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 [Langue/Style] Narration à la 1ere personne au présent

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Mr. Jack
   
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Mr. Jack  /  Petit chose


Mes amis, j'en appelle à votre science pour m'éclairer sur ce sujet qui me procure bien des migraines : l'écriture d'un chapitre au présent selon le point de vue du narrateur-acteur.

Pour remettre les choses dans leur contexte, l'histoire entre dans le genre du "néo-noir", avec ce fameux détective qui confie ses états d'âmes à la première personne donc. Tout au long du livre, les chapitres sont narrés aux temps du passé, car pour simplifier la chose, il s'agit de ressouvenirs peu à peu remis en ordre. Seulement à la fin, le récit rattrape le narrateur, et nous le découvrons au moment où il arrive à la fin de ses réminiscences. En clair, on passe du passé au présent.

Après quelques phrases toutefois, j'ai vite réalisé que mes phrases sonnaient fausses, en partie à cause de la première personne du singulier plutôt que de la troisième généralement employée. On obtient donc des phrases du type :  "Je sens encore cette âpreté dans ma bouche...", "Ils me fixent avec leur posture léthargique", "ma respiration est trop fragile", etc.

La problème découle du fait qu'au présent, un narrateur-acteur ne peut décrire au lecteur (ou à qui que ce soit) la réalité en train de se produire au moment où elle se produit. Il faut un temps de latence je suppose. Sinon le lecteur en ressort plus confus qu'autre chose, car sa croyance ne peut totalement accepter ces confidences au moment même où le personnage subit l'action. Je voulais donc savoir si vous partagiez mon avis, et qu'est-ce que vous me recommanderiez de faire ? Neutral
 
Writer
   
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Writer  /  Gloire de son pair


Quand j'ai débuté la lecture de ton "problème", j'ai pensé que le présent n'était pas une bonne idée mais si c'est pour un détective où le présent le rattrape. Cela ne m dérange pas.
Après, que cela te dérange d'employer du présent ça ne m'étonne pas. Nous ne sommes pas habitué à de telles sonorités.
Toutefois, le présent et le "je" peuvent avoir l'avantage d'impliquer le lecteur davantage dans le sens où le "je" peut s'intégrer à ton lecteur.
Le héro devient le lecteur, le lecteur devient le héros.

Après, tu peux toujours partager avec nous un passage "présent+je" pour que l'on juge par nous même. D'ailleurs, tu devras faire attention à la transition "présent-passé".
 
Plume d'elle
   
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Plume d'elle  /  Guère épais


Rien ne me choque dans les phrases que tu proposes.
Je suis en train d'écrire un roman (jeunesse certes) à la première personne au présent alors peut-être que j'y suis habituée !
En tout cas, le présent semble justifier dans ton texte.
 
Mr. Jack
   
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Mr. Jack  /  Petit chose


Rien qui n'interpelle sur le fond comme sur la forme donc ? Peut-être est-ce l'habitude de rédiger à l'imparfait/passé simple alors...Je pensais néanmoins qu'il y avait une règle tacite imposant d'éviter le présent 1ère personne du singulier. Encore une fois, c'est surtout l'idée en elle-même qui pose un problème de cohérence : comment le narrateur peut-il décrire l'action qu'il vit au même moment, et pourquoi le ferait-il ?

La narration au passé a justement fait la renommée des grands films noirs de Billy Wilder par exemple (Assurance sur la mort), l'enquêteur se confie comme en léguant son testament, ses ultimes confidences. Au présent, la justification semble plus complexe. Mais comme tu dis Writer, c'est probablement une question d'habitude.

Un autre passage :
"Et ces cordons qui m’enchainent à un respirateur artificiel…L’incendie (ndlr, il se rappelle). J’espère ne pas avoir été trop salement amoché. Aucun bandage visible. Sous le drap blanc, je parviens encore à mouvoir mes orteils, même si la fatigue, comme une enclume mouillée, me cloue au lit."

"Et ces cordons qui m'enchainaient à un respirateur artificiel...L'incendie. J'espérais ne pas avoir été trop salement amoché. Aucun bandage visible. Sous le drap blanc, je parvenais encore à mouvoir mes orteils, même si la fatigue, comme une enclume mouillée, me clouait au lit."

Dans le cas 2, il y a bien une réflexion a posteriori sur un évènement/des sensations autrefois vécues, tandis que dans l'exemple 1, je trouve que la puissance de narration (les métaphores, la prose soignée) est moins légitime car, empêtré dans une action (il est interrogé), le personnage n'a aucune raison de nous nourrir de ses confidences. J'espère être clair !
 
Raven
   
    Féminin
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Raven  /  ☠ Corps ☠ Beau ☠ Blond ☠


Il ne s'agit pas vraiment d'une règle tacite qui interdit l'utilisation de la 1ère personne, c'est simplement que la domination absolue des temps du récit dans la littérature classique rend toute autre forme remarquable par sa rareté.

La traduction des romans de Jeff Lindsay n'est pas constante (je ne sais pas si le même changement se trouve en V.O.). Sylvie Lucas a traduit Ce Cher Dexter avec les temps du passé, mais Pascal Loubet a traduit Double Dexter au présent, ça donne ça :
Je reste là sans bouger pendant je ne sais combien de temps avant qu'un lambeau d'idée pénètre dans l'immense vide glacé entre mes deux oreilles et que je reprenne ma respiration.
Plus près…?
Je relis cet abominable message, en quête d'un mot, d'une phrase que je n'ai pas vus la première fois et qui me prouveront qu'il s'agit seulement d'une mauvaise blague. Mais ce texte prétentieux et grossier ne varie pas. Je ne trouve pas de sens caché, pas de message à l'encre sympathique avec un numéro de téléphone et une page Facebook. Ce sont les mêmes phrases agaçantes, qui aboutissent toujours à la même vague et sinistre conclusion.
Il est de plus en plus près, il s'imagine être exactement comme moi et je sais ce que ça veut dire, ce qu'il va essayer de faire.
Double Dexter, Jeff Lindsay.
Est-ce une vraie question de savoir si le narrateur-personnage a de bonnes raisons de nous raconter tout ça ? Le lecteur n'existe pas pour le personnage. Il faut se fier à la suspension de crédibilité, en l'occurrence.

Le personnage de Dexter a besoin d'une audience, d'un public, puisque dans sa réalité, tout le monde veut sa peau : les autres tueurs, les forces de l'ordre, le public qui ignore tout de son « code moral »… Qu'il s'agisse d'un spectateur hypothétique dans sa tête lui va bien, et ça lui permet de déployer son petit côté poète, dès qu'il raconte la beauté de la nuit, son terrain de chasse, ou le plaisir de voir la Lune, qui a l'air d'être son « soleil de la nuit » et le pousse à chasser…

Au-delà de ça, si ton personnage est empêtré dans l'action et se fait interroger, on peut imaginer que la narration qu'il fait lui permet de se distancer de l'interrogatoire et d'y résister. Mais bon, ça, c'est à voir avec l'histoire qui est celle de ton protagoniste. Cependant, tu t'interdis de facto toute rétrospection réellement profonde sur les événements : l'analyse est limitée à ce que le personnage perçoit immédiatement — à moins de faire des prolepses du style « plus tard, je comprendrai que… ».

Lorsque tout un roman est écrit au présent, il n'y a pas de vrai problème, mais si c'est un chapitre en plein milieu ou l'épilogue, faut vraiment que ça soit justifié. Mais c'est tout à fait possible.
 
Trench
   
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   Pensée du jour  :  [citation de merde]
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Trench  /  Le bruit et la pudeur


Salut.

J'écris un roman similaire. J'utilise pas mal le "je présent", du coup.

Et du coup, personnellement, je trouve que les phrases que t'as exposées au début sont assez bancales. On "sent" qu'elles ont été écrites par un habitué du temps du récit, je vais m'expliquer.

Pour moi, il y a un distinguo à faire entre l'usage de la 1ère personne du singulier au présent et un récit plus habituel, style temps du récit que 75% des gens doivent utiliser ici. Pour moi, chacun des deux temps ont justement leur propre usage particulier, leur propre but. On prêtera plus facilement des phrases ampoulées ou un style plus lyrique à une narration au passé, troisième du singulier. Alors que le "je présent" est ici pour faire plus direct, pour donner du punch à tes phrases, avec ce "je présent" tu dois vraiment donner l'illusion au lecteur qu'il est dans la tête du narrateur, qu'il ressent, qu'il goûte aux états d'esprit du narrateur. Là, tes phrases sonnent détachées, alors qu'on est dans un personnage.

Also :
Citation :
La problème découle du fait qu'au présent, un narrateur-acteur ne peut décrire au lecteur (ou à qui que ce soit) la réalité en train de se produire au moment où elle se produit [...]comment le narrateur peut-il décrire l'action qu'il vit au même moment, et pourquoi le ferait-il

J'ai l'impression que tu te torture le cerveau pour rien en vrai. Pour moi, un narrateur-acteur du présent décrit l'action dont il est témoin, parce qu'il la voit, parce qu'il la ressent, parce qu'elle lui évoque des émotions/sensations. Tout ça c'est de la matière à écrire dans une narration au "je présent".

Citation :
je trouve que la puissance de narration (les métaphores, la prose soignée) est moins légitime car, empêtré dans une action (il est interrogé), le personnage n'a aucune raison de nous nourrir de ses confidences

Par contre, je suis complètement d'accord. Une phrase guindée, lyrique ou trop longue peut paraitre bizarre dans ce type de récit. Mais tu n'es pas forcé de te limiter à l'aspect perceptif de ton narrateur. Par exemple, quand il n'est pas en pleine action, tu peux exposer les pensées du personnage narrateur, évoquer des images, des comparaisons qui devraient lui venir à l'esprit naturellement, quand il est témoin d'une scène. C'est un personnage vivant, qui doit ressentir, penser, etc.

TL;DR. Tu devrais éviter la "puissance de narration", comme tu dis, au "je présent", et utiliser d'autres ressources pour l'écriture que de longues descriptions lyriques, ou des figures de style trop complexes. J'espère avoir été clair.
 
QuillQueen
   
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   Pensée du jour  :  La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise.
   Date d'inscription  :  11/01/2010
    
                         
QuillQueen  /  Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches


J'allais dire les mêmes choses que Trench. Ce sont deux écritures différentes. Le JE est plus dynamique que le IL. Et le temps présent plus que le temps passé ! Tu as donc les deux paramètres forçant le langage assez direct et ton introspection va t'imposer l'usage des sens fréquemment.

C'est tout un style à se reforger, si tu as l'habitude du "il" ou du passé.
 
Zetta
   
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Zetta  /  Effleure du mal


Je me suis posé ce problème là pendant un bon moment (mais pour la totalité de mon récit). Tu as très bien analysé les choses : à la première personne le narrateur ne peut pas raconter et vivre les événements à la fois. Donc même si tu utilises le présent, on sait que c'est du présent de narration, mais que la narration vient après l'action, et paradoxalement ça peut donner un côté moins vivant que l'option 3ème personne+présent.

En fait quand tu racontes des trucs immédiats, dans un style pas trop "écrit", ça ne choque pas. On imagine un type qui parle dans un microcravate, genre journaliste qui décrit la scène qu'il vit. Par contre, à mon avis tu as raison, 1/ ça ne passe pas bien dans un tyle trop "écrit" (pour poursuivre l'image, tu verrais moins bien un journaliste écrire la scène qu'il est en train de vivre)
et 2/ tu ne peux pas narrer au présent des choses qui nécessitent du recul, un jugement, puisque par définition tu es dans l'immédiateté.

Pour pallier à ça tu peux  :
1/ modifier légèrement le style dans ce passage pour avoir quelque chose d'un poil plus parlé, plus immédiat, sans pour autant passer à du style oral (il faut les ne des négations et tout ça sinon ça choque)
2/ pour les passages d'action rapide, ou nécessitant du recul, tu peux faire des petits sauts dans le présent et passer au passé composé pour quelques phrases.
Par exemple le lit d’hôpital est un présent, le mec a le temps de narrer, ton passage est cohérent, et tu aurais le droit d'utiliser le passé composé pour les choses qui nécessitent un peu de recul, par exemple. "J’espère ne pas avoir été trop salement amoché. Pourquoi le feu s'est-il propagé si vite ?". Alors que le mec qui se dit sur le moment "pourquoi le feu se propage-t-il si vite ?" plutôt que de prendre les jambes à son cou, c'est moins crédible.

Paragraphe suivant, arrivé chez lui, nouveau présent. "Enfin de retour chez moi, je peux enfin me vautrer dans mon canapé. Après les pensées qui m'ont tourné en tête ces derniers jours, j'ai besoin de réfléchir. Pendant ces journées passées à l’hôpital, mes idées se sont ordonnées et j'ai réalisé qu'il manquait des maillons dans cette histoire. J'ai maintenant besoin de passer quelques coups de fil". Alors que le mec qui dirait au présent "mes idées s'ordonnent dans ma tête", c'est moins crédible...

Tu vois ce que je veux dire ? Ca évite un déroulement au présent immédiat tout le temps qui t'empêche de dire ce qui passe mal au présent. A toi de juger au cas par cas si ça passe au présent ou pas, de trouver un bon équilibre entre les présents et les "mini retours" au passé composé. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre... c'est pas super clairement décrit mais c'est le résultat de mon expérience d'un récit au présent, avec aussi l'éclairage d'un paragraphe du livre d'Orson Scott Card "Characters and Viewpoints" qui aborde cette problématique.
http://zettamarino.wix.com/romances-comme-ca
 
   
    
                         
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