Pas de souci, Pianitza

Il en faut pour tous les goûts, en effet. Je ne condamne pas, je dis juste pourquoi je n'aime pas (tout en reconnaissant de très belles qualités d'écriture !) Et je me reconnais bien dans la réponse de l'éditeur, que tu trouves "marrante". Pourtant, elle m'étonne, parce que la tendance actuelle est d'écrire des choses comme ça, très crues et choquantes, qui "secouent" le lecteur (d'ailleurs, la preuve est que la plupart de ceux qui t'ont lu ont apprécié et ne sont pas choqués). Cet éditeur n'est donc pas du tout dans l'air du temps

Citation :

Je pense qu'il est important de mettre le lecteur face à la réalité du monde.

Là, par contre, je ne te suis pas. Ce genre de psychopathes ne courent pas les rues (heureusement), et franchement, c'est un peu poussé (et trop attendu) d'en faire un orphelin autrefois élevé dans une institution, incompris, solitaire, etc. De là à faire un amalgame et s'imaginer que tous les enfants de l'assistance deviennent des tueurs sadiques^^. Je ne crois pas que ça corresponde tellement à la réalité (par contre, c'est fréquent dans les romans, de Voldemort aux Dragons de Chaghal, si tu connais...)

Merci Fael pour ton commentaire. Heureux de t'avoir secoué

Bon, si tu insistes, je veux bien revenir sur certains détails.
J'ai écrit Nature noire de début Juin à fin Septembre. J'étais chez mes parents pendant tout l'été et je ne voyais presque personne (je n'ai plus d'amis, par là-bas, seulement j'avais besoin de la campagne, parce que la ville... j'en pouvais plus ! )

Ces quatre longs mois se sont résumés à l'écriture, donc, et à rien d'autre.
Mon plus gros souci, et il était majeur, était de rendre le tueur en série tout à fait crédible. Le rendre humain et vivant, pas si éloigné du reste du monde que ça. Je ne voulais surtout pas rentrer dans le délire du tueur un peu débile mental. S'aurait été nul, sans intérêt, et pour le coup s'aurait vraiment fait dans la violence gratuite.

Je voulais qu'il soit intelligent et délicat. Alors j'étais constamment centré sur ses désirs intérieurs les plus tabous. C'était devenu une obsession "Il faut que Jacques ait l'air de quelqu'un de romantique".
Je me rappelle de quelques passages de ma vie, durant cet été, où je me suis sentis très mal par rapport aux autres. J'avais honte de ce que j'écrivais, en même temps que j'y prenais un pieds pas possible, dans mon coin.
Mais l'exercice s'avère douloureux, parce qu'il ne donne plus envie de parler. L'écriture isole un homme, c'est bien connu...
En fait, le fait de réfléchir sur la chair, constamment, c'était assez horrible. Sans vouloir exagérer le trait, quand je voyais des gens, à cette époque, c'était dans leur morphologie et non dans ce qu'ils étaient eux. Parce que je pensais trop à la chair.
Tente l'expérience : parle avec quelqu'un en aillant toujours en tête que ce qui est en face de toi n'est qu'un amas de chairs. Des boyaux contenus dans une sorte d'enveloppe. Non un cerveau.
Je peux t'assurer que c'est très déstabilisant, et encore plus quand tu réalises que toi aussi tu n'es qu'un amas de viande.
Je ne sais pas si je suis compréhensible, c'est difficile à exprimer, mais c'est une sensation très désagréable, qui effraie. Je voulais que Jacques perçoive les êtres qui l'entouraient avec cette froide distance teintée de sentiments.

Bref, je vais pas commencer à me rependre en galimatias

Citation :

Là, par contre, je ne te suis pas. Ce genre de psychopathes ne courent pas les rues (heureusement), et franchement, c'est un peu poussé (et trop attendu) d'en faire un orphelin autrefois élevé dans une institution, incompris, solitaire, etc. De là à faire un amalgame et s'imaginer que tous les enfants de l'assistance deviennent des tueurs sadiques^^. Je ne crois pas que ça corresponde tellement à la réalité (par contre, c'est fréquent dans les romans, de Voldemort aux Dragons de Chaghal, si tu connais...)

Je pense que je me suis mal exprimé
Quand je disais mettre face à la réalité, j'aurais plutôt dû dire : " le mettre devant les faits, sans fioriture, montrer ce qui se passe vraiment (ici dans cette scène de meurtre) ".
Non non, Aha, je ne dis pas que tous les jeunes plantés dans ces institutions là vont devenir des malades Ce serait vraiment une généralisation stupide de ma part ^^

Par contre je ne connais pas du tout les romans que tu as cité.

Dans tous les cas, c'est toujours enrichissant de récolter des avis différents sur la question. On est là pour ça et je ne voulais certainement pas sous-entendre que tu me condamnais Je respecte ta vision des choses, j'aime simplement mettre une touche d'humour dans mes messages, sans vouloir paraître sarcastique

Citation :

Par contre je ne connais pas du tout les romans que tu as cité.

Voldemort n'est pas le titre d'un roman, c'est un personnage, à savoir le psychopathe qui sévit dans la série Harry Potter. On va dire pour simplifier que c'est quelque chose comme un tueur en série... Il est orphelin, a été élevé dans une institution où il a développé peu à peu des dons incroyables mais aussi une misanthropie poussée à l'extrême. Les dragons de Chaghal est un thriller palpitant qui met en scène, entre autres, un tueur en série élevé lui aussi dans un orphelinat... Ce ne sont que deux exemples parmi d'autres (je lis peu de polars et de thrillers, mais je pense que dans ces genres, on peut en trouver pas mal, des tueurs en série au "passé difficile"...)

Intéressante histoire. Ça ne doit pas être évident à vivre tous les jours, c’est certain.
Je ne suis pas étrangère à ce genre de "transes conscientes" qu'on ressent une fois happé dans son propre texte.

Toucher du doigt les pensées profondes de nos personnages (et particulièrement les plus noirs) c'est presque se métamorphoser soi-même. Comme un rêve conscient, le monde se dilate quelques temps, parfois juste quelques secondes, pour se calquer au regard du personnage. Et pour l'avoir vécu aussi à plusieurs reprises, je sais que c'est très perturbant. Obsédant. Et contraignant vis-à-vis des autres.

L’année dernière, j'étais moi aussi partie à la campagne pour me requinquer et renouer un peu avec mon inspiration, et je me suis donc mise en tête d’écrire pendant cette semaine, entre deux travaux de peinture dans la nouvelle maison de ma grand-mère. Mais l’histoire qui m’obsédait chez moi m’avait suivie, et je me suis remise à l’écrire dans ma tête, à la revivre d’une nouvelle manière. Mon personnage principal n’était pas du genre de Jacques mais il voyait le monde d’une manière si triste, morne et unique que ça m’agrippait les entrailles. Les couleurs autour de moi me paraissaient plus ternes, comme si c’était lui qui regardait. Je ne sais pas si c’était le grand air ou quoi, mais tout ce que je ressentais à travers lui semblait décuplé. Parfois même, en me regardant dans le miroir, je me disais : « Merde, j’ai ce visage, c’est vrai… »
C’est troublant.

Vivre ça pendant quatre mois… Je ne sais pas dans quel état j’aurais été à la fin, mais tout ça m’intrigue beaucoup.

Qu'est ce qui t'a donné envie d'écrire à la place d'un tel personnage ? D’où t’es venu l’attrait ?

Tu devrais peut-être essayer de lire Sire Cédric si tu ne connais pas, ça pourrait sans doute te plaire. Il y a pas mal de cinglés dedans


HS : Ca me titille la mémoire depuis tout à l’heure. Qui est l’homme de ton avatar, déjà ?

Pohore a écrit:

Donc pour toi, attacher une gosse à un lit, la peindre avec des débris humains, puis l'euthanasier, c'est pas malsain ?

Tu as lu en diagonale ? C'est pas comme ça que ça se passe je te signale. Les "débris humains", c'est sur la toile qu'il les posent.

Citation :

Je n'ai pas dit que c'était choquant, car dans ma courte vie, j'ai eu l'occasion de vivre quelque chose de très très choquant, contrairement à ce que tu penses.

Je n'ai jamais dit que tu n'avais jamais vécu de choses choquantes ! Faut pas tout mélanger ! Et tu n'es pas le seul.

Molly
Aaaah Voldemort. D'accord
Sinon ça a l'air sympa Les dragons de Chaghal. Je le garde sous le coude

Fael
Intéressant ce que tu as vécu là.
Le fait de s'isoler, face à une feuille, fait ressortir la noirceur qu'on a en soi. En même temps, c'est un bienfait, très nourrissant psychologiquement, qui permet de mieux se connaître (la meilleur des psychothérapies à mon goût...).

Le vivre pendant quatre mois, c'est possible. En fait, depuis, je ne me concentre plus que sur l'écriture. De toute façon je ne sais rien faire d'autre

Après l'histoire de Jacques, c'est venu comme ça. J'avais des choses à dire sur le monde. Je voulais exposer des visions différentes (le livre est avant toute chose un destin croisé entre plusieurs personnages).

Tiens, je ne connais pas Sire cédric. Il a une bonne gueule en tout cas. En plus il jouait dans un groupe de death metal apparement. Cool !

Pour la photo, c'est Coluche

Citation :

tout en m’imaginant les parents de ma future victime en train de pleurer de douleur, meurtris par la haine qui dévorera la rigidité de leurs os.

C'est un pervers ton tueur !

Citation :

La grosse valise à roulette était déjà sur place, cachée derrière les poubelles crasseuses. J’ai minutieusement encastré son corps à l’intérieur en veillant bien à ne pas l’abimer.

Ouah ! D'atrocité en atrocité !

J'ai pas lu la fin car j'ai pas le temps et puis c'est pas tellement mon truc ^^ ! Mais sinon, je suis rassuré que tu sois écrivain au lieu d'être tueur en vrai !

Il faut de tout pour faire un monde, comme dirait l'autre, n'est-ce pas ?

Réponse creuse de la part d'une maison d'édition. Il attendait un enjeu ? Quitte à chercher un enjeu, autant lire jusqu'au bout, ou au moins dépasser cette fameuse scène. Dommage, je viens de débarquer sur le site, je ne sais pas si tu l'as publié sur le forum, mais je suis curieuse de lire cet écrit !

Tu as raison de ne pas accorder d'importance à une réponse aussi courte et sans remarque concrète. Quitte à être lecteur de nouveautés dans une maison d'édition, il faudrait apprécier la lecture et ne pas s'appuyer sur ses goûts personnels... A bon entendeur Hache, je ne vous contacterai point

J'écris beaucoup mais tente aussi de créer des jeux de plateaux, de rôles ou autres.
J'en ai envoyé un à une maison spécialisée. la réponse :

"Votre jeu ne nous intéresse pas"...

Rien d'autre, juste ça. J'ai souri.

@Mary : ils auraient au moins pu mettre un "désolé", un truc comme ça...
C'est vraiment une réponse de vieux sale là

J'ai pas apprécié non plus, sûrement mon état d'esprit sur le moment qui a dû jouer. Mais c'est bien écrit

A Pianitza : "je me dis qu'ils ne nous méritent pas..."

C'est pas qu'ils nous méritent pas. Disons qu'ils pourraient juste être moins dur que ça. Là c'est typiquement le genre de réponse qui pue

Et bien à contrario voici une réponse de Bragelone. Je les ai vivement remerciés !


Bonjour,

Merci pour vos vœux. Je vous souhaite à mon tour tous mes vœux de réussite pour 2013.

Alors, je suis allé voir votre manuscrit à la réception de votre message hier soir. Je pense que vous devriez accepter l'offre de Nord-Avril. En effet, votre ouvrage s'adresse de toute évidence aux plus jeunes et malgré ses qualités évidentes, il y a très peu de chance que nous puissions le retenir. Il a 99% de chance de recevoir une réponse de type "Hors ligne éditoriale" car, toute collection confondue, l'âge moyen de notre lectorat se situe plus près des 15-99 ans que des 11-12 ans ou moins.

Notre collection Jeune Adulte représentée par Castelmore, envisage peut-être un jour de s'étendre vers ce que les Anglais appellent le "Middle-Grade", c'est à dire en dessous de 12/13 ans. Mais ce n'est pas encore d'actualité car la concurrence, si elle est dure en jeune adulte, est infernale pour cette tranche d'âge. De nombreuses collections sont déjà bien installées et il serait très difficile de faire sa place.
Bref, vous, vous avez cette chance, et je crois qu'il serait dommage de, comme vous dites, avec raison, "lâcher la proie pour l'ombre."

En espérant que mes explications vous auront permis de voir plus clair dans votre situation, je souhaite de tout cœur à votre ouvrage de faire un carton. N'hésitez pas à me tenir au courant si vous acceptez l'offre de Nord-Avril que je puisse sortir votre ouvrage de la liste des lectures du comité, et à donner de temps en temps de vos nouvelles.

Bien cordialement,

Bruno Lambert