Bonjour Ibsonbill.
Les éditeurs ne soumettent pas de livres aux jurys de
prix littéraires qui sont souverains. On peut tout de même envoyer des SP (services presse), mais ils en reçoivent tellement...
Naturellement, si on étudie les palmarès à l'échelle de 10 ans, on se rend bien compte qu'en fonction des
prix, une maison d'édition ou une autre sera souvent privilégiée. Bref.
Quelques généralités sur les
prix en question :
À quoi sert un
prix littéraire ? (Je ne parle pas du Goncourt, hein...
).
- L'argent : Certains
prix sont dotés. Pour les auteurs qui souhaitent vivre de leur écriture, c'est un plus appréciable, et non imposable. Mais ce n'est pas ce qui te rendra milliardaire.
- Le
prix sert surtout le
prix : Quand un petit
prix non doté met en avant un auteur, à qui cela profite-t-il ? Réponse : Au
prix en question qui se fait de la pub à bon compte. Exemple. Le
prix e-bou récompense G.R.R Martin pour le trône de fer.
Eh bien Martin s'en fout, mais j'adosse le nom de la star à mon nom à moi
.
- Un
prix, ça fait surement plaisir : Mais de ne pas les obtenir angoisse et attriste tous les auteurs malchanceux. Le problème, c'est qu'entre la nomination et la proclamation des résultats, il peut se dérouler des mois à angoisser bêtement, à peiner à écrire. Je suis un écrivain, pas un judoka et je n'ai pas la résistance psychique des sportifs de haut niveau. La littérature est certainement la seule discipline où l'on peut perdre sans jouer.
C'est très dangereux.
- Un
prix ne sert pas à grand chose. Bien sûr, ces choses-là sont très suivies par le microcosme de l'édition et des auteurs. Bien sûr, cela donne de la visibilité : huit nominations en un an et demi ont contribué à "me placer" dans le métier. Un
prix fait-il augmenter les ventes ? Peut-être, mais de manière très anecdotique, rien de plus. (Là encore, on ne parle pas du Goncourt).
Juste une anecdote, crad, qui te donnera peut-être l'envie de ne pas être confronté au problème... Aulnay sous Bois 2014, je suis finaliste du
prix non doté des Futuriales. C'était la septième fois que je vivais cette situation, sauf que les charmants organisateurs annoncent les résultats le jour même (ce qui devrait être puni par la loi). Je galère pour venir jusqu'au salon à cause de problèmes de train, je viens jusqu'à Paris en voiture pour ne trouver sur place aucun de mes éditeurs. Alone in the dark. Une copine arrive, contente de son
prix jeunesse pour un roman sorti chez Rageot alors que je ne suis moi-même prévenu de rien. Mes deux concurrents, quant à eux, peinent à cacher leur joie sur le stand de leur éditeur. Ça sent clairement le roussi. Je passe une matinée horrible, avec les libraires (et jury) qui passent de temps à autre " alors, ça met la pression, hein ? ". On a du tact, à Aulnay. À côté, on boit du champagne... Pas de surprise lors de la proclamation, une gamelle de plus. Bon, le récipiendaire a eu droit à une sculpture ridicule ou je ne sais quoi d'autre, à son quart d'heure de gloire au micro... Quoi de plus ? Rien. Mais j'ai passé un moment très difficile, et je ne méritais pas ça. Peut-être suis-je trop sensible, je ne suis après tout qu'un auteur.
En résumé, les
prix, c'est du pain pour les canards : Comme il n'y en a pas pour tout le monde, cela nuit au plus grand nombre pour en gaver quelques-uns (on parle d'orgueil, pas de pain).
Sinon, tu ne peux rien faire, à priori, pour influencer les jurys, en dehors de te faire éditer par les maisons qui sont elles-mêmes très influentes dans tel ou tel
prix. Mais surtout, il faut produire des livres honnêtes, être persévérant, chercher ce qui manque dans la bibliothèque collective, l'écrire et travailler encore. Peut-être cela viendra-t-il ?
Juste un chiffre pour clore ce post : Dans mon domaine (littératures de l'imaginaire), il y a 3 ou 4
prix français significatifs par an, pour des centaines de parutions... Ce n'est donc vraiment pas essentiel, certainement une cerise sur le gâteau des auteurs les plus chanceux (et plus talentueux), et à coup sûr un boulet pour tous les autres.