Si j'ai bien compris, cette partie du forum me permet de poser une question sans crainte d'être considéré comme un abruti (ouf!).

Donc voilà ma question, naïve peut-être, inutile certainement pas!

Comme je l'ai expliqué dans ma présentation, j'éprouve le besoin d'écrire et d'essayer de retranscrire par les mots ce que j'imagine (comme la plupart des personnes inscrites sur ce forum, je suppose). Cependant, j'ai suivi un cursus scolaire scientifique et je n'ai jamais été un grand lecteur, bien que j'aime lire (je ne prends simplement pas le temps). Malgré ma volonté et ma motivation, je me heurte à certaines limites de vocabulaire, d'idées quant à la construction de mes phrases ou de mes descriptions etc. La question que je me pose donc est la suivante:

Est-ce que la lecture intensive et massive de livres va me permettre de pallier ce problème de blocage ou bien l'entrainement et la persévérance sont les clés de la réussite?

J'entends venir, avec leurs gros sabots les esprits malveillants, qui vont me dire que je n'ai peut-être pas les dons nécessaires pour écrire et que je peux passer mon chemin et aller écrire des équations différentielles dans mon coin... A ceux-là je réponds: Les mots sont accessibles à tout le monde, alors la motivation d'écrire n'est-elle pas suffisante comme point de départ?

Merci d'avance.

Furio.

Déjà, on est un bon nombre dans le coin à avoir un cursus scientifique (je suis en école d'ingénieur, pour ma part, et je ne suis pas le seul), donc ne te préoccupe pas de cela ^^

Ensuite, cela marchera peut-être différemment toi, mais beaucoup conseillent effectivement de lire beaucoup, et de tout. Mais ne te force pas à lire ce qui ne t'intéresse pas, ça ne te profitera en rien!

Je sais que pour moi, mon temps passé à écrire a augmenté parallèlement à celui consacré à la lecture. Mais je suis un gros lecteur, donc à toi de voir...

Je te donne mon avis, afin que tu puisses appuyer ton jugement et, qui sait sinon toi, ta décision concernant l'écriture, sur des extrêmes.
Je n'ai fréquenté l'école que peu de temps; celui de ne pas y avoir appris à lire et à écrire. Il m'aura fallu attendre l'âge adulte pour découvrir, avec une joie sans limite, les contes d'Andersen. Après avoir refermé le livre de ces contes, je me suis immédiatement attelé à l'écriture. Une faute par mot, des phrases sans aucun sens, des textes de dix à douze lignes qu'une journée ne me suffisait pas à écrire.
Mais j'ai persévéré, pendant vingt ans, sans jamais faiblir ni demander le moindre avis. J'ai lu, beaucoup, de tout : des bandes dessinées, des Schtroumps de Peyo aux oeuvres de Moébius; des romans policier, de Paul Kenny au dernier Vargas; de la SF et de l'anticipation, merci à Asimov, Dick, Lovecraft, Van Voght, etc, etc; des auteurs classiques, poètes ou pas; des philosophes, qu'il s'agisse de Pascal ou de Kant, dont les pensées me firent longtemps l'effet d'un mur si haut qu'il ne pouvait être franchi par la petitesse de ma capacité de compréhension; des traités de sociologie, de psychologie et même des thèses de médecine qui, pour le coup, ne m'offrirent que la triste sensation d'être le maître de l'inculture; des auteurs de Fantasy, de thrillers et de contes fantastiques m'ont redonné espoir et, pour finir, de brillantissimes oeuvres ayant pour sujet l'art, quelque soit sa forme, sont parvenus à élargir mon panel de perceptions des formes diverses que le mot "beauté" peut contenir, jusqu'à m'en faire pleurer d'admiration. Et je n'ai jamais cessé d'écrire.
Aujourd'hui, je ne tire aucune fièrté de ces milliers de pages que j'ai su absorber comme la plus onctueuse des liqueurs. Aujourd'hui, je ne me considère toujours pas comme sorti d'affaire - mon apprentissage littéraire n'en est qu'à ses balbutiements -. Mais aujourd'hui et grâce à tous ces auteurs, connus ou inconnus, je peux présenter mes écrits, sans honte, sur des forums où des personnes, bien plus cultivées et intelligentes que je ne le serai jamais, parviennent à illuminer ma soif de découvrir et d'apprendre, et peuvent juger de ce que je suis en mesure de réaliser, en faisant des efforts de concentration sur chaque mot que je pose sur le clavier de mon ordinateur. Même quelques maisons d'édition et magazines - et je te livre ici un secret qui n'en est plus vraiment un - me font vivre en me rémunérant sur mes lectures et mes corrections, voire sur ma capacité à modifier certains passages d'auteurs un peu pressés d'achever leurs livres. La consécration sera, pour moi, la possibilité de trouver un lectorat le plus large qui soit, et qui saura apprécier mon livre, dont la diffusion ne sera rendue nationale qu'à l'unique condition que les premières centaines d'exemplaires imprimés se vendent en moins d'un mois.
La patience et la motivation peuvent prendre de court le manque de talent. La peur d'être mauvais ne doit pas être un frein. Le ridicule ne tue pas. Alors écris !

"L" a très bien décrit le long cheminement que doit parfois effectuer un écrivain avant d'être en mesure d'écrire un chef-d'œuvre.

Certains seront de purs génies pondant un nouveau "Seigneur des Anneaux" a à peine 17 ans, d'autres mettront plus de temps, ne publiant parfois même leurs oeuvres qu'à plus de 50 ans... Certains diront que c'est injuste, mais ceux qui connaissent la gloire trop tôt et sans effort sont souvent ceux qui tournent mal le plus vite alors que ceux qui auront galèré des années durant sauront faire preuve d'humilité et profiter pleinement de cette magnifique sensation du travail bien accompli.

Je ne m'estime pas personnellement comme un gros lecteur. Ma bibliothèque est remplie d'1/3 de livres que j'ai lus, 1/3 de livres non terminés, et enfin 1/3 de non commencés. Ceci étant dit... j'ai une très grosse bibliothèque ^_^'

Je n'estime pas non plus avoir un vocabulaire plus riche que la moyenne. Mon métier de journaliste dans les collectivités territoriales se limite au langage institutionnel, donc pas de fioriture, pas de mot compliqué : je dois être compréhensible par tous. C'est frustrant souvent mais ça reste un bon exercice.

Pour finir, je te dirais simplement que ce qui compte avant tout, c'est le plaisir. Si tu aimes passer du temps à créer des histoires et les coucher sur du papier, c'est l'essentiel. Continues de lire, non seulement pour enrichir ton vocabulaire mais aussi pour découvrir ce qui se fait déjà. Et n'hésite pas à revenir sur tes textes, avec de nouveaux mots, de nouvelles idées, de nouveaux styles. Toute histoire commence par se construire avec des mots et des idées toutes simples, balancés en vrac sur la feuille, puis toute la patience de l'écrivain sera ensuite de leur donner une forme de plus en plus complexe, jusqu'à obtenir l'oeuvre recherché, comme une sculpture en argile sera d'abord sommaire, puis après maints manipulations gagnera en détails et beauté. Et ça peut-être très long. Mais le temps n'a pas d'importance, seul le résultat compte.

C'est très enrichissant ce que vous dites là... ça rassure, c'est vrai que écrivain est un travail de très, très longue haleine.

Furio a écrit:

Est-ce que la lecture intensive et massive de livres va me permettre de pallier ce problème de blocage ou bien l'entrainement et la persévérance sont les clés de la réussite?

En ce qui me concerne, et je me permet d'apporter mon humble avis parce que mon cas est différent, j'ai lu... comment dire... énormément est un mot faible. J'ai lu beaucoup, c'est sûr, laissant de côté jusqu'à ma vie sociale, et ce pendant deux ans, voire trois. Je lisais à raison d'un livre par semaine environ, et je touchais à tout. Alors qu'avant je n'avais jamais touché à un seul livre, et que je détestais lire. Ce fut une révélation. Après seulement je me suis mis à écrire un peu, et tout est venu facilement. Trop facilement. J'écrivais pour mon plaisir, c'était une sorte de défouloir... mais le tout amené devant un jury mature et adulte ne faisait pas le poids, j'en ai bien conscience... Mais en ce qui me concerne encore une fois, les livres ont changé ma vie, et je pense que lire énormément est indispensable. Pour la forme, les mots, le style. Mais ça ne sera en aucun cas suffisant, j'en fait les frais aujourd'hui, parce qu'un fond, des idées, une structure sont essentiels au bon fonctionnement ne serait-ce que d'une nouvelle. Solution? Analyser le fonctionnement de romans divers, et demander des avis à des gens matures en matière de Littérature. C'est un peu pour ça que tu es là je pense... Mais, selon moins, pour ce qui est du fond, il y a un travail d'analyse à effectuer avant d'écrire. Si ton problème c'est la forme, lit énormément et écrit énormément, tu prends une feuille blanche, tu fermes les yeux, et tu écris, même n'importe quoi, au gré de ton inspiration, et si tu es bien imprégné du livre que tu lis en ce moment, ça se sentira dans ton écrit. Mais pour être bien imprégné par son livre, il ne faut pas avoir peur de lire des heures et des heures sans s'arrêter. Maintenant, si tu n'aimes pas ça, soit tu ne choisis pas les bon bouquins, soit c'est un autre travail qu'il faudra que tu effectues, un travail moins instinctif, plus académique, c'est à dire chercher des mots intéressants dans le dico, surtout dans les dicos analogiques, de synonymes, les noter, les retenir, les reformuler dans des phrases que tu devras travailler une centaine de fois. Maintenant, tu peux tout faire à la fois! ^^ C'est pour ça que je t'ai exposé mon cas: tu as mnt deux extrémes: Le flemmard, c'est moi, et le bosseur dur, c'est L. ;-) Donc essais de trouver ton juste milieu, fais comme tu le sens, et comme tu aimes surtout. Et bon courage. :-)

Dans les solutions alternatives, tu as le dictionnaire des synonymes qui peut être d'une grande utilité.

Tout d'abord, merci infiniment pour vos précieux conseils. Je retiens que même si la lecture intensive ne va pas faire de moi un auteur de génie, elle va tout de même grandement m'aider dans mon projet d'écriture.

Merci à toi L pour ton témoignage très intéressant, qui montre bien qu'avec de la volonté on peut partir de rien pour arriver à (si ce n'est au sommet) untrès bon niveau. Bon courage, j'irai lire tes œuvres!

Paul.Art.Bear a écrit:

"L" a très bien décrit le long cheminement que doit parfois effectuer un écrivain avant d'être en mesure d'écrire un chef-d'œuvre.

Je tiens à préciser que mon but n'est en aucun cas de devenir auteur à succès, je vais me contenter de devenir un modeste amateur de littérature qui écrit pour son plaisir et sa propre satisfaction ! Merci pour ton commentaire très pertinent.

Il est certain que je vais devoir accroitre ma consommation de livre qui est assez basse (pour ne pas dire inexistante...). J'ai déjà comme objectif de finir les nouvelles sur le mythe de Cthulhu et puis passer à un autre genre pour varier les plaisirs, quelques bons polars pour les ambiances, par exemple ...

Quoiqu'il en soit, j'ai entamé l'écriture d'une (brève) nouvelle que je mettrai en ligne sur le forum dans peu de temps pour recevoir mes premières critiques et évaluer l'étendu des dégâts!

Bon,"Furio" avait quelque peu satisfait sa curiosité à propos d'une question qui le préoccupait,maintenant c'est à mon tour de poser une question.
A propos de lecture,est-ce que celle-ci doit être dirigée,ou vaudrait mieux laisser libre cours à son choix de livres?? Et qu'elles sont les thèmes qu'on doit choisir si notre but consiste à amplifier notre champ culturel??Merci d'avance pour votre attention!!

Que lire ? C'est peut-être la question la plus basique d'un écrivain. Que lire ? Hé bien, il est certain qu'il faut d'abord se demander quel genre d'écrivain l'ont veut être. Dis moi qui tu lis, je te dirais qui tu es, dis moi qui tu veux être, je te dirais ce qu'il vaut mieux lire. Permet moi donc, âme perdu qui passe en ces lieux de t'offrir une réponse:
à un écrivain, milles livres, mais jamais les mêmes. Les livres qui t'offriront de l'énergie, énergie que tu pourras par la suite retransmettre dans tes écrits, sont légions. Il est évident que le dernier livre de loana ne t'apportera rien en terme d'écriture. Mais après ? Pour moi, qui suis peu tourné vers la littérature contemporaine, je répondrais vivement Dante, Rimbaud, Baudelaire, Vigny, le roman noir et le romantisme ou les surréalistes. Mais après tout, ce ne sont là que les tribulations par lesquelles je passe. Aussi, je te dirais simplement de réfléchir à ce que tu veux être en tant qu'écrivain. Pourquoi écrire, qu'écrire, comment l'écrire, et à ces questions, la réponse t'apportera milles livres à lire.

Gamin, j'ai écrit une nouvelle sur une famille de pionniers. Encensé, le regard brillant des adultes finît de me persuader que je serais un jour écrivain.

Alors j'ai lu. Je ne sais pas combien de livres j'ai pu lire. Des centaines, au moins. De tout, de Marc Levy à James Joyce en passant par Shi Nai'an. Sous le poids des livres, mes bibliothèques se déforment. Mes amis venaient chez moi comme à la bibliothèque municipale. Sporadiquement, des tentatives d'écriture s'imposèrent. Mais d'une nullité, un vide abyssal ! Trente ans plus tard, il ne reste que quelques écrits vains. Frustration immense, ça bouillonne, je voudrais être Ellroy pour pisser aussi loin que lui mais je me mouille encore et toujours les pompes. Trente ans que ça veut pas sortir correctement.

Alors depuis une bonne année je ne lis presque plus. Toutes ces belles phrases sont comme des gifles. Elles me font du mal, me rappelle constamment ma propre médiocrité. J'ai pleuré de stupeur cet hiver en lisant Chemin de Poussière Rouge. Je ne me suis jamais senti aussi laid.


Amitiés.