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 La Disserte des écrits finis : le retour !

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QuillQueen
   
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   Pensée du jour  :  La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise.
   Date d'inscription  :  11/01/2010
    
                         
QuillQueen  /  Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches


Des JE m'ont demandé de reposter ce texte qui s'est perdu dans les méandres du regretté "site JE" il y a quelques années mais que j'avais sauvé du naufrage à l'époque, haha.

Je crois que ce texte est assez intemporel, pour tous ceux qui n'arrivent pas à se lancer dans les envois aux éditeurs ou à tourner la dernier page word du récit avec satisfaction !

Citation :

Je distingue deux phases dans la démarche artistique de l’écrivain.

D’abord, il y a l’orgueil incommensurable du débutant. On le sait, notre premier roman nous décroche toujours un hardi « comment je suis trop fort » dès qu’on s’est relu. Le mot « fin » rime avec finalité. Et les autres sont géniaux, mais « je reste un des meilleurs ». Bien qu’elle nous rende ridicule, y compris aux yeux des futurs grands pratiquants que nous serons, cette phase me semble nécessaire. Elle insuffle la passion. Croire en la justesse de sa voie permet de s’y consacrer énormément et donc de se perfectionner.

Là, on atteint bien la seconde phase : le perfectionnement. Quand on se rend compte du chemin qu’il reste à parcourir, il faut se grandir d’humilité. Non, nous ne sommes pas le plus grand, le plus beau, le plus fort, mais nous tendons vers ça. Et nous en sommes ravis. Le but n’est pas le but. Le but est le chemin vers cet objectif que nous savons d’ors et déjà impossible. Se rendre compte que l’utilité n’est pas une pseudo gloire, mais écrire pour écrire, s’améliorer pour s’améliorer. Le succès et l’argent, c’est que du bonus.

A partir de là, nous ne sommes plus tellement heureux de boucler un roman. Soulagé certes, mais pas heureux. Car le boucler, c’est lui donner une fin, une fin que l’on redoute. Dire à son œuvre qu’elle ne doit plus nous suivre sur le sentier, rester là, prouver notre passage, et ne plus bouger d’un mot. On est content de l’avoir connue, mais c’est comme un enfant qui quitte la maison, on sait qu’on ne pourra plus interférer dessus. Même si on l’a fait durant des années auparavant, même si on le voudrait, même s’il y a une part de nous en elle tellement on lui a donné de notre temps. A un moment, il faut savoir dire « c’est fini, je n’y touche plus ».  

Je pourrais continuer la métaphore avec cet enfant qui devient un vrai Tanguy et qu’on jette dehors par amour. Chipoter trop longtemps sur son récit le rend insupportable, nous irrite, nous gâche un peu la vie. Ca devient de l’obsession plus que du plaisir de marcher au milieu des mêmes paysages. Au final, on tourne en rond sur ce petit sentier d’artiste, on n’avance plus. C’est là, à ce moment précis, qu’il faut se sentir capable de fermer la parenthèse, de claper le bouquin, et de passer à autre chose.

Nous ne pouvons pas parler de l’avancement d’un récit sans mentionner les premières critiques, évidemment. Il ne faut pas pleurer dans les jupons de sa mère si on reçoit un avis négatif, nous sommes peut-être blessés dans la bataille mais nous y faisons nos armes et nos bottes secrètes. Acceptons de devoir nous relire avant de montrer cela au grand (et même au petit) public, car si trop peu n’en faut, trop trop non plus. Et si vraiment, après avoir usé de notre humilité citée ci-dessus, nous voyons que le diable insiste pour nous crier que c’est merdique, répondons-lui d’un grand coup de Larousse Edition 2011. C’est bien connu, « si tu ne vas pas au dictionnaire, le dictionnaire ira à toi ».

Aussi, méfiez-vous des dix œuvres qui vous submergent. Elles vous crieront après sur le chemin, « Attends-moi ! Attends-moi ! » et vous les attendrez tellement toutes que vous ne ferez plus que du deux kilomètres à l’heure. A un moment, il faut dire à certaines que ce n’est pas à vous d’attendre. Ne vous inquiétez pas, elles ne vont pas disparaître en pleurant, elles vont juste vous rejoindre plus tard, quand vous aurez du temps à leur consacrer. L’une des miennes a attendu plus d’un an avant que je n’écrive une seule ligne à son sujet, ça ne la rend que plus radieuse, au contraire ! On a plus d’amour à consacrer aux œuvres sur lesquelles nous n’avions plus travaillé depuis longtemps.

Ensuite, il y a un ennemi féroce qui a tendance à nous barrer la route : la comparaison. Ce joli soupir qui emporte notre énergie sur une belle phrase inutile du genre « De toute façon, j’aurai jamais la qualité d’un Proust, Camus ou Joyce ». Alors, désolé de vous l’apprendre : personne ne sera jamais Marcel ou Albert, en effet. Et on s’en fout. Surtout notre lectorat. Au pire, les critiques littéraires aiment les références, mais si nous devions commencer à nous soucier d’un critique select hypothétique avant d’avoir achevé le texte, nous sommes mal barre. Et encore, j’en connais personnellement qui se refusent à toutes comparaisons (en général, ce sont les plus sérieux), ainsi que d’autres très méfiants envers les « reflets de miroir » d’un vieil auteur célèbre. Il suffit de voir le sort qu’on a réservé au petit nouveau venu de Gallimard à cause d’une comparaison avec ce vieux Marcel, justement ! Bref, un roman n’est pas un produit dans un supermarché, on n’y compare rien du tout ; on corrige, on suggère, on se concentre sur son œuvre et non celles des autres.    

J’ai dit un ennemi féroce ? Je rigolais, ‘y en a un deuxième ; la procrastination. Sa cousine. Le mot qui en jette parce que seuls les artistes le connaissent, avec les étudiants. Elle est vicieuse, souvent cachée derrière une bonne excuse, comme la panne d’inspiration ou le manque de temps. Il ne tient qu’à nous de nous lever un quart d’heure plus tôt pour rédiger un paragraphe avant de partir bosser, ou prendre une usb pour le continuer durant la pause café, ou nos feuilles en salle d’étude. Croyez-moi, quand vous serez fou de votre roman, vous trouverez toujours le temps de le finir. La folie, on peut l’inciter à venir. Pour cela, il faut écrire de façon régulière. Mieux vaut se forcer à une demi-page par jour que d’écrire cinq pages d’un coup le week end, au risque de ne plus y être motivé la semaine prochaine. Parfois, on se trompe sur notre propre compte. Persuadé que ça ne nous servirait à rien de nous planter devant Word ou Open Office aujourd’hui. J’ai dû me dire la même chose quand je me suis réveillée et que j’ai ouvert cette page blanche. On ne prévoit pas l’inspiration, mais si on en fait un gentil cabot de Pavlov qui bave des tonnes de créativité rien qu’à la vue du stylo et de la feuille, la procrastination n’aura plus qu’à aller se faire voir ailleurs.

Sinon, essayons de voir quelles sont nos « heures d’inspiration ». Nous en avons tous. Il existe des gens plus diurnes, plus nocturnes, des nymphes du crépuscule et des sirènes de l’aube, à nous de sentir quand les doigts nous démangent, et d’y poser au préalable des papiers et un crayon. Par exemple, si j’arrive plus ou moins à décider quand je dois écrire mes romans, je n’écris ce genre d’essai qu’entre 4h et 7h du matin. Là, il est 6h18. Hé ! Tout le monde ne peut pas être un bon dormeur !

Et enfin, fin.

Conclusion caporalesque : Z’avez compris les minus ? Allez, remuez-moi ces cerveaux, un peu d’exercices tous les jours jusqu’à ce que vous suppliez une aspirine, je veux voir votre clavier surchauffer et vos cartouches d’encre se vider, au boulot ! Arrêtez de vous prendre pour Voltaire ou Casanova, prenez-vous pour Vous, rien que Vous, trouvez le juste milieu entre la grosse tête et la fierté, et ce sera gagné ! Un peu de travail acharné en guise de nappage, une pincée de zèle, des corps-nichons, une moutarde, des petits aux lions, déconfitures et des heures dures ! Et merde, vous m’avez donné faim. Je vais déjeuner. Oups ! J’ai oublié mon traducteur franco-belge : je vais petit-déjeuner. Tchô !

Alors, cela vous inspire d'autres raisons qui font que le projet vous semble sans fin ? Very Happy


Dernière édition par QuillQueen le Mer 18 Fév 2015 - 23:35, édité 2 fois
 
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Invité  /  Invité


Je looooove ce texte!!!

MERCI BEAUCOUP! Ça fait du bien de le lire!
 
Jimpol
   
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   Pensée du jour  :  J'en avais une bonne, pis je l'ai oubliée
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Jimpol  /  Barge de Radetzky


Damn ! Tu décris exactement ce que je ressens en ce moment. Et visiblement je ne suis pas au bout de mes peines... Mais c'est bon de savoir à quoi s'attendre !

Merci pour tes conseils, ça motive à fond !
 
QuillQueen
   
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QuillQueen  /  Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches


cheers Super si ça te motive ! C'est là pour ça ! :bummies:
 
   
    
                         
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