franchement votre discussion elle me fait penser à ce dialogue (vu dans je sais plus quel film/série) du genre :

- Moi ce que je recherche, c'est une belle blonde qui soit riche.
- Et moi mon critère de recherche c'est une superbe brune très intelligente.

- Ben moi, c'est celle qui veut...

c'tout..

Reconnaitre une grosse maison ? C'est simple.
C'est un éditeur qui, quelle que soit la qualité de ton travail, ne l'éditera pas, et ne le lira même pas, s'il n'est pas accompagné d'une lettre de recommandation, d'un coup de fil providentiel, d'une recommandation personnelle, ou si ton nom n'est pas déjà célèbre par ailleurs.

Dr Ray ca serait bien que tu discutes avec une flopée d'écrivains de Flammarion, JC Lattès, Fayard, Gallimard etc ... qui te prouveront par les prémices de Leurs parcours que tu fais de ta généralité (je conçois que cela arrive bien sûr) une incommensurable erreur ! J'aurais pléthore de connaissances littéraires à te citer mais je suis intimement persuadée que cela peut potentiellement tomber dans l'oreille d'un sourd !

Je suis persuadé que de très nombreux auteurs de ces maisons se feront un plaisir de raconter que leur première édition n'a été due, bien entendu, qu'à leur talent.
On peut avoir la volonté de les croire, et, parfois, ils y croient eux mêmes.
Toutefois, pour connaitre non des auteurs, mais des retraités ayant travaillés dans plusieurs maisons, je persiste : c'est ainsi que cela fonctionne.

Au reste, les représentant des grosses maisons le reconaissent eux-même, dans les articles de presse : l'édition du manuscrit "envoyé par la poste" reste exceptionnelle.

Il y a quand même plein d'exemples de success stories, Dr Ray. Et à défaut d'être publié, on peut être lu par ces maisons, oui, si tant est qu'on sait retenir leur attention. J'ai été lue par Bragelonne et Calmann-Lévy (via les éditions de l'épée), que je considère comme des grosses maisons et qui m'ont dit avoir aimé mon texte. Si mon roman avait été plus en adéquation avec leur ligne éditoriale, j'aurais eu mes chances. C'est sûr que la majorité des petits auteurs inconnus ne perceront pas par ce biais-là, mais rien n'est impossible.

Eh bien je persiste et signe que j'ai foule d'exemples dans mes connaissances parisiennes, mais si cela te rassure de tirer sur ces grosses maisons en dévalorisant au passage le succès de bon nombre d'auteurs qui ont commencé Comme nous tous sans contact ou recommandation, à ta guise ! Moi je suis fière de mon entourage et ravie de voir qu'ils réussissent sans piston, cela me conforte dans ma volonté d'y arriver à mon tour sans cribler de mon dégoût la chance ou le destin !

Désolé, je ne suis pas parisien.
Ce que tu nomme dégout, je le nomme : lucidité.
Il n'y a aucune "dévalorisation" a être "recommandé" : le système de (la grosse) édition, en France, fonctionne ainsi. Gallimard (entre autres) le reconnaît quasiment publiquement. Cela ne veux pas dire que ce qui est publié est mauvais, mais que, simplement, pour (avoir une chance d') être accepté, il faut montrer "patte blanche".
Désolé d'amener un peu de réalisme cru dans le monde des rêveries germanopratines.

Mais, de toutes façon, ces maisons qui se croient incontournables vont, très vite, subir le sort de kodak...

Kodak, je ne connais pas cette maison d’édition...

Bref, un exemple plutôt dans le sens de Dr Ray :
J’ai envoyé mon dernier projet par mail chez Gallimard. Et surprise : refus ! Pourtant c’était un chef d’oeuvre (d’après l’avis de ma mère) goncourisable et qui méritait donc largement une publication chez eux.

J’ai reçu un mail type de refus 11 jours après mon envoi et à 1h30 du matin !! 2 questions :
Pensez vous sérieusement que mon manuscrit a été lu ?
N’existe-y-il pas un système de réponse automatisé pour les quidams qui soumettent par mails ?

Je suis venu ici en paix, bonne journée à tous

Ne me faisant pas d'illusions, je ne vais même pas tenter d'envoyer mon tapuscrit aux grosses ME, mais me concentrer d'abord sur les moyennes.

Tillie a écrit:

Ne me faisant pas d'illusions, je ne vais même pas tenter d'envoyer mon tapuscrit aux grosses ME, mais me concentrer d'abord sur les moyennes.

J’ai du mal avec ce principe. Pourquoi prendre le départ si ce n’est pas pour gagner ?
Effectivement y’a peu de chances, mais tu ne l’envoies pas tu en as aucune.
C’est vraiment une triste vision de ton travail. Pour l’améliorer il faut y croire.

Rien n'a changé depuis Baudelaire :

Citation :

À une heure du matin

Enfin ! seul ! On n’entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin ! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même.
Enfin ! il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres ! D’abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde.
Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l’un m’a demandé si l’on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement contre le directeur d’une revue, qui à chaque objection répondait : « — C’est ici le parti des honnêtes gens, » ce qui implique que tous les autres journaux sont rédigés par des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d’acheter des gants ; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m’a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m’a dit en me congédiant : « — Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z… ; c’est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons ; » m’être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n’ai jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j’ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; ouf ! est-ce bien fini ?
Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise !

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

À la réflexion, je n'ai jamais envoyé mes manuscrits aux grandes maisons d'édition (la plus grande a été Héloïse d'Ormesson, un seul envoi), non parce que je ne crois pas dans ce que j'écris, mais parce que ça ne m'intéresse pas. J'ai plutôt privilégié les petites maisons d'édition, plus encore que les moyennes, parce que j'avais peur de ne pas pouvoir me promouvoir seule, que je voulais écrire tranquillement dans mon coin sans être dérangée ni par les rentrées littéraires et tout le toutim, ni par la nécessité de faire ma propre promotion. Mais au final, quand on est dans une petite maison d'édition, on se promeut aussi, nécessairement.
Baudelaire a déteint sur moi. Je l'ai lu trop jeune. C'est terrible.

Je trouve ça plutôt réaliste et je rejoins The Big Lebowski, on peut se demander si les tapuscrits des auteurs n'ayant personne pour "booster" leur candidature sont lus ou non.

Tillie a écrit:

Je trouve ça plutôt réaliste et je rejoins The Big Lebowski, on peut se demander si les tapuscrits des auteurs n'ayant personne pour "booster" leur candidature sont lus ou non.

Le volume de l'Oie plate répond à cette question.
Pour chaque maison d'édition est indiqué le pourcentage de manuscrits arrivés par la Poste publiés par rapport au reste.
C'est toujours très peu.

Éventuellement, je tenterai celles qui font des retours un peu plus personnalisés (Héloïse d'Hormesson notamment il me semble)

Oui, c'est pour cette raison que je l'avais envoyé à Héloïse d'Ormesson.
L'achat d'Audace de l'Oie plate (la nouvelle édition ne devrait pas tarder) peut s'avérer rentable.

Ainsi Gallimard publie 140 nouveaux auteurs par an.
Gallimard reçoit 6300 manuscrits, par la Poste, chaque année.
Mais sur ces 140 manuscrits : 10% seulement arrivent par la Poste, soit 14 manuscrits  retenus sur 6300 reçus (et la moitié de ces 14 manuscrits sont des romans).

Ce n'est donc pas impossible. C'est plus cher qu'un billet de loto, mais pas impossible (40% des manuscrits publiés = canal des "Connaissances-Relations", 40% = auteur connu pour ses publications antérieures, 10% = auteur repéré pour ses publications dans des revues).

L'Oie plate détaille ainsi pour chaque ME.
On apprend ainsi que chez le Dilettante, 2% des publications sont des manuscrits reçus par la Poste.
Par contre, pour la maison de l'édition de Coline, l'Oie plate précise : par Connaissance-Relations ou par la Poste, ce qui montre qu'il y avait une possibilité, pour un manuscrit bien écrit, d'y trouver sa place. (Il n'y a pas de pourcentage démoralisant).
Du coup, avant d'envoyer aux maisons d'édition, je pense que le mieux, c'est d'attendre la sortie d'Audace et de regarder les pourcentages. Ils sont souvent précis.

Sinon, j'étais tombée, quand je cherchais les éditeurs acceptant les manuscrits par mail, sur cette vidéo qui montre comment un manuscrit est choisi. En fait, pas besoin de l'avoir entièrement rédigé. Il suffit d'aller à Paris et de se pointer dans le bureau du directeur de la maison d'édition pour en parler :
https://www.youtube.com/watch?v=8ORd7U2sSdk