Voilà, cela fait un moment que je veux terminer un projet de roman commencé il y a plus de 10 ans, jeune ado que j'étais alors... Oui, je sais que cela fait longtemps, et c'est pour cela que lorsque je m'y suis remise sérieusement il y a deux ans, j'avais tout réécrit ce qui l'avait déjà été pour être plus près de la personne que je suis.
Or, étudiante en graphisme, une de mes professeurs nous a parlé de nos futurs portfolios et de savoir quoi y mettre dedans, et elle nous mentionnait de ne pas mettre nos vieux dessins du secondaire, même si nous en étions super fiers, puisque ça ne correspond plus (nécessairement) à ce que nous faisons maintenant.
Donc, cela m'a fait me demander quelles étaient vos perceptions de vos vieux écrits qui traînent et dont vous traînez de la patte à les terminer (car je sais que je ne suis pas la seule). Trouvez-vous qu'ils vous représentent encore malgré le temps, malgré l'évolution que vous avez subie? Est-ce de la paresse de les laisser traîner? Pensez-vous toujours les mener à terme, même si vous réalisez que vous avez évolué dans votre style?
Bien sûr, pour ma part, j'avais déjà réalisé, avant que la prof nous parle des portfolios, que c'était plus par orgueil que je voulais terminer ce projet de roman, car plus je pense à celui-ci, plus je pense à ces défauts. Et c'est donc plus par orgueil de vouloir un premier jet achevé que je veux terminer ce récit, car oui, j'ai d'autres idées et d'autres projets qui semblent plus correspondre à la personne que je suis devenue maintenant, plusieurs années plus tard, mais dont je ne veux pas commencer (à part noter les idées) tant que je n'aurai pas mis de point final à ce roman qui traîne et qui traîne...
Donc, je serais curieuse d'avoir vos avis sur ces vieux écrits qui ont plus ou moins été mis aux oubliettes.
a la prochaine fois que j'aurai une connexion Internet

En fait, pour ma part, la trame principale et les points les plus importants me correspondent toujours, même si j'avais treize ans à l'époque. En revanche, je n'avais pas la même maturité qu'aujourd'hui, ni les mêmes objectifs, Et encore moins le même style littéraire ! Mais je suis profondément attachée à mon histoire et elle m'intéresse toujours autant, sinon plus, aujourd'hui. Alors, j'ai décidé de réécrire mon histoire, avec plein de changements pour approfondir le tout, mettre une véritable ambiance, concrétiser certaines choses. Donc oui, mon récit, il est vieux, mais il me correspond toujours.

Intéressant le point de vue de ta prof.

Personnellement, je n'ai rien écrit depuis le mot sur mon projet qui a débuté quand j'avais 16 ans. Aujourd'hui il est en réécriture. Pour le rendre moins bancal et capillotracté ...
Je n'arrive pas à l'abandonner sur la route, trop d'orgueil sûrement ^^.

Mais probablement que cette longueur de travail (10 ans) me donne envie qu'il soit fils unique ...

(j'ai déplacé ce sujet dans l'Ecritoire où il avait plus sûrement sa place que dans la Bibliothèque )

Oui, dans la blibio ce serait plus sur des livres en mode séries américaines interminables

J'ai écrit une dodécalogie entre 15 et 19 ans, je crois qu'un jour je la reprendrai, mais y a plein de choses que j'améliorerais, ça me semble normal.
Après, je trouve plus facile de reprendre un texte qu'un dessin, le texte peut-être effacé, le vieux dessin hmm.. moins évident.

Cependant, si j'écris plusieurs tomes, je trouve logique qu'entre les tomes il y ait une évolution. Ca ne me choque pas que le premier soit moins fort que le troisième. l'inverse serait plus inquiétant, ça signifierait même que ces suites étaient là pour pas lâcher le morceau et non prévues depuis le début, je pense, comme quand tu te relances par amour de l'univers alors que y a plus rien d'ardent en toi pour une histoire et des persos.

J'ai immédiatement été surpris de voir ce post, étant donné que ça correspond à mes interrogations du moment.

Il y a très longtemps (certains d'entre vous n'étaient pas encore nés), j'ai commencé à noter quelques idées pour un roman. Petit à petit, ces notes sont devenues feuillet, lequel est devenu ébauche.

Comme en ce moment je bloque un peu dans la réécriture d'un autre ouvrage (réécriture suite à perte de données), j'ai décidé de me replonger dans cette œuvre de jeunesse. Mais je me pose certaines questions.

Dois-je faire évoluer mon écrit en fonction de ma propre évolution, et reprendre certains passages à zéro ? Ou est-ce trahir l'état d'esprit dans lequel je me trouvais à ce moment-là ?

Quelle est la pertinence de reprendre un travail laissé à l'abandon depuis facilement quinze ans ? voire, plus ?

Et enfin, est-ce que je vais le publier sur JE ?

ça dépend. J'ai envie de dire que sit u as un héros dont l'âge est plus proche de toi y a quinze ans que maintenant, ça peut être précieux de conserver la base et de ne faire que des améliorations ténues dessus, pour être en phase avec le personnage.

Mes vieux trucs ?

99% ne me représentent plus. Ils ont eu un intérêt cathartique à une époque, quand notamment dans ma tête j'étais en guerre contre le monde à cause d'une ex, donc c'est très "moi gentil elle méchante moi me détruire la vie c'est de la merde"...

Et au fur et a mesure qu'on avance dans la vie, on grandit, on murit, et on se dit "ah mais je disais vraiment de la merde".

Je sais pas s'ils sont sauvables, ou juste bons pour de la récup... Je les vois plus comme des vieilles voitures où je viens prendre des pièces détachées: formules, images, péripéties... Sans prendre l'épave

Disons qu'avant j'étais beaucoup plus jeune, maintenant je suis plus vieux...

Je penche en effet pour des corrections mineures, sans trop dénaturer le travail de départ ; après, je m'en remettrai aux commentateurs et correcteurs de JE ... si je me jette à l'eau.

De quoi parle ta dodécalogie ?

D'une manière générale, y a t-il un changement drastique dans vos style, thème, etc... ?

C'était le récit d'aventure d'un peuple modifié par l'Homme qui vivait sous l'eau sans se remontrer aux descendants humains à la surface. J'avais deux personnages clés qui dirigeaient l'armée du royaume couvrant tous les océans et on les voyait vieillir de mission en mission, devenir parents, gérer leurs vies de couple, leurs bouleversements, tout en résolvant leurs problèmes majeurs du pays. Ils avaient 16 et 18 ans dans le premier tome, mais 52 et 54 dans le dernier.
Bizarremment, j'ai bien senti qu'ils avaient des réactions cohérentes avec leurs âges et je pense encore aujourd'hui que c'est le cas. Comme s'ils évoluaient sans moi dans leurs comportements, d'après leur vécu.

Par contre, niveau plume, y a de la marge entre le tome 1 et le 12, puis maintenant j'ai eu des tas d'autres romans finis, avec d'autres mondes, d'autres écritures, mais personnellement, chaque nouveau roman apporte son lot de défi. L'un, j'alternais passé et présent (archi difficile, y a plein de tournures qui sont à bannir de part et d'autre selon le choix du temps et on s'en rend pas si vite compte), l'autre jétais en focalisation interne...

Faut tester. Après, c'est normal que cela forge la plume. C'est pour ça que je sais bien que la narration, je devrais la réécrire, si je retouchais à mon récit vieux d'onze ans.

Douze tomes dans ton adolescence ? Je suis épaté ! bravo !

rassure-moi : ce sont des tomes plutôt courts, pas des pavés à la George Martin ?

Souvent les écrits, bien que datant, font transparaître la personnalité qui fut la tienne en son temps. Or, le caractère de chacun évoluant avec l'âge, les textes que tu reprends aujourd'hui ont nécessairement besoin d'un passage en revue détaillé sans pour autant le changer complétement. Néanmoins je trouve que cela peut-être dommage d'abandonner purement et simplement un texte propre si tant est qu'il possède un minimum de crédibilité.

Pour ma part j'ai eu deux cas très opposés. Dans l'un des deux, un roman écrit à la va-vite au crépuscule de mes 11 ans, parlant d'invasion extraterrestre. Le titre, Les envahisseurs venus d'ailleurs ne laisse aucune équivoque quant à sa qualité très discutable. On l'aura aisément compris, ce genre de "roman" est peut-être à garder pour se marrer tout seul dans son coin (ne surtout pas le montrer à autrui !) à l'occasion en le parcourant, mais n'est en aucun cas un candidat à la reprise. Le thème est beaucoup trop général, et, ma foi, bien assez fade, puisque tout ce que je relatais dans mon roman, sa consistance même, c'était du pan pan et du boum boum. Rien de plus. Autrement dit, aucune base solide encourageante sur laquelle se fixer pour ériger une nouvelle création un minimum digne de son âge actuel.

En revanche, dans le second cas, j'ai ressorti de son tombeau un roman commencé vers mes 13 ans, reprit à mes 16, à mes 18, puis redécouvert l'année dernière. Pourquoi un attachement aussi fort ? Pourquoi ne pas l'avoir simplement laissé mourir dans son carton à l'image du premier ? Mais parce que, par les sangs, il concentre une partie de l'essence qui m'anime. Nous avons beau évoluer, il reste toujours ce petit cœur originel en nous, celui à partir duquel nous avons fondé notre propre pensée lors de notre ouverture sur le monde, vers l'adolescence. Plus loin encore, ce moi-profond qui est attribué naturellement à chacun à sa naissance et dont on ne peut que difficilement se défaire. Et ne parlons même pas de l'éducation qui nous a été octroyée. Elle est responsable de beaucoup de choses dans notre comportement présent. Aussi, quand bien même tu redécouvres des romans de dix ans d'âge (sacrée cuvée), il peut arriver que tu te passionnes à leurs sujets, à nouveau, parce que tu retrouves cette base d'idée qui te passionne. Parce que tu es toi. Et que tu l'a toujours été.

Par conséquent, si tu ressens ce genre d'émotion à la redécouverte de tes anciens textes, ne les jette surtout pas ! Non seulement ce serait renier ce que tu es, mais en plus tu pourrais passer à côté de quelque chose de profond, plus ou moins. Car, en tout cas j'en ai fait l'expérience, les enfants ont l'esprit fertile, et sont capables de réflexions profondes (bien que terriblement décousues) qu'une fois adulte tu as peut être du mal à saisir naturellement. A travers tes écrits retrouvés, tu renoues donc avec une part de toi-même. Et cette part va te permettre de t'élever davantage, au point de vue personnel. Bien entendu, il faudra opérer une correction et un remaniement certain au sujet de ce que tu avais écrit. Enfant ou adolescent, l'écriture est nécessairement bourrée de lacunes. Comme pour toute chose c'est l'expérience qui nous construit. Le domaine de la littérature ne fait pas exception. Incohérences, grammaire, orthographe, animations, événements, ainsi de suite. Tout ceci il faudra te le revoir. Mais sans changer tout-à-fait la base de ton récit.

Alors oui ! Penche toi à nouveau sur les vieux écrits qui te passionnent. Ne te fais pas de mal en les mettant obligatoirement au cachot, et permets leur de prendre un envol inspirant.

Salut. Voilà, le but ici c'est de mettre son avis, alors je mets mes chaussettes sous vos nez.

Citation :

99% ne me représentent plus.

Exactement, la même. Et je pense que ça peut s'appliquer à beaucoup d'écrivains. On écrit des trucs, qui commencent à dater, on s'est dit qu'on écrivait un chef d’œuvre, un nouvel Eragon ou que sais-je. Quand on retombe dessus, on se dit que la trame est à chier, l'ambiance est gnangnan, et que le style pue la merde. Ça m'est arrivé une ou deux fois, du coup je rejoins ce qui a été dit au début du thread. Je crois que c'est Lucrèce qui a dit que n'importe quel individu changeait toujours d'idée au cours de sa vie, changeait ses aspirations, ses objectifs. C'est pareil pour moi. J'ai radicalement changé de point de vue sur les choses, avec l'âge, tout ça. Et la suite viendra sûrement, c'est comme ça, et c'est dommage.

Cela dit, j'ai toujours eu une petite germe d'idée dans le crâne, je suppose que c'est également pareil pour pas mal de monde ici. Genre, cet univers d'enfant auquel on s'attache et cette esquisse de roman qu'on a commencé à 13 ans, qui prend la poussière dans un coin. Et c'est également mon cas. Ça va faire 5 ou 6 ans que je rumine un projet de fantasy, l'univers et ses fondements ont radicalement évolué, mais l'idée de base reste la même.

Un jour, je reprendrai. Dès que je termine mon premier exutoire.

Serpenth : ça dépend. Le tome 7 fait 256 pages A4 recto verso quadrillées sans marge ni interligne le tome 5 est pas mal non plus, il passe aussi les 200 pages.
Et le premier de 191 pages faisait 750.000sec, environ 130.000mots... si, ils étaient assez longs

Je pense que comme dit Orée tu dois le sentir. J'ai abandonné un roman, ultérieurement à ma saga, pourtant je sais qu'un jour je vais reprendre cette saga, que l'autre roman, non.

Salut à vous tous !

Je pense qu'il suffit de relire les vieux textes pour ce rendre compte que certains sont nuls (oui, il faut bien que je me l'avoue!). Mais ils ont permis de s'entraîner, de se chercher, de tâtonner. D'autres sont plutôt pas mal et mériteraient d'être repris. Mais, pour l'instant, j'ai trop à faire avec les 50 124 287 projets que j'ai débutés, pensés, frôlés.
Je dois dire que vous m'impressionnez d'écrire et de réécrire le même texte pour le perfectionner !