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| | [½ Nuit du 15 juin] Extraits | |
| | Nombre de messages : 5683 Âge : 41 Localisation : En confinement dans moi-même. Pensée du jour : La solitude est la patrie des forts. Date d'inscription : 23/04/2010 | Orcal / Déesse du foyer à la retraite Ven 15 Juin 2012 - 20:47 | |
| Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant la Demi-Nuit du 15 juin. Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots. Poster un extrait vous engage à commenter ceux des autres.Pour que ce sujet reste lisible, postez vos commentaires par ici. Participants :
Quia scorpio sum Nyjée Leelabai Orcal Pom Red-Scarf |
| | Nombre de messages : 7093 Âge : 42 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012 | Manfred / Pouyoute (© Birdy) Sam 16 Juin 2012 - 0:42 | |
| Je mets ici le passage central du texte sur lequel j'ai bossé cette nuit. J'ai pris un extrait long (498 mots) pour que le contexte soit compréhensible. Pour comprendre l'allusion à "Good Guy Greg", une petite explication ici. Je suis sûre que la plupart d'entre vous verront tout de suite de quelle série télé est inspirée mon histoire. Le personnage principal, Grégory, est un télémarketeur qui démarche les professionnels pour leur vendre des fournitures de bureau.- Spoiler:
Grégory ne savait pas convaincre. Mieux encore : il était incapable d’être indifférent aux réels besoins de ses cibles. Qu’un responsable d’approvisionnement lui dise qu’il n’avait pas besoin de fournitures mais d’une meilleure connexion internet, notre Good Guy Greg lui recommandait illico un FAI testé et approuvé par lui. Après quoi, il était heureux d’avoir aidé quelqu’un, comme il le disait à ses collègues pendant la pause-déjeuner. Est-il utile de préciser que ce genre de satisfaction renforçait sa réputation de pigeon ? Bref, Grégory était un ravi provençal dans un monde de brutes.
Un jour fatidique de novembre, notre paladin du dévouement contre-productif alignait les déconvenues mercantiles plus diligemment qu’à l’accoutumée. Son voisin de box lui adressa un regard de pitié : « Sérieusement, mec, t’es payé à la comm’. Alors essaie de faire quelques ventes, histoire de pas manger des Panzacup jusqu’à la fin de l’année. » Touché par une cette marque de compassion, Grégory se fit la réflexion suivante : si son camarade lui témoignait une telle sollicitude, il se devait de s’en montrer digne. Son fond d’écran lui en était témoin, il devait contracter au moins un client ce jour-là. Les heures suivantes se déroulèrent donc dans la plus fervente conscience professionnelle. Malheureusement, son zèle ne fit pas pour autant éclore un virtuose de la négociation. Après une bonne dizaine d'insuccès auprès de divers rond-de-cuirs blasés, il tomba sur le premier responsable d’approvisionnement chez qui son appel ne sembla susciter ni agacement, ni irritation, ni même une émotion quelconque. La voix était monocorde, traînante et faible. L’homme au bout du fil s’appelait M. Hugues. Le dénommé Hugues écouta le baratin de Grégory sans l’interrompre, puis lâcha très calmement : « Non, je n’ai besoin de rien, merci. — Vous en êtes sûr ? répondit un Grégory dont l’entrain n’avait rien de factice. Parce que nos packs sont à -40% jusqu’à la fin de l’année, et pour cinquante ramettes de cinq cent feuilles, les cinquante suivantes sont à moitié prix ! À des tarifs pareils, tout le monde a besoin de fournitures ! — Pas moi, continua son interlocuteur avec laconisme. — Puis-je savoir pourquoi, monsieur ? » Cette échange étant le plus long et le moins belliqueux qu’il ait eu de la journée, Grégory n’était pas prêt à lâcher son client potentiel. Il sentait monter en lui une profonde empathie pour cet homme au timbre morne et se persuadait qu’il allait ensoleiller la journée de ce brave homme en lui commandant une bonne cargaison de papier. Il entendit M. Hugues soupirer au bout du fil. « Vous voulez savoir pourquoi je n’en ai pas besoin ? débita le responsable comme un automate. — Si ce n’est pas indiscret, cher monsieur. » Il y eut un nouveau soupir, puis une inspiration languissante. « Et bien, reprit la voix de Hugues, si je n’ai pas besoin de packs à -40%, ni de ramettes de papier à moitié prix, c’est parce que j’ai prévu de mettre fin à mes jours aujourd’hui. »
Dernière édition par Quia scorpio sum le Sam 16 Juin 2012 - 1:02, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5683 Âge : 41 Localisation : En confinement dans moi-même. Pensée du jour : La solitude est la patrie des forts. Date d'inscription : 23/04/2010 | Orcal / Déesse du foyer à la retraite Sam 16 Juin 2012 - 0:58 | |
| L'Envol des Cendres, partie III.Näoreen, jeune Grâce dont l'escorte a été décimée, traque ses agresseurs dans la profonde forêt. Elle découvre le camp des Frondeurs, ces brigands habillés de mauve qui ont attaqué la caravane et enlevé ses suivantes ; dans une tente, l'une des adolescentes est sauvagement abusée par trois soudards. Näoreen les tue - puis décide froidement d'affronter les deux cents autres Frondeurs. Elle est rejointe par l'Ombre, mystérieuse créature mi humaine mi animale qui ne prononce pas un mot et s'est attachée à ses pas. Dissimulée sous son long manteau, l'Ombre tue sans effort tous ceux qui s'approchent de la Grâce. Tandis que des archers s'apprêtent à abattre Näoreen et l'Ombre, une bête gigantesque surgit et met en pièce les derniers Frondeurs. - Citation :
Un instant plus tard, le camp était désert. La lumière blafarde du jour hésitant révélait les corps qui jonchaient le sol ; le sang mêlé de boue maculait le sous-bois labouré. Non loin, les chevaux qui n’avaient pas réussi à rompre leur licou ruaient et hennissaient, paniqués. Au centre du carnage, Näoreen se redressa, hypnotisée. Ce qu’elle avait pris pour Cìl se tourna vers elle, les babines rouges de sang. Son garrot surpassait celui du plus grand étalon des écuries royales – mais la silhouette imposante, presque trapue, n’avait pas d’égal dans les Cinq Royaumes. La robe tachetée de gouttes noires luisait faiblement dans le demi-jour, tandis que les muscles roulaient sous la fourrure à chaque pas. Les favoris presque blancs flottaient autour de la mâchoire entrouverte. La bête approchait, et Näoreen ne pouvait détacher ses yeux des rigoles pourpres qui sinuaient le long de la corne frontale. L’excroissance acérée se dressait au-dessus des yeux gris de l’animal, longue comme un avant-bras de guerrier. Sa surface irrégulière et annelée donnait une fausse impression d’ornement inoffensif ; mais à mieux y regarder, le tranchant de la corne semblait pouvoir fendre une bûche. Le sang frais qui en dégouttait attestait de sa récente efficacité. Les pattes larges et couvertes d’une fourrure maculée de sang et de boue se posaient sans bruit sur la terre accidentée, tandis que la bête approchait dans la plus grande tranquillité. Encore quatre foulées – trois – et elle serait sur Näoreen. Deux. Un feulement s’éleva sur la gauche, et détourna l’attention de l’animal géant. L’Ombre, à distance prudente de Näoreen, se dressait sur trois membres, tous crocs dehors et griffes brandies. Toujours au bon moment. Mais cette fois, il est fatigué. Une inquiétude aussi spontanée qu'incongrue serra le cœur de la Grâce. Le manteau ne laissait toujours rien voir de ce corps plus bestial qu’humain, mais elle discernait dans son attitude, ses appuis, les imperceptibles tremblements de ses formidables griffes, et surtout dans son souffle rauque qui tirait à présent sur le râle, que le combat l’avait atteint lui aussi. Peut-être même avait-il été blessé ; tout s’était passé dans la pénombre, et trop vite pour qu’elle ait pu tout observer pendant qu’elle-même défendait sa vie. Quelle ironie. Lui qui avait littéralement survolé le combat et éventré la majorité des Frondeurs qui gisaient sur le sol, tombait nez à nez avec la seule créature au monde qui pût lui tenir tête. Un être aussi redoutable et improbable que lui, tout droit sorti d’un passé légendaire ou d’un rêve d’enfant terrifié. L’ombre contre l’orcal. Quelle nuit peu ordinaire. L’orcal s’était tendu et humait l’air qui émanait de son adversaire ; il semblait perplexe. Un roulement de sons caverneux éclata sous les arbres endormis, aussi grave et profond que le mugissement des chutes du Cysal. Le félin grondait, babines retroussées. L’Ombre se ramassa avec une lenteur calculée. — Bien, bien, bien ! |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 26 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 16 Juin 2012 - 3:56 | |
| Même extrait que celui posté pour le concours d'extrait - pas le choix, je n'ai écrit que ça... Hématomes, chapitre 3. Liliane s’échappe de l’auberge où elle s’était établie, en pleine nuit. Elle veut retrouver une Cilde nocturne, malgré les dangers de son escapade. - Citation :
- Les venelles saisissent tour à tour l’obscurité. La nuit ne s’efface que sous la lueur des cierges, dissimulés derrière des rideaux. Les façades, grises ou noires, s’étirent jusqu’au ciel et attendent que la lune daigne se poser sur leurs toits. Leurs ombres effleurent le sol sans ombre et assombrissent les pavés.
Liliane est dissimulée dans l’obscurité d’une rue, à quelques centaines de mètres de son auberge. Le vent secoue ses cheveux ; ses yeux fixés sur le sol ne bougent pas. Elle ne prête aucune attention ni aux bâtisses délabrées, ni aux taches de sang qui ornent les murs. Quelques fois, son regard glisse sur les façades ; elle fait quelques pas, et sa main s’approche des taudis comme pour s’y agripper.
Sa silhouette est grise comme celle d’un chat.
Puis la jeune fille s’immobilise. Son souffle devient court et heurté, elle s’appuie contre le mur en chancelant. Ses épaules s’affaissent et s’écorchent contre les pierres. Un voile de paupières, posé sur ses yeux, l’empêche de voir la nuit.
La réalité s’effondre. Le corps de l’adolescente claque sur les pavés lorsqu’elle tombe. Affalée sur le sol, Liliane observe stupidement les maisons qui semblent onduler et vibrer sous la lune. Des visages difformes se tordent sur les façades ; certains se détachent, bondissent vers elle puis s’évaporent dans une volée d’étincelles à quelques centimètres de son visage. Chaque fois, elle sursaute.
Mais elle n’a pas même la force de lever la main pour se protéger. Les murs se tordent encore, ils grincent et bondissent, recrachent de la fumée tandis qu’ils se reforment. L’adolescente gémit, des souvenirs défilent devant ses yeux, son corps s’affaisse encore, parcouru de sursauts. La nuit cède sa place au jour, un jour crépusculaire vieux de sept années.
Elle voit sa silhouette de fillette qui marche près des murs, perdue. Elle voudrait lui hurler de faire attention aux murs, qu’ils sont laids et peuvent la dévorer, mais aucun son ne sort de sa gorge. Sa respiration se coupe dans une plainte. Elle ne peut que fixer, inquiète, la Liliane du passé.
Les ombres engloutissent l’enfant, qui disparait de sa vue. La jeune fille glisse dans le présent. Son corps s’active de nouveau, il cherche de l’air, ses mains arrachent l’air pour trouver un point d’appui. Ses yeux scrutent la rue en quête d’un secours, et se posent sur des tuiles-gouttières. Elle ne réfléchit même pas ; elle s’élance à cœur perdu. Ses mains agrippent les creux entre les plaques de métal, ses bras s’élèvent et ses genoux s’écorchent contre le mur. En quelque seconde, elle parvient en haut de la façade et s’effondre sur le toit.
Sa respiration ralentit, ses cheveux et son corps se libèrent. Elle cherche une dernière fois la silhouette de la petite Liliane, puis secoue la tête. Les miettes de son passé se sont évanouies. La jeune fille tremble de froid et de sueur. Elle se lève, saisit un coin du vent, et s’en recouvre comme pour devenir moins vulnérable.
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| | | Invité / Invité Sam 16 Juin 2012 - 4:06 | |
| J'ai fait une nuit décalée, because insomnies... Extrait d' Une rose pour Gaza. Salim évoque la première guerre du golfe, le café du quartier où il a grandi à Jérusalem-Est et ses relations amoureuses avec les trois femmes qu'il a aimées ( Liz, la première, rencontrée en France, Nawal, celle qui a épousée et avec qui il a vécu à Gaza et Sara, une jeune franco israélienne juive. Non, non, ce n'est pas un tombeur ! ). - Citation :
En 1991, lors de la première guerre du golfe, nous n’avions toujours pas de télévision pour assister en direct aux premiers bombardements des alliés sur Bagdad. J’avais découvert ces images, tout droit sorties d’un film de Star Wars, sur l’écran fatigué au fond du café que tenait alors Youssef. La salle était enfumée, je me souviens, au petit matin, juste avant que je ne parte à l’école. Les hommes discutaient, passionnés, énervés aussi sans doute. Et ne prêtaient aucune attention à la bande de gamins qui avaient réussi à s’introduire dans cet endroit d’ordinaire réservé aux adultes. Et interdit aux femmes. Ma mère a été la première de toutes à braver cette ségrégation sexuelle. Pas seule. Elle avait accompagné mon père et s’était installée avec lui à la table de cette petite terrasse au coin de la rue, sous les regards médusés des habitués des lieux. La première intifada battait son plein, les discussions politiques aussi. Partout, dans la rue, les maisons et bien sûr au café. Et elle n’entendait pas en être privée. Mes parents, et ma mère particulièrement, étaient respectés. Personne, pas même Youssef, pourtant très conservateur, n’a osé leur demander de partir. Elle est revenue. Et avec elle, ses voisines, ses amies qui militaient toutes dans ce contexte effervescent. Le café de Youssef a vécu là une petite révolution. Le quartier aussi. Lorsque je racontais l’anecdote en France, je surprenais tout mon auditoire, convaincu que les femmes chez nous étaient cantonnées à la cuisine et ne se mêlaient surtout pas des choses publiques et encore moins politiques. Pourtant, je garde en mémoire ces années où les anciens sur la terrasse voyaient leur territoire peu à peu grignoté par ces militantes en jupons qui avaient elles aussi leur mot à dire et comptaient bien faire valoir leur droit à la parole. Jamil, le fils de Youssef, a entériné la chose en reprenant l’affaire quelques années plus tard. Si le lieu reste exclusivement masculin durant la journée, le soir les jeunes couples ont pris l'habitude de s’y retrouver autour d’un thé ou d’un narguilé. J’y ai amené Sara quelques fois. Blonde, parlant hébreu ou français, elle a attiré les regards, bien sûr. Mais je crois que ma propension à la toucher, à l’embrasser en public, choquait plus que sa présence dans un quartier arabe. Je n’ai jamais pu me défaire de cette habitude occidentale, apprise auprès de ma première petite amie. Nawal a eu beau tenter de me rééduquer, mes mains sont restées baladeuses, toujours à chercher les siennes, à se poser sur sa taille, ses reins. Pourtant, à vingt ans, à l’image de mes parents que je n’ai jamais vus s’embrasser, j’étais timide, pudique dans mes démonstrations affectueuses. Je rougissais quand Liz me sautait au cou pour me voler un baiser fougueux lors de nos retrouvailles. Mais, petit à petit, j’ai appris à montrer mes sentiments et n’ai jamais su faire marche arrière. Nawal rouspétait après moi quand j’oubliais les règles de bienséance, mais au fond, je crois qu’elle aimait cela elle aussi. Son sourire amusé, après un baiser ou une caresse interdite, me l’avouait en silence.
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| | Nombre de messages : 1360 Âge : 45 Date d'inscription : 02/06/2011 | Pomcassis / Tentatrice chauve Sam 16 Juin 2012 - 10:41 | |
| Voici un extrait de ma Nuit, je ne suis pas sûre qu'on comprenne grand chose sans le reste de l'histoire, je vais essayer de placer le contexte : Lauren se rend au portail, proche d'un désert, frontière entre le monde où elle évolue et le "vrai" monde, et gardé par des géants qui lui glacent le sang à chaque fois qu'elle s'en rapproche, parfois même elle manque de s'évanouir. J'ai pas relu le passage, il est donc vraiment brut. - Citation :
Un souffle glacial hérisse ma peau et secoue mon dos de frissons. Mes mains tremblent, et, à quelques mètres de moi, des silhouettes sombres sifflent à mes oreilles. Dans ma poitrine, mes poumons se soulèvent, dans mon ventre, mon estomac hurle. Quelques grains de sable que je respire se collent à ma langue, ils ont un goût de plage et d'océan, de vacances prises il y a dix mille ans. Toutes les blondes qui m'entourent dans leur maillot de bains comme autant d'arc-en-ciel bronzent, le corps huileux sur des serviettes humides, mais leurs yeux ne scintillent pas derrière leur lunette de soleil à la mode. Pas d'Emma en ce temps-là, juste moi, toute petite, encore un bébé. Je tapote d'une pelle un seau plein de sable juste au dessus des vagues qui déferlent sans enthousiasme sous un soleil dilué dans un ciel blanc. Un chapeau ombrage mon visage, et sur mon nez s'étale de la crème solaire. Deux jambes se dressent prêt de moi et s'agenouillent ; deux mains se saisissent du seau et le soulèvent. Je ris : le pâté de sable est magnifique, dense, compact, sombre, il tient enfin debout. A mon rire répond, comme un écho, celui, si familier, si rassurant, de ma mère, à genoux dans le sable, tenant à bout de doigt le seau où se dessine un donjon avec ses meurtrières, ses pierres, et même sa princesse et son roi. Derrière nous, une voix d'homme recouvre celle de la mer. Je ne comprends pas ce qu'il dit, mais le ton est enjôleur, et attend une réponse. Ma mère montre alors l'anneau doré à sa main gauche, penche la tête, faussement désolée, et se débarrasse de l'inopportun. Puis elle m'invite dans ses bras, m'amadouant par la promesse d'un goûter qui vaut tous les châteaux de sable du monde. Mais avant d'arriver sous notre parasol, une ombre, furieuse, s'approche de nous, m'attrape, et crie sur ma mère, l'insulte, « salope », pourquoi a-t-elle parlé avec ce type, là bas, près des vagues, aussitôt qu'il tourne le dos, elle en profite, et il fout un coup de pied dans le parasol, dans le sac de plage, dans la glacière, me tend comme un paquet à ma mère qui me serre tout contre elle, et je la sens qui tremble, son cœur pleure en battements saccadés, et ses doigts frémissent dans mes cheveux, et sa gorge avale ses larmes. Comme j'avale ma peur à présent, alors que j'ouvre les yeux, croyant m'être évanouie face aux géants. J'avançai vers eux, forte d'une colère si bouillante qu'elle avait fondu la glace qui stagnait dans mes veines. Ce souvenir depuis si longtemps oublié donnait des ailes à mon courage et des coups de poing à la terreur que me procurait les gardiens du portail. L'un d'eux tendit un bras vers moi, comme ils le faisaient pour réclamer nos laisser-passer, mais, au lieu de baisser les yeux, je soutins quelque chose sous sa capuche qui ressemblait à un regard, noir, profond. A s'y noyer. Je m'y noyai.
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| | Nombre de messages : 6087 Âge : 35 Localisation : Liège Pensée du jour : La "recherche d'équilibre" sur JE est interrompue, ça manque de mécènes en temps de crise. Date d'inscription : 11/01/2010 | QuillQueen / Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches Sam 16 Juin 2012 - 18:17 | |
| bon, je suis à un passage de "Soudains Surgit le Soldat Sombre", où Enété, héros de l'histoire qui a sauvé Laumée lors de la révolution, apprend par le biais d'un ancien soldat de l'Armée Royale(Emias) toute l'histoire de l'ancienne reine. En particulier, un conflit entre sa famille, et une autre grande famille de la Capitale, autrefois au pouvoir. J'ai coupé comme j'ai pu, je crois que je suis tout juste :s Donc, sous son règne, Laumée fut la reine Naoma Netta, car son nom entier est Naoma Laumée Netta. A la chute du règne, elle a juste gardé "Laumée", c'est donc ainsi qu'Enété la nomme. - Citation :
Il n’a aucune idée des arrangements entre les familles, au-delà des passations de pouvoir et des conquêtes. -Comment ? Laumée a fait l’objet d’un mariage arrangé ? -Exactement. Elle aurait du l’épouser à son dix-huitième anniversaire, je pense. -« Aurait du » ? répète l’ignorant de plus en plus intéressé. Emias se montre plus maussade. -Le pire est à venir. Car, après dix ans d’accalmie, le roi Galud Netta est mort empoisonné. -On soupçonnait les Graze, elle me l’a dit. -Mais les Netta n’ont pas pu le prouver. Alors les tensions sont revenues. Des oncles et tantes de Laumée ont péri, toujours discrètement ou bien avec des sbires accusés à tort, et liés aux Graze. La mère de Laumée est montée sur le trône. Les Graze ont tenté de la discréditer en l‘accusant du meurtre de son mari. Vous imaginez dans quelle atmosphère Laumée a baigné durant son adolescence… -Comment a-t-elle évité son mariage ? Il était déjà conclu. Emias lève la main afin d‘achever vite son histoire, déjà mal à l’aise avant la fin. -Sa mère fut tuée deux ans après son père, et cette fois, nul doute sur la culpabilité des Graze. Elle a pris le trône à dix-sept ans. -Peu avant le mariage. Bande de salauds, grogne Enété. -Son premier ordre fut d’aller tuer tous les Graze. Elle n’a pas cherché à justifier sa décision auprès de l’Armée Royale, mais il paraît qu’elle démontra tout son charisme lors de la réunion secrète tenue avec les hauts-gradés. A l’époque, j’étais à l’armée depuis peu de temps, je n’ai appris ces détails qu’après les faits. Enété a pâli de stupeur. Sa voix sort aussi blanche que sa peau. -Elle les a tous fait tuer ? Même son fiancé ? -Même les enfants. En quelques jours de règne, elle s’est forgé une réputation de dictatrice sanguinaire, bien loin de l’image innocente d’une jeune reine de dix-sept ans. Les Graze n’avaient pas prévu ce revers. Rendez-vous compte… ce que ça a du lui coûter… les partisans des Graze voulurent la faire tomber, la discréditer comme ce fut le cas de sa mère, ils lançaient des discours réclamant justice pour cette grande famille massacrée. Mais elle les a réduit au silence, un par un, sans passer par l’Armée Royale. Sûrement fit-elle appel aux Serpents du Nord, pour plus de discrétion. Quiconque soutenait les Graze ou abordait le sujet de la tuerie, mettait sa vie en danger. C’est ainsi que la reine Naoma Netta a clos les vengeances mutuelles des familles de pouvoir. Et créer une atmosphère de « tuer ou être tué ». Tous les autres grands noms de la Capitale sont retournés vers elle. Enété demeure effaré, même si doucement, son visage redevient de marbre. -Vous lui en voulez ? Il ne sait quoi en penser. Lui qui a l’esprit torturé par la jeune Dougler orpheline réclamant justice. Que dire de Laumée, qui a décimé une famille entière, des vieillards aux bébés. Mais à côté des meurtres de ses proches… l’enlèvement d’Aeliga est une maigre malchance.
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