Bonjour! J'ai une question. Selon vous, si l'on veut devenir un grand écrivain ou scénariste, que doit-on faire pour se démarquer des autres? Qu'est-ce qui fait l'originalité d'un texte ou d'un écrivain selon vous? Et quelle est votre définition du mot "original"?

Etape  1 - connaître les archétypes/clichés
EX : le bad boy dans les romances

Etape 2 - comprendre les raisons de leur existence
EX : créer une notion de danger + le bad boy est mal entouré et ses proches seront responsables des éléments perturbateurs. Le bad boy devra souvent sauver la femme qu'il a mis dans la merde mais ce sera une preuve d'amour mutuel.

Etape 3 - cuisiner sa pâte en essayant de doser correctement idées novatrices et clichés
Ex : supprimer le bad boy pour un mec super. Mais du coup il n'y a plus de passage où ils apprennent à s'apprécier malgré les divergences d'opinion, la relation est rapidement plate. Trouver un élément perturbateur qui ne soit pas de l'ordre du triangle amoureux non plus. La maladie ? cliché. Les parents ? Cliché. Une relation à distance ? manque de puissance dramatique. Invasion extra-terrestre ? Oula, on s'éloigne. Il est marié ? Ah, pourquoi pas. Un gentil garçon très chrétien qui s'est marié jeune et qui regrette mais l'infidélité est un péché et il n'ose pas franchir le pas. De son côté, la fille est une athée très amoureuse de ce garçon mais, osera-t-elle devenir sa maîtresse ? Leur amour est-il si fort qu'elle doit essayer de le fourvoyer en demandant le divorce. Et si ... l'idée venait de sa femme ... Oh, et on va échanger les genre. Certes ça fait "femme prude" et "homme qui pervertit" mais il y a longtemps que je n'ai pas lu une romance centrée sur un homme.


PS : ne pas essayer d'être original pour être original car si l'innovation n'a ni but ni sens, il y a peu de chance que ça fonctionne. Mais si tu ne sautes pas les deux premières étapes ça devrait le faire.


pps : après pour répondre à ta question principale. Ce qui te démarque n'est pas forcément ce qui fera ton succès. Avoir les bonnes idées n'est que le premier pas, ce qui compte le plus est d'avoir le bon style. Si les mots s'enchaînent, tu peux écrire de la merde, tes lecteurs la termineront. Mais si en plus ton histoire est bien, ils achèteront le prochain et te conseilleront.

PPPs : J'ai rencontré des gens qui se refusaient aux modèles, sous prétexte qu'avoir un modèle c'est faire ce qui a déjà été fait. Je pense que c'est une erreur. GRR Martin s'est servi de la réalité historique pour façonner GoT et c'est cet extrême réaliste qui fait le succès de son oeuvre. Sa force a été de s'approprier ses modèles au lieu de les copier bêtement en posant l'histoire dans un contexte fantasy.

Je suis bien d'accord que "faire, c'est être", mais je note une ambiguïté dans la question.
Parle-t-on là de l'originalité:
1/ de l'auteur, en tant qu'auteur et que personne?
2/ de son oeuvre en général?
3/ d'une oeuvre en particulier?
Quant au bien fondé de la recherche d'originalité, après tout, pourquoi pas? Il faut juste retenir que c'est (trèèèès largement) insuffisant. Une oeuvre qui n'est qu'originale sera au mieux qualifiée de "bizarre", "mutante" et n'emportera l'adhésion que des amateurs d'OVNIs (qu'ils soient littéraires ou cinématographiques) ou de snobs qui croiront y voir une plus grande profondeur que celle que l'auteur a voulu y mettre. Il faut donc, à côté de l'originalité, de la maîtrise - il a par exemple été reproché à "Cloud Atlas" d'en manquer singulièrement.
Par ailleurs, si originale et si géniale qu'elle puisse être, si le public n'est pas près à recevoir cette oeuvre, celle-ci est vouée à devenir simplement une oeuvre culte pour un public plus ou moins underground et/ou élitiste. Ce n'est pas une option que je condamne - elle me ferait presque envie, à vrai dire - mais je crois qu'il faut en avoir conscience pour comprendre les tenants et les aboutissants de la démarche.

Se pose aussi la question de la finalité: se faire remarquer, pour quoi faire? Vendre? Rejoindre une écurie prestigieuse?
S'agissant de ventes, par exemple, lorsque je vois les noms des dix auteurs qui ont le plus vendu en France en 2016 (vu sur le Fig'), on y trouve neuf stakhanovistes qui font, peu ou prou, la même chose depuis le début (en même temps, Coben porte l'étendard d'un genre qui ne s'est jamais voulu original), et une auteure de fanfic venue de Wattpad. Donc, à mon avis, sauf à vouloir "faire le buzz" avec une oeuvre spécifiquement calibrée pour ça - et, au risque de faire le soufflé au fromage très vite - l'originalité n'est pas la voie reine pour vendre.
S'agissant de se faire remarquer, pour collaborer avec X ou Y (auteur, ME ou que sais-je), ça peut être une piste intéressante, le risque étant de se retrouver estampillé, et de voir une oeuvre complète occultée par un titre unique ("Oh, tu as vu? L'auteur de "J'ai tapé avec Beigbeder" a encore sorti un bouquin!").

En ce sens, je rejoindrai donc la cuculterie de Melgane: je pense que le mieux, c'est l'authenticité. Bref, parler de soi. On est des monstres d'ego, oui, ou non?

Fassar a écrit:

Bonjour! J'ai une question. Selon vous, si l'on veut devenir un grand écrivain ou scénariste, que doit-on faire pour se démarquer des autres? Qu'est-ce qui fait l'originalité d'un texte ou d'un écrivain selon vous? Et quelle est votre définition du mot "original"?

Je pense que tu ne vois pas la chose du bon bout.

Est-ce vraiment l'originalité qui rends les artistes célèbres ?

Rarement, en fait.

C'est la qualité de l'exécution la plupart du temps. Ou tout simplement le fait d'être arrivé avec le bon texte au bon moment. Souvent c'est une histoire de marketing.

Ne te fixe pas sur l'originalité. C'est une qualité surcotée.

De mon point de vue, ce qui fait la différence :

1-le style : Un bon style d'écriture apporte toujours quelque chose de plus. Même la meilleure histoire, si elle est mal écrite, ne cassera pas des briques.

2-L'univers : Créer un univers original, qui fait appel à des valeurs universelles, et permette de faire rêver le lecteur. Un auteur de romans doit savoir vendre du rêve tout en restant crédible.

3-La capacité de l'auteur à partager cet univers, à y embarquer et maintenir ses lecteurs, à les tenir en haleine.

N'y a-t-il pas contradiction entre la notion d'originalité et celle d'universalité, qui suppose le recours à des symboles largement, sinon unanimement acceptés?

Si.

Bohr a écrit:

N'y a-t-il pas contradiction entre la notion d'originalité et celle d'universalité, qui suppose le recours à des symboles largement, sinon unanimement acceptés?

C'est une excellente réflexion.

Borh a écrit:

En ce sens, je rejoindrai donc la cuculterie de Melgane: je pense que le mieux, c'est l'authenticité. Bref, parler de soi. On est des monstres d'ego, oui, ou non? Laughing

Aha, j'approuve tellement !

Ma participation à celui-ci.

L’originalité est le Graal de l'écrivain, ce n'est pas tant l'objet en soi qui est important, mais plutôt le chemin parcouru pour le rechercher...

... et le regard qu'on aura-soi même sur ce chemin parcouru.

A mon sens le questionnement mélange plusieurs choses : vouloir se démarquer des autres/être original et vouloir devenir un "grand écrivain". Cela ne va pas forcément ensemble. Cela dépend aussi de ce que l'on entend par être "un grand écrivain" : Plutôt genre qui reçoit des prix littéraires ou plutôt genre qui écrit des best-sellers ? (Là encore, parfois ça va ensemble, mais parfois...pas du tout)