les auteurs et les illustrateurs est importante...) que c'est même un frein, et si beaucoup d'enseignants se mettent à l'écriture une fois retraités, ce n'est pas pour rien.

Comme tu le rappelles, je suis agrégée de lettres, alors poser ma démission pour avoir, peut-être, la chance de gagner 8000 euros par an scratch Suspect n'est pas à l'ordre du jour... et quand je regarde les auteurs qui vendent le plus, Musso, Bussi, Houellebecq, Lévy, Karine Giebel, Chattam... tous sont devenus des figures médiatiques, des personnes qui passent à la télé, qui font des tournées dans toute la France, dédicacent leurs livres, donnent des conférences, etc. d'où une confusion des registres : lors du salon du livre de Paris, j'étais à côté de Noémie de Top Chef et ses lecteurs étaient nombreux, comme le sont ceux de Loana et de Valérie Trierweiler. Bien sûr, la plupart des lecteurs font la distinction entre les personnalités devenues célèbres grâce à leurs livres et celles qui peuvent écrire des livres parce qu'elles sont célèbres, mais il n'empêche qu'à la base, on peut vouloir écrire sans vouloir devenir une star. Or on devient difficilement un auteur à la mode sans se rendre visible, sans soigner son image (y compris dans l'art de la provocation).

"Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie, mais de l'obscurité et du silence."
 
Hobbes
   
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MaddyForeigner a écrit:
Mais je n'oppose pas best-sellers et chefs d'oeuvre (bis repetita) : je rappelle seulement que ce sont deux cercles sécants. Ils se rejoignent en partie seulement, et ce, à toutes les époques (si je prenais Madame Bovary pour exemple, c'est justement parce que je voulais expliquer que ce n'est pas propre à 2018).

Ce n'est pas tant ça qui me chiffonne que cette espèce d'innocence du canon sous-entendue par tes premiers messages : indiquer — je caricature — que les « grands livres », ou tout au moins ceux qu'on reconnaît comme tels, émergent de manière quasiment magique une fois que le temps a fait le ménage sur les choses négligeables pour ne garder que la moelle, c'est représenter le champ littéraire de manière un peu myope et neutralisée. Entrer dans le canon, ce n'est pas faire un chef-d'oeuvre et attendre patiemment que les concurrents moins talentueux disparaissent corps et bien : c'est emporter, au long cours, les suffrages de tout un tas d'acteurs — les éditeurs, les universitaires, les relais d'opinion, les auteurs déjà entrés dans l'histoire — qui mobilisent leur capital symbolique pour faire ou défaire la postérité. Quelques exemples pas forcément décisifs mais qui ont au moins le mérite d'illustrer les variations de fortune de certains livres, longtemps obscurs puis ressortis du caniveau  : le retour en grâce de Döblin après la retraduction de Berlin Alexanderplatz par Olivier Le Lay, l'apparition surprise de du Bellay au programme de l'agrégation de lettres il y a sept ou huit ans, le raz-de-marée Tesich via Toussaint Louverture.

Je ne suis pas en train de dire qu'on nous ment sur Marcel Proust ou Shakespeare ; juste que les « grandes œuvres », au même titre que les succès de librairie avec la presse, la pub, le bouche à oreille et ainsi de suite, ne sont ce qu'elles sont que parce qu'elles sont poussées par un système d'institutions qui les inscrivent dans une histoire toujours partiale et conjoncturelle.

Maddy Foreigner a écrit:
Le relais d'opinion dans les médias n'a rien à voir avec la recherche universitaire. Le canon ne coule pas de source : il est même en constante évolution. Mais... contrairement à ce qu'ecrivait Ionesco, tout n'est pas littérature. Or même l'expression "romans de gare" est en train de devenir tabou (j'en sais quelque chose).

Pas certain de comprendre. Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?

Maddy Foreigner a écrit:
Quant aux envois de  manuscrits qui équivalent à des candidatures spontanées, il est bon de rappeler qu'un contrat d'édition n'est pas un contrat de travail mais un contrat commercial. On ne peut pas s'adresser au conseil des Prud'hommes en cas de rupture. On ne reçoit pas de salaire. L'éditeur n'est pas un employeur.

Ce n'est pas ce que je dis.

Je souligne juste que les éditeurs prospectent de leur côté avec une idée souvent claire de ce qu'ils veulent signer et avec quel genre d'auteur. C'est aussi leur boulot de se rencarder auprès de connaissances, d'apporteurs et de confrères pour dénicher des textes. Il y a des livres de commande, des auteurs qu'on débauche, dont on entend parler. Les livres viennent aussi bien aux éditeurs que les éditeurs viennent à eux ; ça se joue même très souvent dans ce sens pour les maisons qui peuvent sortir un peu d'argent. Forcément, les envois spontanés en souffrent.

Maddy Foreigner a écrit:
Le cadre juridique est flou. Mais "vivre de l'écriture" quand 16% des auteurs gagnent plus de 8000 euros par an et souvent grâce à des activités liées à l'écriture plus qu'à l'écriture elle-même, c'est un objectif qu'on peut avoir quand on est jeune. Quand on a des enfants, un métier, il est clair que c'est rarement ce qu'on vise, surtout en France (où la loi interdit d'être à la fois fonctionnaire et auto-entrepreneur, où la pression fiscale et administrative sur les auteurs et les illustrateurs est importante...) que c'est même un frein, et si beaucoup d'enseignants se mettent à l'écriture une fois retraités, ce n'est pas pour rien.

Sans doute, mais je ne vois pas trop le rapport avec mon message.

Maddy Foreigner a écrit:
Bien sûr, la plupart des lecteurs font la distinction entre les personnalités devenues célèbres grâce à leurs livres et celles qui peuvent écrire des livres parce qu'elles sont célèbres, mais il n'empêche qu'à la base, on peut vouloir écrire sans vouloir devenir une star. Or on devient difficilement un auteur à la mode sans se rendre visible, sans soigner son image (y compris dans l'art de la provocation).

Sauf bouche à oreille énorme, il y a un travail de communication et de réseau à fournir pour que le livre touche le public le plus large possible. Ça prend de nouvelles formes, encore que notre modèle commence à périmer, mais je ne crois pas que ce soit très nouveau. Avec la crise de plus en plus sévère de la presse, on n'est d'ailleurs plus assuré du tout de vendre des camions de livres avec un papier dans un gros hebdo ou un passage télé.

MaddyForeigner a écrit:
"Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie, mais de l'obscurité et du silence."

Merci pour Proust mais ça ressemble quand même très fort à l'opposition best-sellers/chefs-d'oeuvre.


Dernière édition par Hobbes le Ven 4 Jan 2019 - 15:21, édité 1 fois
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MaddyForeigner
   
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Je n'ai jamais opposé best-sellers et chefs-d'oeuvre mais précisé plusieurs fois que les deux ne se recoupent que partiellement.Tu évoques un sous-entendu, mais je ne peux pas percevoir à ta place l'implicite que tu trouves dans mes messages et que je n'y mets pas.

J'en reste à la métaphore des cercles sécants.
Mais c'est effectivement en perpétuelle mutation. J'ai adoré, enfant, les oeuvres de la comtesse de Segur qui n'étaient pas démodees dans les années 80. Trente ans plus tard... Elles ont fini dans les réserves et les sections patrimoine de nombreuses bibliothèques.

Quant à la citation de Proust, elle pourrait servir de support à une dissertation. Beaucoup de chefs-d'oeuvre ont eu beaucoup de succès de leur temps (Racine, Molière, Hugo...) et d'autres, aucun (Montaigne, Stendhal...). Mais par rapport à la littérature contemporaine, on sait bien que tout ne se vaut pas, qu'on se demande nécessairement quelles oeuvres sont dans la partie secante des deux cercles (Despentes ? Houellebecq ? Le dernier Goncourt ?...) et qu'à l'inverse, certains best-sellers paraissent être dans la partie "best-sellers non littéraires". On peut se tromper, d'ailleurs. Je n'ai jamais dit que c'était fixé. J'ai simplement rappelé que la littérature n'est pas forcément ce qui plaît aux lecteurs contemporains, que selon moi, elle est plus ce qui est écrit en vue de résister au temps pour des raisons X et Y, sans que ça réussisse forcément.

Citation :
Ce n'est pas tant ça qui me chiffonne que cette espèce d'innocence du canon sous-entendue par tes premiers messages : indiquer — je caricature — que les « grands livres », ou tout au moins ceux qu'on reconnaît comme tels, émergent de manière quasiment magique une fois que le temps a fait le ménage sur les choses négligeables pour ne garder que la moelle, c'est représenter le champ littéraire de manière un peu myope et neutralisée.

En fait, tu parais ignorer ce qu'est une métonymie. Suspect
Ecrire que le temps fait... ça ne signifie pas que le temps, personnifié, accomplit l'action, mais bien qu'au fil du temps, les chercheurs, universitaires, auteurs, essaient de composer une histoire de la littérature. Or quand j'étais étudiante, les manuels d'histoire littéraire s'arrêtaient peu avant notre époque, parce que trop de romans paraissent chaque année pour qu'on puisse s'y repérer l'année même de leur parution.  :flower: C'est déjà suffisamment compliqué avec les oeuvres passées.  :write:

Mais pour l'émergence magique...  scratch Idem pour "coule de source", etc. Je ne peux pas t'expliquer ce qui fait partie de ta mauvaise interprétation de trois lignes que j'ai écrites et aucunement de ma conception.
 
   
    
                         
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